samedi, 28 mars 2009
De la nudité des acteurs
Dissertation du samedi : Quand un comédien est nu sur la scène, à qui appartient le sexe qu'on voit ? Au comédien ou au personnage ?
11:22 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : théâtre, nudité des acteurs |
Commentaires
Plan en 3 parties :
I. Au comédien
II. Au personnage.
III. Au metteur en scène.
Conclusion : si le comédien est nu, c'est tout de même l'auteur qui l'a dans le cul.
(Oups, pardon.)
Écrit par : Pascal Adam | samedi, 28 mars 2009
Tiens le printemps revient en effet, même Solko se met à parler fesse...
J'aime bien votre sujet de disserte. Je ne sais s'il faut répondre. On dirait une disserte rhétorique non?
Disons, cela doit dépendre - ah le relativisme et ses joies - s'il s'agit d'une pièce de théâtre ou d'un divertissement pornographique... Il n'y a qu'une machine pour prendre la mesure de l'un plutôt que l'autre: l'âme, une jolie boîte à musique qu'il faut nourrir de fréquents tours de manivelles, et qui capricieusement se met à chanter. Sa mécanique est extrêmement sensible, des peuples entiers de fins horlogers se sont penchés sur elle avec tendresse et désespoir...
Nous n'en savons toujours rien. Dieu merci.
Très bon samedi, et bon courage pour votre labeur ingrat de correction. Je vous souhaite de trouver la consolation d'une vraie pensée, dans le flot de verbeuses copies trop peu nourries...
Tanguy
Écrit par : tanguy | samedi, 28 mars 2009
Autre plan :
1 - Le sexe qu'on voit n'est pas un vrai sexe
2 - C'est la représentation des désirs pulsionnels de fusion érotique de l'auteur
3 - En fait, c'est la manifestation des obsessions de la metteuse en scène.
Conclusion : si elle allait se faire ... au lieu de mettre en scène Hamlet ?
Écrit par : Porky | samedi, 28 mars 2009
Au spectateur.
Écrit par : Chr. Borhen | samedi, 28 mars 2009
J'espère que vous n'êtes pas retourné au théâtre nous préparer un 2e sujet de dissertation. Faudrait pas y prendre goût, quand même.
Je suis assez intriguée par ce que vous rapportez, qui semble, en même temps qu'insupportable (espace physique et sonore saturé), avoir tenu les spectateurs pendant quatre heures.
Dans la vie, l'inter-relation fait que chacun se montre poli, se surveille et vérifie que le regard de l'autre plonge bien dans le sien, à la recherche de l'homo sapiens. Gare à celui dont le regard descend vers le corps et le considère.
Au théâtre, au contraire, l'homme se perçoit comme corps.
POUR VOIR LES ANIMAUX JE VAIS AU ZOO,
POUR VOIR L'HOMME JE VAIS AU THEATRE.
L'acteur, le bon acteur, accepte d'être regardé... par un spectateur voyeur qui veut voir sans être vu, surtout depuis qu'on éteint la salle, ce qui est tout récent.
Le spectateur va tout regarder, le déhanchement de l'actrice quand elle marche, ses formes sous la robe, son cul, ses seins qui ondulent. De l'acteur, ses mollets, son dos, son sexe qui enfle le pantalon.
Et le bon acteur accepte, pour que le spectateur voie mieux, qu'on l'éclaire en braquant sur lui les projecteurs. Et plus encore, noblesse du théâtre, le bon acteur accepte que le spectateur n'en soit pas honteux.
L'acteur sculpte en direct son corps, superposant des milliers de figures. Il arrête certaines postures pour que le spectateur puisse considérer tranquillement, de la même façon qu'il considère une statue, toute la dramatique accumulée dans un mouvement.
Oui je vais au théâtre pour voir l'homme, mais la pudeur, au service de l'esprit moral, fait du théâtre un art littéraire, LIEU DE VERBE.
Et quand les acteurs oublient trop longtemps que le spectateur, d'instinct, vient pour voir comment l'homme est fait, comment il vit, comment il bouge, le théâtre se dégrade au point que vient le moment où toute pudeur disparaissant, le corps explose. C'est une période où, dans les spectacles, le corps est mis en avant, omniprésent, dénudé.
Le texte disparaît. Même s' il est toujours là.
Ne nous y trompons pas, le grand acteur sait, d'instinct, qu'il doit être de CHAIR. Il doit offrir son corps au moment même où il dit le texte le plus éloigné apparemment de l'exaltation de la chair. Il n'oublie jamais que le spectateur est un anthropophage, venu au théâtre pour réveiller les racines les plus préhistoriques de son espèce.
Dans le Hamlet qui sévit en ce moment au théâtre des Célestins, ce qui ne peut pas advenir, c'est que je sois halluciné(e) de voir en même temps l'acteur et le personnage, halluciné(e) que la peau de l'acteur sente les brouillards du Danemark de façon si forte. Je ne peux pas éprouver concrètement dans son corps le granit humide des pierres de la forteresse. Cette peau n'est pas mouillée des embruns de la mer du Nord, une mer du Nord imaginaire renvoyant à des châteaux en Ecosse et à d'autres sensations.
Je ne le peux pas car le corps de l'acteur trop exposé, explose et il n'y a plus rien, ni l'acteur, ni Hamlet, ni la chaleur de mon corps dans le fauteuil rouge du théâtre, ni le plancher de la scène qui ploie à chaque pas de l'acteur.
L'acteur n'a plus de sexe parce qu'il n'a plus de corps ; il a perdu tout crédit ; c'est, vous l'avez dit, un pantin. "Pauvre, pauvre Catalifo". Car c'est d'autant plus dur que l'acteur est connu.
postscriptum : pour faire ma disserte, j'ai tusté dans un essai d'Alain Simon "acteurs spectateurs", Actes Sud-Papiers 1989.
Écrit par : michèle pambrun | samedi, 28 mars 2009
@ Pascal :
Vous avez raison, c'est l'auteur qui l'a dans le cul, car c'est son texte qui n'est plus ni mis en scène ni interprété. Sensation curieuse de rapt inutile. Votre plan, camarade Pascal est tout à fait judicieux.
Écrit par : solko | samedi, 28 mars 2009
@ Tanguy : On parlait, bien sûr, d'un comédien, d'une pièce - d'Hamlet en l'occurence.
Écrit par : solko | samedi, 28 mars 2009
@ Porky :
Ceci n'est pas un sexe
Ceci n'est pas une pipe
Ceci n'est pas une dissertation...
Écrit par : solko | samedi, 28 mars 2009
@ Christophe : Et donc, l'auteur l'a bel et bien, comme dit Pascal, dans le c...
Écrit par : solko | samedi, 28 mars 2009
Mais en vrai, d'où elle sort cette photo?
Écrit par : Sophie L.L | samedi, 28 mars 2009
@ Michèle : Le public tient 4 heures parce que le texte de Shakespeare reste le texte de Shakespeare. On passe d'une scène à l'autre comme d'un clip à l'autre, chaque passage d'une scène à l'autre étant ponctué par cette bande son de hard rock. Il y a des trouvailles visuels pour chaque scène, un fossoyeur en robe de prostituée, des marionnettes pour la pantomime, etc... Cela finit par ressembler à une succession de sketchs. Mais de lecture globale de la pièce, de mise en scène, que nenni, point n'y a : c'est pourquoi je me permets de parler de contrefaçon.
Quant à la nudité, d'abord d'Ophélie puis d'Hamlet, je soulevais le problème parce que si les vêtements que les comédiens retirent appartiennent au personnage et participent de la fiction, leur sexe reste à eux. C'est le sexe de Catalifo qu'on voit, pas celui d'Hamlet. Ou alors, il faudrait le théâtraliser, le peindre en vert, en bleu... Voyez ? Car si la voix de Catalifo, le visage de Catalifo peuvent "jouer" Hamlet, son sexe, c'est une autre histoire. Voilà pourquoi, du point de vue de la mise en scène, de la création théâtrale, ce qui jusque alors était une contrefaçon devient une imposture. Qu'il y ait dans la salle des gens pour aimer, ça, c'est une autre histoire...
Écrit par : solko | samedi, 28 mars 2009
@ Sophie : Spencer Tunick, théâtre de Bruges, 7 mai 2005
Écrit par : solko | samedi, 28 mars 2009
@Solko : Justement, les gens qui aiment le théâtre ne peuvent pas aimer ça. On ne va pas au théâtre pour le texte seul, sinon on le lit ; on va au théâtre pour voir le texte s'incarner. Et le corps des acteurs (je sais que j'ai devant moi un acteur, et en même temps je vois le personnage) ne peut être regardé que si la pudeur l'enveloppe.
On est bien d'accord. Je le précise parce que la dernière phrase de votre réponse me fait craindre de n'avoir pas été claire et donc pas comprise.
Écrit par : michèle pambrun | samedi, 28 mars 2009
@ Michèle : Je vous avais bien comprise. Mais c'est vrai que les gens restent et que beaucoup aiment, apparemment. C'est un peu le même phénomène à l'opéra, dans certaines mises en scènes qui s'ingénient à contredire l'oeuvre. Il y a un public pour ça, aussi bizarre que cela puisse paraître.
Bonne soirée à vous.
Écrit par : solko | dimanche, 29 mars 2009
Merci Solko et bon dimanche à vous. Que j'espère pas trop chargé de copies. Sauf à se dire qu'un métier est un sacerdoce auquel il faut consacrer sa vie, il est difficile à ceux qui y sont extérieurs de mesurer la pénibilité aujourd'hui, du métier d'enseignant (je n'entre pas dans ses multiples catégories) et la nécessité qu'il y aurait, comme pour d'autres métiers, à en instituer la pension à taux plein dès l'âge de 40 ans. On peut toujours rêver.
Écrit par : michèle pambrun | dimanche, 29 mars 2009
Les commentaires sont fermés.