lundi, 26 janvier 2009
Polycarpe, au fond de la rue
La construction de l'église a débuté en 1655. Michel Perrache, le père de l'ingénieur qui repoussa le confluent d'Ainay à La Mulatière et donna son nom à la gare, en sculpta le maître-autel ainsi que différentes statues. Un siècle plus tard, à partir de 1756, Loyer, un élève de Soufflot, allongea la nef et réalisa cette haute façade qu'on voit au fond de la rue, avec ses quatre pilastres corinthiens, son fronton triangulaire, et sa très belle porte Louis XV. Les éclats dans la pierre qu'on remarque dans la partie supérieure du bâtiment sont un souvenir des canonnades révolutionnaires de 1793 par les armées de la Convention, qui souhaita effacer le nom des Lyonnais des provinces de France. Bonne fête à tous les Polycarpe, puisque l'évêque de Smyrne par qui le christianisme a pénétré en Gaule se fête à Lyon non pas le 23 février, mais aujourd'hui, 26 janvier. Les deux fondateurs de l'église de Lyon, d'abord Pothin, puis surtout Irénée, avaient été envoyés de Smyrne par Polycarpe, disciple immédiat de Saint-Jean. De nombreux textes anciens relatent cet épisode, ici mythique : Voici la traduction d'un extrait de la Passion d'Irénée (Anonyme, VIème siècle), contenant un éloge de Polycarpe :
« Alors que le bienheureux Polycarpe vivait ainsi en ce monde, il apprit que le très cruel meurtrier Marc-Aurèle souhaitait effacer des provinces des Gaules le nom des chrétiens et que saint Pothin, évêque et martyr de l'Eglise de Lyon, avait été fait prisonnier avec les siens : tous ceux qui furent considérés comme chrétiens furent torturés dans divers supplices : par la palme d'un martyre triomphal, ils rendirent leurs précieuses âmes au ciel et le Christ reçut avec la blanche troupe des cieux ses saints dans le bonheur. Ils furent martyrisés le 2 juin. Saint Polycarpe fit partir de son entourage saint Irénée, rempli de foi, de grâce et d'Esprit Saint, élevé à l'honneur de la prêtrise : il l'envoya sous la conduite d'un ange vers la bienheureuse ville de Lyon pour réconforter de nouveau les chrétiens qui se cachaient en ce lieu depuis quelque temps, et pour rassembler, par sa prédication, dans le troupeau du Christ, la foule des gentils qui étaient dans les ténèbres. Saint Irénée part avec le diacre Zacharie et deux clercs pour compagnons et il entre dans la très noble ville de Lyon. Par ses vertus, par les prodiges, les miracles et les prédications que Dieu très grand faisait par son intermédiaire, la cité plaça sa foi très rapidement tout entière dans le Christ. »
22:25 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : saint-polycarpe, christianisme, saint-pothin |
Commentaires
Bonne fête donc à tous les Polycarpes (les éclats dans la pierre sont impressionnants)Bonne journée (le sens giratoire sur la maison devant est vraiment horrible. Dans cinquante ans les sens giratoires apparaitront-ils désuets et charmants à nos descendants?)
Écrit par : Sophie L.L | lundi, 26 janvier 2009
Voilà un billet bien interessant... Je ne savais pas tout ça ... Et je ne comprends pas pourquoi cette église est si peu visible, si encastrée, comme si on lui avait rogné son espace vital. Sa pierre est belle, on aimerait pouvoir l'admirer de loin, c'est impossible. Comme si on avait voulu la cacher.
Et juste à côté de l'église (Sorry, ce n'est que la petite histoire), On sort de l'évangile. Car jouxtant l'église, il y a un endroit qui s'appelle "Le tripot" reste à savoir si la patronne s'appelle Marie-Madeleine... (Et nous interroger peut être, si ce n'est pas qu'un prénom d'evêque, sur le féminin du prénom Polycarpe...). Le tout dans le désordre. Merci pour la vraie grande Histoire. Bonne journée.
Écrit par : frasby | lundi, 26 janvier 2009
Dire que c'est là où j'ai fait mes diverses communions... L'église, elle, n'a pas changé depuis le temps...
Écrit par : Porky | lundi, 26 janvier 2009
Je passe devant tous les matins, et je suis d'accord, elle est vraiment étonnante. Sa façade est surdimensionnée par rapport au bâtiment lui-même; et elle est surplombée par une jolie terrasse que je jalouse (à voir en passant par le passage Thiaffait)!! elle a le charme d'une petite église de campagne, parfois colonisée par les pigeons qui sont les seuls à l'avoir trouvée, en plus des habitants du quartier. C'est vrai, elle est invisible. Son architecture semblait la destiner à davantage de respiration, et pourtant non, elle est bien là, alignée sur les immeubles de la rue ou presque, docile.
Et puis il y a le boyau qui la longe à gauche (juste avant le tripot, justement), clôt par une porte métallique disgracieuse, et qui stimule ma curiosité... ce qui toujours me ramène en état de grâce !
Écrit par : Thomas P | lundi, 26 janvier 2009
L'église était là avant les immeubles : il est donc fort probable qu'il y ait eu en effet une volonté de "lui rogner son espace vital" (belle expression de Frasby), d'où l'effet de façade surdimensionnée (juste remarque de Thomas P) : oui, les bâtiments, comme les hommes, ont besoin de leur espace vital. C'est d'ailleurs ce qui fait la beauté de Paris, je songe tout à coup au fait qu'aux bâtiments nationaux, on a veillé à la leur laisser. Beaucoup d'églises lyonnaises sont, en effet, cachées (songeons, déjà, à Saint Nizier.) Et vous avez raison de dire, Thomas, qu'on voir son toit. Cela ferait même une jolie photo, non, dame Frasby qui souvent errez, votre appareil en bandoulière, sur lespentes de Condate la Rousse. Mais ce n'est qu'une espèce de suggestion, rien de +. Je retournerai la voir de près. Merci à tous de vos commentaires qui font toujours plaisir
Aujourd'hui, c'était aussi la saint Paule, plus facile à trouver, des Paule, que des Polycarpe...
Écrit par : solko | lundi, 26 janvier 2009
Polycarpe c'est rare mais c'est charmant. Dans une prochaine vie si j'ai des triplés je les appellerais volontiers -si le père était d'accord bien sûr, ça va sans dire! ,-, Polycarpe, Polichinelle, Polyvalent. "A table! Polycarpe, Polichinelle! Polyvalent! A table, j'ai dit! Un oui qui soit un oui!" Ah quels enfants désobéissants, quels enfants mal... polis!
Écrit par : Sophie L.L | lundi, 26 janvier 2009
vivent les familles polysémiques !!
quelqu'un a pu voir, ici, ce qu'il y avait derrière la porte métallique ? c'est intenable ce suspens, à a fin...
Écrit par : Thomas P | lundi, 26 janvier 2009
@ Sophie : Que des triplés ? Et pourquoi pas des triplettes ?
Polissonne, Politique, Polyclinique ...
Écrit par : solko | lundi, 26 janvier 2009
@ Thomas : Pourquoi pas la sacristie ?
Écrit par : solko | lundi, 26 janvier 2009
C'est quoi, Solko, la Passion d'Irénée ? ça a quelle forme ?
Écrit par : Pascal Adam | mardi, 27 janvier 2009
il faut aller voir !!!
Écrit par : Thomas P | mardi, 27 janvier 2009
"Passio sancti Hereni episcopi". On le trouve dans une recueil de Passions titré "Les martyrs d'Aurélien en Bourgogne" (manuscrit du IXème ou dixième siècle, issu de l'abbaye de Farfa en Italie du Sud) . Le récit du martyre d'Irénée date du VIème. J'ai découvert l'extrait en un volume chez La Maison de l'Orient, ("Lyon dans les textes grecs et latins") publié par Gérard Lucas et JC Decourt en 1993. D'ailleurs il y a de nombreux autres récits des persécutions des chrétiens de Lugdunum dans ce volume.
Écrit par : solko | mardi, 27 janvier 2009
triplés triplettes je suis pour l'église mixte: Polycarpette, polymorphe,et polypathéticien. Vous ne pensez pas si bien dire, Sire Solko, des photos de l'édifice St Polycarpe j'en ai de quoi monter un grand magasin "le poly-polycarp's shop"qu'on construirait juste devant l'église à côté du "tripot" (au point où on en est vu ce qu'on la voit! (genre une tour en verre de 30 étages, ça vous dit, avec polyparkings, polymcdo, polyfnac, tout un monde pour Alceste) . sans rire j'ai failli en poster une à deux jours de ce billet, en fait un problème de flou pas artistique m'en a empêchée et ça aurait fait une bien belle seconde coïncidence avec polyDescartes. Par contre, le toît, je ne l'ai pas, belle idée, je note la suggestion pour une prochaine ballade. Sur l'histoire des églises cachées par des bâtiments plus récents, il me semble que Lyon a connu un maire particulièrement anticlérical, qui se réjouissait d'autoriser des construction qui cacheraient tout ce qui pouvait rappeler de près ou de loin "les curés", je suis floue parce que j'ai entendu ça quand j'étais enfant par mon père qui connaissait très bien l'histoire de Lyon et ses petites anecdotes moins connues, mais cette histoire de maire anticlérical que la vue des églises contrariait, je l'ai entendu très souvent. J'espère que ce n'est pas le même maire que celui qui a crée l'échangeur de Perrache, ça ferait un peu beaucoup pour un seul homme... Cela dit , il y a dans la bibliothèque de mon père des livres anciens sur Lyon qui peut être pourraient nous éclairer. Je tâcherai de chercher, pour ne pas diffuser des infos qui sont pour l'heure trop approximatives. A suivre donc...
Écrit par : frasby | mercredi, 28 janvier 2009
@ Frasby : Le maire en question c'est E.Herriot, oui. L'église en question est celle du Bon pasteur, et le bâtiment, la barre de l'école des Beaux Arts qui la masque à la vue de la place Sathonay, par exemple. Ecole des Beaux Arts désaffectée, qu'on parle à présent de détruire, c'est vrai qu'il est tout sauf artistique, ce bâtiment. Le maire de l'échangeur, c'était son successeur, le dit Zizi, à cause de la tour de la part Dieu, celui qui fit l'immonde échangeur entre autre monstruosité (Pradel).
Écrit par : solko | mercredi, 28 janvier 2009
Je connais quelqu'un qui appelle la place Louis Pradel "la place à faire tomber le troisième âge", à cause des marches irrégulières partout. Il dit qu'à force d'avoir défiguré Lyon, ce maire ne méritait pas d'autres places que celle-ci !
Écrit par : S Jobert | mercredi, 28 janvier 2009
Les commentaires sont fermés.