vendredi, 14 novembre 2008
Les deux collines
C'est Jules Michelet (1798/1874) qui inventa les deux célèbres périphrases qui, depuis, devinrent presque des formules : "la colline qui prie" pour Fourvière, "la colline qui travaille" pour la Croix-Rousse. A l'occasion de l'anniversaire de l'éboulement de Fourvière (1930 - cf billet précedent) je place en ligne ce texte de lui, un peu oublié, et qui intéresse la mémoire de Lyon :
« J’avais senti cela confusément, dès mon premier voyage à Lyon en 1830, mais je voyais encore sans voir. Je sentais, mais d’un cœur aveugle.
Je vis bien dès ce jour l’opposition des deux montagnes, de la montagne mystique et de celle du travail : mais je ne sentis pas leur guerre. La conciliation des deux fleuves, la rencontre de tant de provinces, l’autel romain des soixante nations des Gaules, ces souvenirs d’union me voilaient la lutte réelle.
Je retournai à Lyon deux fois, trois fois, et m’initiai aux mystères du travail, à ce laborieux effort de tant d’arts combinés, qui des mains maigres d’un peuple sans air et sans soleil, fait fleurir pour toute la Terre l’incomparable iris de fleurs qu’on appelle la soierie de Lyon. mais c’est la dernière fois seulement, en octobre 1853, que, distrait par le détail, mûri par tant d’épreuves et plus éclairé par le cœur, j’eus la révélation complète.
Les uns croient au Lyon des miracles, au secours de la charité ; ils viennent solliciter le prêtre, distributeur des aumônes du riche ; s’ils peuvent, ils s’assoient au banquet du couvent et s’ils peuvent, ils y resteront. Leur pèlerinage est à Fourvière.
Mais toi, bon travailleur, tu n’iras pas solliciter la grâce et le bon plaisir, la faveur capricieuse ; tu crois à la justice, au travail, à la liberté. Et tu vas chercher la montagne du travail, la sérieuse Croix-Rousse. Tu ne veux de banquet que le pain gagné de tes mains. »
Michelet, Les deux collines, 1879, Calmann-Lévy
14:50 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, lyon, michelet, histoire |
Commentaires
Aucun rapport - comme dirait l'autre!- mais vous aimez drôlement le bitume mouillé de pluie, vous! votre remarque sur les pavés de la rue des marronniers chez M.Rivière, ça m'a donné un sentiment à votre égard de réminiscence de je sais pas quoi, et j'ai trouvé! c'est l'asphalte mouillée devant le théâtre du vaudeville d'Edouard Leon Cortes. Un homme qui aime la pluie qui fait briller les trottoirs ne peut pas être complètement mauvais!!!!
Écrit par : Sophie L.L | vendredi, 14 novembre 2008
Un jour, j'irai à Lyon...
Écrit par : Pascal Adam | vendredi, 14 novembre 2008
@ Sophie : Peut-il être, pour autant, complètement bon ?
Écrit par : solko | vendredi, 14 novembre 2008
@ Pascal : Bonne résolution !
Écrit par : solko | vendredi, 14 novembre 2008
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