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vendredi, 10 octobre 2008

Sully Nobel Prudhodommisé...

20933-004-BE1DB136.jpgLe prix Nobel (200 000) francs est acquis à Sully-Prudhomme, envisagé par les académiciens de Stockholm, luthériens dessalés et moralistes perspicaces, comme l'ouvrier de "la plus belle oeuvre idéaliste". Le patriotisme en personne est forcé d'en convenir, même à Paris, on n'est pas plus bête que ça. L'heureux vainqueur à déclaré son intention d'employer cette somme à venir en aide aux poètes pauvres, sans se réserver un centime ( Blague idéaliste, dont la dérision n'a pas tardé à éclater).

D'après le Journal, Sully-Prudhomme fonde simplement un prix annuel de 1500 francs pour les jeunes poètes, à décerner par la Société des gens de lettres. C'est à cela que vient d'aboutir l'immense réclame d'immolation pour les pauvres. 1 500 francs, c'est à dire le quart du revenu de 200.000 à 3 pour 100 francs de bénef et le capital dans la profonde, sans préjudice  d'une réputation d'holocauste. L'idéalisme est plutôt une bonne affaire.

( Léon Bloy, 18 décembre 1901 /5 mars 1902  - "Quatre ans de captivité à Cochons-sur-marne"  (Journal, Bouquins, 1999)

PS. :  Ci-dessus, on reconnait Sully, pas Léon.  "La profonde", c'est la poche  (ah! les ressources inépuisables de l'argot ... )

Commentaires

@ Frasby : Le voici, Léon. L'édition de Pierre Glaudes est vraiment, au passage, excellente, je m'y suis un peu perdu, par plaisir, ce matin. Et donc je me suis mis en retard. Au fond, je ne sais pas si les commentaires de Bloy, sur ce coup de Prudhomme, sont si drôles que cela : ça ressemble furieusement et dramatiquement à "l'heure actuelle," vous ne trouvez pas ?

Écrit par : solko | vendredi, 10 octobre 2008

Plume toujours aussi incisive, j'apprécie beaucoup cet esprit.

Parmi ces pages (désolé du dérangement vous me conseillez quoi?)

http://recherche.fnac.com/search/quick.do?posted=false&filter=0&text=l%E9on+bloy&category=book&subcategory=1

Écrit par : Léopold | vendredi, 10 octobre 2008

Pour connaître Bloy, rien de tel que les 2 tomes du Journal parus chez Bouquins, avec les notes excellentes de Pierre Glaudes qui a fait là un travail critique extrêmement pertinent. D'autant plus qu'on peut lire le Journal qui s'étend de 1892 à 1917, au fil des semaines et des mois. Vous pouvez donc commencer par le premier tome ( Le Mendiant Ingrat et suivants ) Sinon, l"'exegèse des lieux communs" est un exemple parfait de cette plume incisive. En analysant les implicites et les présupposés des lieux communs de son temps, Bloy met à jour avec férocité l'esprit bourgeois second empire : un régal d'ironie, de causticité, de critique et de lucidité.
Le désespéré est un roman qu'il est difficile d'aborder sans notes, or il parait que Glaudes prépare une édition chez Folio. On est un certain nombre à l'attendre. Les deux ouvrages que je vous ai cités sont, je crois, la meilleure entrée dans cette oeuvre magnifique.

Écrit par : Solko | vendredi, 10 octobre 2008

Merci bien, c'est noté! :)

Écrit par : Léopold | vendredi, 10 octobre 2008

Ben, il aurait pu tout garder pour lui... Croyez-vous que JMGLC créera un fond de pension pour désargentés ?

Écrit par : Porky | vendredi, 10 octobre 2008

@ Porky : suis sceptique... Tout le monde le trouve humble, et tout et tout. Je crois qu'en vérité, ce monsieur ne se prend pas pour l'ombre d'un radis. Suis passé tout à l'heure à la F.N.A.C., savez, le centre de distribution d'objets culturels indéterminés... Y'a déjà des pélos qui demandent à le lire. Un type demandait "s'ils avaient le livre de Le Clezio", et la vendeuse lui expliquait que "le Nobel couronne l'ensemble d'une oeuvre et pas un seul livre", et bla bla bla. Quelle époque !

Écrit par : Solko | samedi, 11 octobre 2008

"Un type demandait "s'ils avaient le livre de Le Clezio", et la vendeuse lui expliquait que "le Nobel couronne l'ensemble d'une oeuvre et pas un seul livre", et bla bla bla."

Je voulais vous demander si c'était sérieux, mais je me rend compte que oui, extraordinaire cette remarque.

Écrit par : Léopold | samedi, 11 octobre 2008

Au moins, la vendeuse savait ce qu'était le Nobel. C'est déjà un point positif.

Écrit par : Porky | samedi, 11 octobre 2008

Justement, je vais bientôt rencontrer Pierre Glaudes (à moins qu'il ait un homonyme à Paris IV), pas à propos de Bloy mais de Barbey. Cela promet d'être intéressant.

Écrit par : Léopold | samedi, 11 octobre 2008

Je ne sais pas dans quel cadre cette rencontre aura lieu : mais si c'est effectivement lui, vous ne pouvez tomber sur meilleur interlocuteur pour vous présenter Bloy (mis à part, evidemment, le texte de Bloy lui-même !)

Écrit par : solko | samedi, 11 octobre 2008

Oui, j'ai vu qu'il a fait sa thèse sur Bloy et j'ai vu le site que vous avez mis en lien, je vous en remercie d'ailleurs. Il intervient dans un colloque sur Barbey d'Aurevilly auquel j'assiste.

Écrit par : Léopold | dimanche, 12 octobre 2008

Nous devrons finalement à Sully Prudhomme, et même à Le Clezio, cet échange autour de Bloy... Je ne sais pas quand a lieu ce colloque sur Barbey. Savez-vous que Bloy a été son secrétaire ? Pour ma part, je ne connais Glaudes qu'à travers l'appareil critique du "Journal", dont je vous a déjà parlé, et qui est très bien fait;

Écrit par : solko | dimanche, 12 octobre 2008

Un ami m'a parlé de M. Glaudes avec qui il a eu la chance de travailler, cet homme me parait merveilleux. J'aurais voulu attendre son édition annotée du désespéré mais diable il est dur d'attendre. J'espère relire la bête annotée plus tard.

A noter s'il est des parisiens dans la salle je puis donner un exemplaire du désespéré en Part Commune, un affreux snobisme me fit acheter ensuite d'occase une édition "vieillie" du Mercure de France (pas plus annotée hélas!).

@Solko: Je ne vous recommande pas forcément les vieilles archives de VB sincèrement... Je n'étais qu'un histrion affreusement vaniteux et de surcroit donneur de leçon. Tout au plus y trouve t on le pressentiment informulé de conceptions plus tardives (sur la machine notamment) et une prédilection obscure pour les expressions à connotation religieuses, ce qui ne manque pas d'étonner au vu de mon parcours ultérieur... Et aucune perspective (affreux mot) littéraire...

Écrit par : Tang | dimanche, 09 novembre 2008

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