dimanche, 01 juin 2008
La loge du change
Lorsqu’il prononça son mémoire pour l’Académie Royale d’Architecture, le 28 juillet 1778 , Soufflot rappela à son auditoire les quelques règles dont le respect assure le succès à tout architecte de bon sens : règle d’utilité, qui détermine le rapport du bâtiment à l’usage qui lui est imparti, règle de solidité, seule garante de la sécurité des gens appelés à le fréquenter, règle de convenance, qui insère l’ouvrage dans le paysage, règle de symétrie qui confère à l’édifice son unité et sa beauté. Il est un monument qui m’a toujours plu et qui correspond bien, me semble-t-il, à cet équilibre recherché par l’architecte des Lumières, c’est la Loge du Change, sur la place du même nom, dans le cinquième arrondissement à Lyon.
Depuis le début du XVIème siècle, marchands toscans et milanais avaient établi à Lyon le commerce de l’argent ; comme partout en France, ces opérations financières se traitaient en plein air, d’abord sur la place de la Draperie, puis sur celle « des Changes » ; le roi Henri II ordonna en 1551 qu’une maison commune fut bâtie « en laquelle se pourrait aisément faire belle court, trois galeries découvertes, une grande salle de vingt cinq toises de long sur huit et demi de large, 36 magasins, des boutiques et des logements…». Projet ambitieux. Projet d’autant plus ambitieux que cette ordonnance n’était accompagnée d’aucun plan de financement. Elle, n’eut donc le bonheur d’aucune suite immédiate ; mais l’idée d’une place publique et d’une loge pour le commerce d’argent fit son chemin. Henri III, en 1584, fit élargir la place du Change en abattant quelques maisons. De cette époque datent les premières galeries couvertes pour le change. Le même Henri III commanda, un peu plus tard, le projet d’une loge pour les marchands, inspiré des plans de l’architecte Serlio. La loge du Change, telle qu’elle se présente à nous aujourd’hui fut finalement construite par Soufflot, de 1748 à 1750, avant de devenir en 1803 un temple protestant. « Ce si joli monument bâti par Soufflot et dont on admire la belle façade si pure en lignes », écrit à son sujet Antoine Rivoire. « Edifié sur un perron à plusieurs marches, le bâtiment est d’un style simple, renchérit le baron Raverat, pur, élégant, à un seul étage percé de cinq fenêtres séparées par de jolies colonnes engagées.» C’est peu dire. Léon Boitel n’en touche mot dans Lyon vu de Fourvières de 1833, pas davantage Monsieur Josse durant ses promenades de 1887, ni Emile Baumann, dans Lyon et le Lyonnais de 1934. Les proportions de ce discret bâtiment sont pourtant très belles, qui allient à la fois les règles de sécurité, d’utilité, de symétrie, de convenance et de goût, selon l’idéal dont Soufflot se prévalut. Je conclurais pour ma part en disant que, de tous les monuments lyonnais, c’est peut-être le plus agréable à dessiner...
00:49 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : architecture, lyon, soufflot, culture, loge du change |
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