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mercredi, 28 mai 2008

La Vierge de Fabisch (2)

Image insolite d'une Vierge dorée haute comme trois hommes, flottant, libre, dans les airs à une dizaine de mètres du toit de la chapelle... La scénographie de la dépose de la Vierge de Fabisch, hier, à Lyon, a réservé à ceux qui avaient escaladé à temps "la colline qui prie", deux beaux moments, empruntés l'un et l'autre à l'iconographie mariale populaire la plus naïve et la plus radieuse. Ce fut d'abord, comme le précisa plus tard le cardinal Barbarin, non pas une ascension mais une assomption : de fait, pour qui sait voir, il y eut vraiment durant un bref instant quelque chose de l'histoire de cette ville et de la foi de nos ancêtres, quelque chose du génie du christianisme au sens le plus romantique du terme qui plana sur l'assemblée, lorsque les trois tonnes cinq de bronze doré à la feuille d'or, soudainement lestes comme un rayon de soleil, s'élevèrent par-dessus nous tous et demeurèrent suspendus là-haut, face à au plus beau panorama que la capitale des Gaules, tournée vers le Levant, peut offrir. J'oubliai les engins de levage et la mécanique, si performante fut-elle. Je songeai un instant à la capacité d'étonnement, d'admiration et de foi de Mélanie, la modeste bergère de la Salette : « La belle dame se lève. Eux n'ont pas bougé. Elle leur dit en français: Avancez, mes enfants, n'ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle... »

 L'autre moment de grâce fut la découverte du visage, couronné et étincelant, de la statue, visage que nul n'avait pu contempler de si près depuis 1852.  Ce fut, cette fois-ci, comme une apparition : visage à la fois gracieux et gigantesque, mobile et figé, éloquent et silencieux du masque d'or dérangé de son exil par les grutiers, à la façon d'un pharaon surpris en son éternité et banni de son rêve par quelques indélicats archéologues : devant la silhouette drapée et gigantesque de la Divinité, on a pu un instant se croire Renan, jadis troublé par l'effigie géante d'Athéna : « Quand je vis l'Acropole, j'eus la révélation du divin, comme je l'avais eue la première fois que je sentis vivre l'évangile, en apercevant la vallée du Jourdain des hauteurs de Casyoun. Le monde entier alors me parut barbare » Instants de grâce, instants de rêves, instants de contact avec le sacré, l'histoire et la foi, instants de charme, véritablement, que ne parvient pas à rompre le cérémonial des inévitables discours officiels tenus peu après sur l'estrade. Quelques gouttes d'un orage, d'un qui se retenait, tombent alors. C'est la fin. Chacun se disperse. La Vierge de Fabisch retrouvera son socle restauré au mois de décembre. On a donc tout l'été pour aller la méditer de près.

 

07:53 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : fourvière, christianisme, fabisch | | |

Commentaires

Frédérick Houdaer parle de nos deux blogs dans sa chronique dans livre&lire, de l'Arald.
Cordialement,
Jean-Jacques Nuel

Écrit par : Nuel | samedi, 31 mai 2008

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