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mardi, 02 octobre 2007

La fête des Anges

A chaque fois que, dans la Bible, Dieu a voulu s'approcher des hommes, on trouve un ange. Ange messager, ange décrypteur, ange intercesseur, ange accompagnateur, ange délivreur, ange gardien : L'ange, qui voit Dieu, assume en même temps une intimité fraternelle avec l'homme. L'ange, qui est de toute éternité, se meut dans la grâce de l'instant éphémère comme s'il était chez lui. Alors, si la présence et l'existence de Dieu interrogent, celles de l'ange ont toujours eu l'air d'aller de soi. Comme l'habileté de cet être-ange est étrange ! Peut-être parce qu'il n'est pas, comme Dieu, une figure du père, mais plutôt du frère aîné.  On croit volontiers qu'un ange veille sur son pauvre destin, sur ses ailes de désir comme sur ses ailes de foi.

L'ange est avant tout une figure hautement littéraire. Avec SERAPHITA, Balzac consacra un roman savoureusement congelé aux amours angéliques. Qu'il soit maudit, comme chez Lautréamont (Chants de Maldoror), ou bien lumineux, comme chez Hugo (La Fin de Satan), le personnage de l'ange figure bien ce compagnon du jeu humain, à la fois proche de l'aube et familier de la nuit, et glissant dans l'espace et dans le temps dans un rapport de gémellité fort troublant. L'ange est bien le double magique et féérique auprès de qui la perception de l'existence d'une simple journée devient multidimensionnelle, celle d'une vie dotée de sens. Une des chansons qui permit aux Français de garder le moral après juin 40 n’avait-elle pas pour titre : Mon Ange ?

De littéraire, le personnage devint très vite cinématographique. Et passa même dans la B.D. Et de la B.D à la carte postale, aux bibelots. Les anges sont partout. Pas tous, il est vrai, gardiens ou protecteurs. La société contemporaine les malmène tout autant qu'elle malmène les humains. On n'hésite plus à les instrumentaliser. Je connais des gens qui n'invoquent le leur rien que pour trouver une place où se garer. Je ne sais pas si fut jamais soufflé à l'oreille par l'un des leurs la grille de l'Euromillions à l'un des rares gagnants. Qu'importe l'idée que l'on se fait de leur mission, qu'importe l'usage que l'on fait de leur soutien : c'est aujourd'hui leur fête ; la fête de tous les anges. N'oubliez donc surtout pas de souhaiter au vôtre la sienne. Qui pense à son ange pense à soi, et qui pense à soi n'est jamais en mauvaise compagnie.

04:45 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme, actualité, littérature, écriture, balzac | | |

Commentaires

J'ai attendu vainement pendant toute la journée que l'auteur de cet article me souhaite ma fête. Que dalle ! A quoi sert, je vous le demande, d'être un Ange avec un grand A et de veiller avec une bienveillance toute divine sur une équipe de cinglés ? I am vexé, vraiment.

Écrit par : Porky | vendredi, 05 octobre 2007

Et j'ai souhaité bonne fête - en retard - à mon filleul dont c'est le prénom. En espérant que la société future ne le maltraitera pas trop. Merci pour ce blog que j'ai parcouru avec grand plaisir, en tous cas.

Écrit par : julien | lundi, 08 octobre 2007

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