mardi, 07 novembre 2017
Le dôme, l'orgueil & le Saint Sacrement
De retour de Jérusalem, nous retrouvons une France grise, et qui, pour des raisons qui lui sont propres, me semble deconner sur toute la ligne. A la gare, nous hélons un taxi. Le chauffeur est musulman. A l'intérieur, non seulement on découvre dans un coin de son tableau de bord un tapis de prière replié et un Coran ostensiblement posé dessus, mais encore une boule en plastique kitch contenant une miniature de ce dôme du rocher qui, depuis le VIIe siècle, s'impose avec un orgueil tout islamique à Jérusalem et profane le lieu même de la Passion du Christ.
C'est la seule photo que j'ai prise de ce monument qui n'a pas davantage sa place en Terre sainte que ne l'aurait à la Mecque une cathédrale de croisés, et qui atteste de la volonté d'occupation du sol intrinsèque à cette religion déviante qui pervertit le message du Christ de A jusqu'à Z en crachant sur sa Sainte Passion. En soutenant l'accueil de musulmans en Europe, quelle vilenie historique commet ainsi le pape François !
Je n'ai pris que cette photo du dôme du rocher et ne parlerai plus de ce bâtiment implanté dans mes billets à venir, que je consacrerai à ce pélerinage en Jordanie et en Palestine, et qui seront pour moi autant une occasion de faire le point que de partager avec les lecteurs de Solko des photos et des réflexions. Il est certain que, sans ce désir de marcher sur les pas du Christ, jamais je n'aurais mis les pieds en Israel, terre aujourd'hui de discorde et d'affairisme, sur laquelle les Chrétiens sont maltraités et visiblement de plus en plus indésirables. Je préfère ô combien les paysages même en lambeaux de la douce France ou les ambiances renaissantes de la sainte Russie ! Mais il est vrai que là où Dieu s'est incarné, la fureur de Satan demeure à son comble et se manifeste avec plus de fureur encore. Prière, toujours, toujours, pour les Chrétiens d'Orient.
Et pour conclure ce billet de retour, voici la dernière photo dont mon appareil saturé a accepté de charger sa carte mémoire: le Saint Sacrement, présenté dans la chapelle de la communauté des béatitudes de Nicopolis, l'un des sites présumé d'Emmaüs, où nous déjeunions encore hier à midi. En Lui se résume tous les visages, tous les paysages, toutes les images et toutes les phrases, et donc, tous les voyages...
22:24 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emmaus, saint sacrement, dome du rocher, terre sainte, nicopolis |
vendredi, 27 octobre 2017
Sur les pas d'Egérie
En partance, donc, aujourd'hui, sur les pas de la pélerine Égérie (appelée aussi Éthérie). Quelques heures d'avion, quand on n'imagine plus, en l'an 381, combien celle dont un ermite galicien du nom de Valère du Berzio authentifia le récit en latin dans sa Lettre à la louange de la très Bienheureuse Égérie, passa de temps. Imagine t-on la pélerine Egerie franchir des portiques de sécurité et ingurgiter des plateaux repas tels que ceux qu'on sert à présent dans les compagnies aériennes ? Egaré durant 700 ans, son manuscrit fut retrouvé en 1884 dans une bibliothèque d’Arezzo et demeure le premier document de référence à faire autorité en la matière, grâce aux nombreuses notes et réflexions tant sur les lieux visités que sur les cérémonies célébrées. « Les voyages, écrit-elle, ne sont pas difficiles lorsqu’ils accomplissent une grande espérance. »
Venue placer ses pas dans ceux du Christ et vivre par la prière l’histoire du Salut sur les lieux même de son déroulement, Égérie décrit avec enthousiasme les vues (magnifiques), les bâtiments (fameux), les montagnes (escarpées) ou les plaines (fertiles). Mais surtout, elle consigne avec ferveur des remarques détaillées sur la liturgie quotidienne (24, 1-7), la liturgie du dimanche (24, 8 - 25, 6), l'Épiphanie (25, 6 - 26, avec une lacune entre les deux) et les fêtes pascales à partir du carême (27-29) et de la « grande semaine » (30-38) suivi du temps pascal (39-44). La fin du récit conservé revient sur la discipline du carême avec des détails sur la catéchèse auprès des catéchumènes (45-47), puis se conclut brusquement au quatrième jour de la fête de la Dédicace du mois de septembre (48-49). Je n'ai pas lu son ouvrage, mais seulement quelques extraits. C’est grâce à lui, parait-il, que certains cultes pratiqués au sein de l’Église de Jérusalem depuis le commencement du christianisme au fil de l’année liturgique sont parvenus saufs jusqu'à nous : force de l'écrit, vertu du témoignage.
À l’occasion de l’ascension du mont Sinaï, elle note : « C’est avec une peine extrême que l’on fait l’ascension de ces montagnes, car on ne les gravit pas peu à peu en tournant, en colimaçon comme on dit, mais on monte tout droit, comme le long d’un mur ! »
Une anecdote à propos de l’adoration des reliques :
« [Le Jeudi saint, dans l’église du Golgotha], l’évêque prend place derrière un autel recouvert d’un tissu. Les diacres se tiennent debout autour et lui et on lui apporte une boîte d’or et d’argent contenant le Saint Bois de la Croix. On l’ouvre, et le Bois de la Croix, ainsi que l’inscription sont placés sur la table.
Tant que le Saint Bois est sur la table, l’évêque est assis et ses mains reposent sur chacune des extrémités de la relique, et les diacres autour de lui la surveillent de près. Ils la gardent ainsi car ensuite tout le peuple, catéchumènes aussi bien que fidèles, se présente un à un à l’autel. Ils s’y penchent, embrassent le Bois et puis s’en vont. Mais en une occasion (je ne sais pas quand) l’un d’entre eux a mordu dans un morceau du Saint Bois et l’a volé en s’enfuyant. C’est pour cette raison que les diacres se tiennent tout autour de l’autel et surveillent, de peur que quiconque n’ose refaire la même chose.»
Sur la célébration de l’Épiphanie :
« Et comme, à cause des moines qui vont à pied, il faut aller très lentement, on arrive [de Bethléem] à Jérusalem à l’heure où on commence à pouvoir se reconnaître l’un l’autre, c’est-à-dire quand il fait presque jour, mais avant le jour cependant. Quand on y est arrivé, l’évêque et tous avec lui entrent aussitôt à l’Anastasis, où des lampes brillent déjà d’un extrême éclat. On dit là un psaume, on fait une prière, l’évêque bénit les catéchumènes d’abord, les fidèles ensuite. L’évêque se retire et chacun s’en va à son logis pour se reposer. Mais les moines restent jusqu’à l’aube et disent des hymnes.
Quand le peuple s’est reposé, au début de la deuxième heure, tous se rassemblent dans l’église majeure. Ce qu’est en ce jour la splendeur de l’église, ou de l’Anastasis ou de la Croix, ou de celle qui est à Bethléem, il est vain de le décrire. On n’y voit rien d’autre que de l’or, des pierreries, de la soie : vous voyez des voiles, ils sont de soie brochée d’or ; vous voyez des tentures, elles sont de la même soie brochée d’or. Les objets de culte de toute espèce que l’on sort ce jour-là sont d’or incrusté de pierreries. Quant au nombre et au poids des cierges, des candélabres, des lampes, des divers objets du culte, comment les estimer ou les décrire ? Et que dire de la splendeur des édifices eux-mêmes, que Constantin, qui était représenté par sa mère, en utilisant toutes les ressources de son empire, a gratifiées d’or, de mosaïques, de marbres précieux, tant l’église majeure que l’Anastasis, la Croix et les autres lieux saints de Jérusalem ?»
En cinq heures, donc, - au lieu de longs mois à dos de mules et de chameaux, un avion qui bondira de Roissy à Amman m'emportera parmi d'autres, dans un monde dont les lois, les techniques et les dangers ont changé de dimension - mais qui perdure et se vautre dans le même péché avec encore plus d'arrogance et de bêtise. Sur les pas d'Egerie, la même grâce, espérons, nous conduise...
07:35 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : terre sainte, pelerine égérie |