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dimanche, 06 août 2017

Lazare à Moscou

 
Connaissant toute la place qu’occupent saint Basile et les fols en Christ dans la mystique orthodoxe, je me dirigeai tout d’abord vers la cathédrale qui lui est dédiée sur la place Rouge, sans doute aussi découragé par la queue des touristes devant le Kremlin. C’est vrai que pour un novice, le bâtiment et ses églises indépendantes et étroitement imbriquées les unes dans les autres est surprenant, original. L’État soviétique l’avait transformé en musée, interdisant toute messe en son sein. Elle avait alors échappé de peu à la destruction, comme le Christ Sauveur transformé en piscine, et tant d‘autres. La petite histoire raconte que l’architecte Lazare Kaganovitch souhaitait, en la supprimant du paysage, faciliter la circulation des voitures sur la place Rouge. Mais lorsqu’il montra à Staline une maquette de la Place sans la cathédrale, ce dernier lui dit : « Lazare, remets-la ! ».
J’avoue avoir été surpris, dans cette cathédrale de l’Intercession de la Vierge (puisque c’est son vrai nom) comme dans d’autres par la suite, de la riche iconographie autour de Lazare, justement, que les orthodoxes paraissent honorer avec plus de ferveur que les catholiques (on trouve plus de fresques peintes ou d’icônes que de vitraux sur sa reviviscence). C’est d’ailleurs en méditant sur l’une d’entre elle que je fis la relation entre l’image russe et la composition des lieux, telle que saint Ignace la préconise dans ses Exercices Spirituels. Ce rapprochement pourra paraître osé à certains, pourtant je ressentis très fortement combien chaque personnage, dans cette icône, occupait la place qui est la sienne et qui fait sens : Le Christ debout, Marthe et Marie à ses pieds, Lazare ceint de bandelettes, les apôtres émerveillés, les Juifs en colère ou médusés, certains se bouchant le nez à cause sans doute de l’odeur. Béthanie, décidément, et son chant [téléchargeable gratuitement ICI] me poursuivait jusqu’à Moscou ! Je ressentais à quel point chaque icone est une méditation qui fait appel à la fois à l’imagination et à la volonté, pour solliciter, en fin de compte, le discernement. Je m’exerçais alors sur la taille surnaturelle de Basile, celle du Kremlin à hauteur de ses mains tendues vers le surnaturel de l’apparition qui vient à lui, et vers laquelle il se dresse tout en même temps, laissant au second plan et comme sur un rideau de scène toute grandeur politique ou terrestre sur la toile de ce bas monde, ce qui donne sens et grandeur à sa réelle nudité.
 

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Icone de saint Basile, cathérale de l'Intercession de la Vierge, Moscou