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mercredi, 17 décembre 2008

Mimes des rues

 

La mémoire des morts n'est pas complètement bannie de la cité des hommes. C'est ce qu'ont bien compris ces mimes de rues qui, afin d’impressionner un public de vivants de plus en plus mornes, ont mis au point, sans geste, sans parole, sans idée, l’art de n’être presque rien, qu'une pose, qu'une silhouette, qu’un mort. C’est à dire, immaculé de la pointe du cheveu à l’orteil et figé jusqu’au sourcil dans de longues draperies blanches comme plâtre, de n’être qu’une statue, figée au froid, qu’on prend en photos, tout en jetant la pièce. Leur jeu dit véritablement leur époque et la mienne, l’ordre tragique que son ricanement collectif  intime à chacun de nous, d’être le moins possible parmi le nombre, d'occuper la moindre place dans l'espace, et de dire le moindre des choses au sein du vacarme : véritables métaphores des consciences de leurs contemporains, ces acteurs maîtrisent à ce point le langage du corps, qu’en le figurant ainsi, dans leur étrange, silencieuse, et durable immobilité, leur chair fascine en nous le plus juste de ce que nous sommes, et que nous finirons évidemment par devenir, un beau matin.

 

22:06 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, mile, rues, théâtre | | |