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jeudi, 16 août 2012

Mariage gay, prière pour la France, quel copyright pour nos enfants ?

C’est toujours en distillant de la pensée binaire dans l’opinion, que les politiques tentent de faire passer les réformes de comportement. La polémique soulevée par la « prière pour la France », lue dans toutes les églises à l’occasion de la fête de l’Assomption hier, en est un nouvel exemple.

Que l’Eglise réagisse au sein de ses offices et devant ses fidèles, c’est son droit le plus strict. Qu’elle défende la Tradition n’a rien de choquant, bien au contraire : ceux qui s’attendent à ce qu’elle s’engage de façon instantanée dans des débats de société soumis à l’immanence sont tout simplement incultes. Le rôle de l’Eglise est de perpétuer le message liminaire et fondateur qui est le sien, Benoit XVI étant le successeur non pas de Jean Paul II, mais de Pierre. En essence, l’Eglise n’a donc rien à faire avec la fluctuante modernité, ses interrogations, ses errances, ses forces de proposition. Aussi, la prendre régulièrement à parti sur le terrain de l’opinion (on a déjà connu cela avec le port du préservatif), c’est volontairement (ou non) méconnaître le statut très spécial qui est le sien. Que l’Eglise s’oppose au mariage civil gay n’a rien de surprenant, ni de scandaleux, puisque le mariage gay contrevient fondamentalement à tous ses principes. Qu’on attende de l’Eglise qu’elle parle le langage des modernes relève en revanche de la franche mauvaise foi. Nous voici au cœur de la méthode socialiste.

64% des Français seraient pour le mariage gay (selon IFOP). Foutre ! La propagande a donc commencé ! 

Personnellement, si je comprends que des couples homosexuels refusent d’être discriminés voire spoliés et revendiquent la protection de la loi dans le champ du social, je ne comprends pas ce qu’ils entendent par « égalité » : Il n’y aura tout simplement jamais de similitude entre un couple normal (pour parler le hollandais) et un couple homosexuel parce que ce n’est pas en ces termes que la question se pose : d’un côte deux mêmes ; de l’autre côté un même et un autre. D'éminents universitaires entretenus par des groupes d'influence auront beau nous expliquer que nous ne sommes plus de sexes, mais de genres différents, cela n'y change rien. Deux mêmes ne sont pas comme un même et un autre. Point.

Alors pourquoi toucher au symbole millénaire qu’est le mariage, quand  un PACS amélioré pourrait faire l’affaire sur le simple plan légal  ?

Parce que, nous dit-on, se pose une question, cruciale, celle du droit à l’enfant.

Passons sur le fait que l'enfant n'est pas un droit, en effet, mais une personne. Il est assez amusant de constater qu’à l’ère de la nanotechnologie, dans une société si fanatique et si déboussolée qu'on n'y croit plus qu’en l’identité génétique de ses membres au point d’en faire le mode opératoire principal de tous ses contrôles, on invente cette distribution digne d’un mauvais mélodrame d’Huxley : d’un côté des faux pères ou des  fausses mères, qui seraient reconnues par la Loi comme de vrais pères et de vraies mères (des parents légaux, du même sexe de surcroit), et de l’autre des pères procréateurs ou des mères porteuses qui ne seraient, eux, que des agents opérateurs d’autant plus insignifiants qu’ils seront réduits à la fonction de passeurs génétiques, bref, des faux pères et des fausses mères.

L’histoire, les mythes, la littérature ne sont-ils  pas emplis de ces quêtes de pères ou de mères, morts ou inconnus, menés par des orphelins hagards bien que choyés par des parents adoptifs plus attentifs que jamais ?  Même si cela n’empêche nullement, bien sûr, que des relations affectives profondes avec d’autres puissent se construire, hommes et femmes n’auront jamais d’autres père et mère que leurs père et mère effectifs, ceux par qui le lien historique avec leurs ancêtres réels s’opère, des liens de filiation. A moins de vouloir transformer l'humanité en un troupeau d'apatrides incultes, de clones inconscients et de nomades fanatisés. C'est ce que le législateur souhaite continuer de faire, pour dominer le monde. Il y a dans ce projet qui se veut libertaire un goût franchement totalitaire.

Nous touchons là me semble-t-il au point crucial de l’aliénation que l’Eglise (mais aussi toutes les autres religions attachées à la Tradition) dénoncent : on ne veut plus de transcendance, ni divine, ni humaine. Seul compte le caractère instantané du présent, comme si le vivant ne devait plus se nourrir exclusivement que du présent, du désir du présent, et non plus aussi du feu des ancêtres. 

Dans la tourmente culturelle qui se généralise, voila donc que ce lien parental -qu’on appellera sournoisement ici ou là génétique- passe donc pour dangereux, parce qu’il demeure l'ultime lien culturel avec le passé, l'ultime repère encore vaguement efficace, dans une société qui a fait tabula rasa sur tout. On veut des apatrides et des incultes, des citoyens du monde parfaitement clonés, disposant d'une filiation à la carte : la cohorte des ancêtres dérange et la logique du c'est mon choix s'impose partout. Quoi de mieux, pour faire passer cette perversion, que d’utiliser ces homosexuels à la cervelle lavée, qui accepteront de passer devant monsieur le maire au nom de leur liberté individuelle déjà si galvaudée, et dont la loi interdira de se gausser à vive et franche voix, comme au temps carnavalesque et joyeux (un temps tout sauf normal) de Coluche et Le Luron, sous motif honteux d'homophobie ?

 

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L’Eglise a donc raison d’inviter implicitement les dirigeants actuels et passagers à réfléchir à autre chose qu’à leurs intérêts électoraux (mais un socialiste sait-il faire ça ?). Là où elle-même est hypocrite, c’est dans la formulation choisie par les évêques, qui esquive la complexité du problème : « Que les enfants cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère » :  comme si, dans le couple hétérosexuel, face à son vrai père et à sa vraie mère, l’enfant n’avait jamais été autre chose – avant qu’il ne s’émancipe de l’une et de l’autre – que l’objet des désirs et des conflits…  Nous entrons là dans un débat d’une autre nature…

19:36 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (39) | Tags : mariage gay, prière pour la france, poitique, socialisme | | |