jeudi, 11 février 2010
Un vers à la craie
J’avais pris la résolution d’être poète.
Poète à la craie, il va sans dire,
Poète des rues, si vous préférez.
Un matin d’avril – avril est un mois parfait pour ça-
Je séchais donc les laids cours
Et sur le trottoir de Bellecour
J’écrivis d’un trait :
« Combien m’achetez-vous ce bel alexandrin ? »
Rien.
Rien, forcément, quand j’y songe à nouveau
Et pourtant, sincèrement,
Je forçais le destin.
Mais le destin a parfois le corps sec.
Ce n’est qu’à la fin du jour
-Une journée, qu’on trouvait ça long à l’époque, n’est-ce pas ?-
Qu’une femme – et je revois encore son sourire,
Son galurin, son nez de clown,
Son imper vert -
S’arrêta devant mon unique vers, lequel n’avait pas d’autre tour
Dans son sac ni de trou dans sa
Culotte, étant pair, et,
Après l’avoir vraiment balayé du regard
Ne laissa rien qu’une enveloppe
Que j’ouvris, peu après son départ.
C’était un mois d’avril de l’an septante-trois
Comme quelques-uns diraient encor par ici
Si l'on était encore en ces temps-là :
« J’espère que tu ne triches pas.
Que tu n’es pas un imposteur ».
Et dans l’enveloppe, CECI.
07:57 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : corneille, littérature, place bellecour, poésie |