Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 11 septembre 2009

Pourquoi j'écris des satires

juvenal-1-sized.jpgTu veux réussir ? Ose un coup digne du bagne, du cachot.

On loue la probité, mais elle crève de froid. C’est au crime

Que l’on doit jardins, palais, tables, argenterie d’époque,

Ce bouc ciselé sur une coupe. Qui peut dormir, dites,

Quand on voit un père payer sa bru pour l’enfiler,

Des fiancées paillardes, un gamin qui se tape une matrone ?

A défaut de génie, c’est l’indignation qui fait les vers.

Tout ce qui travaille les hommes, vœux, crainte, colère, volupté,

Joies, intrigues, oui, tout cela vivra dans mon livre mêlé.

Et quand donc le torrent des vices fut plus impétueux ?

Plus béante la poche de la rapacité ? Plus tyrannique

La passion du jeu ? Ce n’est pas avec quelques bourses

Que l’on court tenter le hasard, ou joue coffre-fort sur la table !

Ah, les jolies batailles où le croupier fournit les munitions …

 

Juvénal, Satire 1  (traducton de Pierre Feuga)

 

 

 

Quelque chose de proprement étonnant à se dire que ces vers ont presque vingt siècles d’âge. Certains justifieront grâce à eux une coïncidence entre la décadence romaine et celle de l’Occident ; d’autres une permanence du mal dans la nature humaine. D’autres, que sais-je…

On peut aussi tout simplement s’étonner. Comme devant de très vieilles pierres, de très vieux sarcophages, d’anciens bijoux.  

Stupéfié, par la sidérante puissance de la littérature.

 

 

20:27 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : littérature, juvénal, satires, littérature latine | | |