Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 10 septembre 2010

Emanuel Philibertus me regarde ...

Je n’avais pas, depuis longtemps, remis  en salle des ventes le moindre orteil. Très étonné du peu de renouvellement de ses figures : elles y sont à peu près les mêmes que lorsque le marteau du commissaire priseur tapait après une somme en francs. Mais un peu plus grises. Plus vieillies. On dirait que la survie aléatoire affirmée ici par des objets, sensation qui m’a toujours beaucoup séduit, est en train de contaminer aussi la fragilité des êtres. Tous vieillissent. Décidément, cet univers-ci  a du charme. 

200px-Emanuele_Filiberto_di_Savoia.jpgUne eau forte du XVIIème siècle d’Emanuel Philibertus Sabaudiae, cadre et gravure en bon état, ne trouvait preneur à 30 euros. Ni à quinze.  J’en ai proposé dix, et je suis parti avec elle sur mon vélo. Ne pouvant accrocher au guidon des fauteuils, j’ai dû en laisser filer deux, des Thomet  très originaux qu’un broc a emporté pour trente euros la paire. Pendant ce temps, des catalogues proposent des  meubles en poudre de chêne pour des amoureux de l’authentique qui laissent à l’arnaqueur plusieurs centaines d’euros. Je savais qu’on faisait des omelettes avec de la poudre d’œufs dans les cantines, j’ignorais qu’on fabriquait des armoires et des bureaux en poudre de chêne dans les boutiques déco pour classes moyennes. Etrange, étrange à l’infini, que nous en soyons arrivés là.  A une telle déliquescence du goût, du jugement. A une telle adulation du simple paraître…

- Vraie saloperie, le monde où tu vis, semble à présent me murmurer, du dégradé de gris d’où il me contemple, Emanuel Philibertus, barbe taillée en pointe sur sa fraise. Le poil frisé, l’œil cerné… Tout en lui, prétexte à précise gravure.

- Je n’irais pas jusque là, lui réponds-je. Monde en toc, assurément. Où jamais la prétention du moindre pedzouille n’a été aussi grande, assurément …

Il reste silencieux. Il restera ainsi, dans son cadre finement verni. L’accrochant à un coin du bureau toujours désordonné, je me demande quel goût peut avoir pour lui une telle postérité.

19:05 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, gravure, emanuel philibertus sabaudiae, salle des ventes | | |

samedi, 05 septembre 2009

Jean-Jacques de BOISSIEU

18-jeanjacquesdeboissieu-hopitallyon_tm.jpgJean-Jacques de BOISSIEU est né à Lyon en 1736. Son père est un médecin originaire du Forez. L’un de ses ancêtres, Jean de Boissieu, fut secrétaire des Commandements de la reine Marguerite de Valois. Ses parents le destinent à la magistrature, mais lui s’intéresse très tôt à l’Art. Ils se décident alors à le placer sous la direction du peintre Frontier. Le jeune Jean-Jacques fait des progrès rapides et acquiert une grande habileté dans l’imitation des paysagistes hollandais Ruysdaël, Wynants, van de Velde, Karel Dujardin… Sur cette première gravure ci-dessus l'ancien pont de la Guillotière, identifiable avec sa tour de garde,et ses arches ; derrière les remous du Rhône, on voit la façade de l'Hôtel Dieu que Soufflot vient d'achever. En arrière-plan, le mont Fourvière sur lequel se devine le modeste clocher de l'ancienne chapelle.

On le retrouve ensuite à Paris, de 1761 à 1764. Il s'y lie avec divers artistes, dont Vernet, Soufflet, Greuze. Hélas une allergie maladive à l'huile altère sa santé et il doit renoncer à cette technique. C'est la raison pour laquelle il se spécialise dès cette époque dans l'eau-forte. En 1758, il publie à Paris six feuilles de croquis à l'eau-forte sous le titre de Livre de Griffonnements inventés et gravés par de Boissieu. Pour parfaire sa technique, il voyage en Bourgogne puis part en Italie avec le duc de La Rochefoucauld et rencontre des graveurs, dont J.G.Wille. Il en revient avec de multiples eaux-fortes, dessins aux crayons (mine de plomb, sanguine, pierre noire), lavis, représentants des monuments, des paysages campagnards, des intérieurs de fermes et quelques portraits. Dans la collection de l’institut Stade à Francfort sur le Main, on dénombre environ 140 pièces. Ci dessous, le Pont de pierre, gravure de 1799.


BOISSIEU_GRANPONT_PIERRE.jpg

Revenu à Lyon, l'aquafortiste poursuit son œuvre artistique avec grand succès : Goethe collectionne ses œuvres, le frère du roi de Prusse vient visiter son atelier, il est reçu à l'Académie de Lyon (1780). Il réalise également quelques planches pour l’Encyclopédie de Diderot.

jj_de_boissieu-7679e.jpgTout en habitant Lyon, il acquiert la charge de conseiller du Roi en 1771, trésorier de France au bureau des Finances, et en 1773 épouse Anne Roch de Valous, d'une famille consulaire lyonnaise.

Pendant la Révolution, il est protégé par le peintre Louis David et ses cuivres sont placés « sous la sauvegarde de la loi ». En 1802, il est nommé membre de la commission administrative du Conservatoire des Arts. Il séjourna alors dans son château de Cruzol.

Jean-Jacques de Boissieu est maire de la commune de Lentilly dans le Rhône de 1806 jusqu’à sa mort, le 1er mars 1810.

Ci-dessus, l'autoportrait de l'artiste, ci-dessous, une scène représentant des paysans du Charollais

 

Boissieu.jpg