dimanche, 05 août 2007
En cage à MONACO
On entre chez le Prince par un parking à étages souterrains, étages ordinaire, paring sombre et pollué. Comme ça, le touriste de Noisy-le-Sec n'est pas dépaysé à l'instant où il quitte son automobile pour emprunter ascendeurs ou escalators, guidé par des hôtesses munies de pancartes en formes de tête de Mickey. Bien l'bonjour. En famille, on arrive enfin à l'air libre. C'est qu'on est en vacances, imbécile parmi des centaines de milliers d'imbéciles ! Enfin, libre, à l'air libre, avec du temps libre ... Libre d'aller du Musée Océanographique au Palais, en passant par la Cathédrale et en faisant le détour par le parc empli de ces magnifiques cactus, qui domine "ce toit tranquille où marchent les colombes...". Pardon, un instant, je me suis cru à Sète. Au cimetière marin, pour tout dire. Bévue ! Ici, ce n'est pas Sète. Il y a la même vue, certes, "la mer, la mer, toujours recommencée..." Mais comme "récompense après une pensée...", on est prié d'aller voir ailleurs.
Car en guise de bienvenue, une plaque commémorative salue la mémoire de "l'hôte fidèle de Monaco" (si! si!), le suisse Ernest Guglielminetti "propagateur infatigable (ça ne s'invente pas) du goudronnage des routes, qui réalisa sur cette avenue en mars 1902 la première application du procédé" Je n'ai jamais vu autant de drapeaux et d'écrans plats que dans la cathédrale de la Principauté. Beaucoup de belles œuvres, assurément. Les portables numérisent jusqu'à plus soif les dalles de Rainier et de Grace, preuve que si un culte véritable existe en ce lieu, ce n'est ni celui de l'Art, ni celui de la Beauté, ni celui de Grace ou du Prince, ni même celui de l'Eucharistie, mais bien celui du Tourisme et de tous les euros qu'il fait tomber dans les caisses....
Un tourisme de masse, comme partout ailleurs, - me direz-vous ! Certes. Monaco n'est qu'un lieu banal, standard, une pause parmi d'autres dans le pèlerinage désenchanté des touristes. En Bretagne on fait les phares, dans le Nord, il parait qu'on fait les mines, ici, on se fait le prince, d'une certaine façon. C'est peut-être là que le bât blesse : chez les Grimaldi, tout est commerce de Grimaldi. Et où qu'on se trouve, on se sent chez quelqu'un (Ah! Ces visages de Grace en bannières, qui pendouillent à chaque carrefour !). Ici, plus qu'ailleurs, le tourisme et le commerce sont subtilement manigancés, orchestrés autour d'une exhibition somme toute bourgeoise et grossière...
Une véritable entreprise, ce putain de Rocher ! Ici, le touriste n'est même plus au centre du monde, il est le centre du monde : des poissons phosphorescents et colorés, venus du fond des fosses sous-marines, le contemplent, en casquette à visière et panta-court, d'un œil morne. Des uniformes et des bonnets comme chez la Reine ou chez le Pape, des gardes-centons font la parade, à heures fixes, pour ses gosses. Bref, tout un environnement -aussi bien naturel que culturel- exporté du monde entier, photographié avidement. On s'en retourne par le même parking enfumé et puant, aussi benêt qu'à l'arrivée, en suivant des pancartes à têtes de Mickeys, quelques euros en moins dans le porte-monnaie. Mais bon. Dans un espace rétréci, dans une durée limitée, on se dit une fois de plus que le spectre de la fin des libertés rôde vraiment sur le monde, sur la société des loisirs, ainsi organisée. Car « l'imagination, comme certains animaux sauvages, ne se reproduit pas en captivité » (Orwell, "Où meurt la littérature", Essais)
15:35 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : tourisme, musée, monaco, société, contemporain, grimaldi |
mardi, 31 juillet 2007
Sale temps pour les tréteaux
Après avoir décliné avec véhémence sa nomination au Collège de France, Ariane Mnouchkine est revenue sur sa décision (Le Monde, 28 07 2007) et déclare ne pas vouloir faire de caprice auprès de gens qu'elle aime et admire" L'égérie de la gauche bobo-momifiée, on s'en souvient, n'en fit pas, non plus, pour lâcher les intermittents du spectacle en juillet 2004, lorsqu'un bras de fer opposait ces derniers avec le pouvoir politique de droite en Avignon. La fille à papa du théâtre du Soleil, aujourd'hui mémé gâteuse au quartier latin a-t-elle voulu nous faire croire qu'elle avait soudain retrouvé du courage politique ? Elle qui, à l'abri des milliards de son père Alexandre, vomissait jadis l'Institution sous couvert d'Odéon, ne crache plus longtemps dessus sous couvert de Collège de France !
C'est vrai que le bouddhisme aide à se détacher de tous les faux semblants de ce bas monde ! Finalement, l'ardente "metteuse en scène" de Cixous et le brûlant soutien de Ségolène devrait se réjouir de la victoire écrasante de Sarkozy : Au moins ne prendra-t-on pas sa nomination comme un renvoi d'ascenseur entre Précieuses Ridicules. Son seul souci étant qu'on ne la prenne pas, non plus, pour un ralliement à Sarko, dame Trissotine précise :"Je me sens instrumentalisée par la Présidence de la République, et je ne l'accepte pas"!!!!!
L'ego surdimensionné d'Ariane n'a vraiment d'égal que sa fatuité. Et son hypocrisie frôle ici celle des vieillards moliéresques, dont elle ne doit plus beaucoup être capable de rire. Comme il est loin le temps de la coopérative ouvrière et de la Cartoucherie de Vincennes, Ariane ! Et à quand, sur les traces de Marguerite, un fauteuil à l'Académie, auprès de Jean d'Ormesson ? Il paraît que plusieurs sont vacants. Pour moi, je me demande avec Molière ce qu'une femme aussi savante que toi pourra bien enseigner au Collège de France : La recette des nouilles asiatiques ou l'art d'enc... son public ? On attend la Leçon Inaugurale avec impatience pour en décider.
11:40 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, contemporain, société, politique, littérature, actualité |
lundi, 30 juillet 2007
Délocalisations
Conversation surprise, vendredi dernier, à la terrasse mi pleine d'un café bien lyonnais, propos échangés entre deux trentenaires (un mâle et une femelle) bien friqués, bien bronzés, mal sapés et bien ... :
-Il parait qu'y vont délocaliser les maisons de retraite aussi. Y z'ont commencé, vers l'Inde...
- Ah ? (seul émoi manifeste). C'est pas trop humide là-bas, pour des vieux ?
Pas de réponse. La fille conclut : « Pauvres vieux ! »
On leur apporte un demi-pêche. Il fait moite.
Alors, ils passent à autre chose.
Le lendemain samedi, après la messe de 16 heures, à Saint-Bonaventure. Un beau vieillard (Son chapeau accroché au rebord de la grille de la chapelle, sa canne, ses cheveux blancs, assez fournis, un peu long; sa veste : une certaine élégance malgré la difficulté à tenir la station debout; quelque chose de joycien chez cet octogénaire - peut-être même nonagénaire...), après la messe, donc, ce beau vieillard est allé s'agenouiller dignement dans la chapelle Notre Dame de Piété. Et plaçant son front assez haut dans ses doigts très maigres et noueux, il a prié longtemps...
Avait-il surpris, lui-aussi, cette conversation entre deux monstres ?
14:30 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : société, contemporain, blabla de fille, politique, lyon |