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jeudi, 22 avril 2010

Le monde comme il tourne

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Un archevêque à l'académie Goncourt ?

 

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Un journaliste pour diriger l’évêché de Marseille

 

mercredi, 14 janvier 2009

Le lait de la fiction en série

Je m'interroge sur ces images (Nimbus, les héros de Monjournal) vers lesquelles j'ai laissé glisser durant ces deux jours mon esprit. Tous, nous avons bu, par une mamelle ou par une autre, le lait de la fiction en séries. On nous l'a fait boire, plutôt. On nous l'a fait boire et puis nous y avons pris goût. Car au fond, nous ne demandions rien. Combien de fois m'est-il arrivé de voir un petit gamin dans un manège, par exemple, qui tournait,  semble-t-il, davantage pour le plaisir de sa mère ou de son père que pour le sien. Je me souviens très bien que quand on me demandait si je voulais monter sur le manège, où lire l'histoire d'Akim, au commencement de moi-même, je ne savais pas vraiment. Peut-être même, je ne voulais pas. Après, cependant, venait le goût ; un goût relatif, vite dépassé par un autre. Il y a un moment ou j'ai reconnu que toutes ces séries étaient de très mauvaises fictions, ou j'ai reconnu le lieu commun et le formatage (comme on dit à présent) dans les phylactères. Mais le pli était pris. Et le plaisir, d'une certaine façon, trouvé. J'avais bu au lait de la fiction en séries.  Et puis ça a continué. C'est même devenu très puissant, avec la télévision. Inutile de commenter ce ridicule effet Belphegor qui a traversé la France de nos parents  (Juliette Gréco était elle vraiment aussi épouvantable que cela ? Je n'ai vu le film entier que trop tard  pour partager ce grand frisson collectif). Mais d'autres séries. J'ai vu des "copains", à l'époque, qui sont passés sans transition d'Akim à Salut les Copains, par exemple. Le grand lait de la fiction en séries, c'était aussi les films-cultes. Des studios Dysney aux studios Spielberg, d'Hitchkock à Woody Allen, ces films dont certains m'ont vraiment ébloui (je pense à Vertigo, par exemple), mais qu'il fallait, d'une manière ou d'une autre avoir vus. Et qui prenaient subrepticement la place des livres qu'il fallait avoir lus. On pourrait peut être dater, dans l'histoire des Français, le moment où lire les Pensées de Pascal, la Nouvelle Héloïse, la Chartreuse de Parme, est devenu moins important que d'avoir vu le dernier Gérard Oury, Woody Allen ou Almodovar. Bien sûr, il y a ceux (de plus en plus rares) qui ont continué à faire les deux de front. Mais enfin... Même chez les profs, parfois on peut douter. Ce moment, c'est le grand tournant des années Pivot.

Ah ! Pivot ! L'alibi Pivot ! Le souriant autant que sourcilleux fossoyeur de la déjà-moribonde littérature française...  Combien d'Apostrophes aura-t-il fallu pour qu'il habitue ainsi les gens à têter au vilain sein de la fiction en séries, à têter le Nimbus ou l'Akim qui venait tourner manège sur le petit écran de la semaine, avec le fameux label "vu  la télé" collé sur le veston éditorial, une sorte de label-bio avant l'heure, finalement. Ah, Pivot... Le mauvais élève parvenu, le cancre revanchard, le commercial qui endosse le petit tailleur de l'intello pour écrabouiller ce qui reste d'esprit dans la France de Giscard puis dans celle de Mitterand et finir, finalement, en académicien de la rive gauche... Et nous voici avec le triomphe de Bienvenue chez les Ch'tis, avec Dany Boom qui va bientôt passer, ô comble de misère, ô comble de stupeur ! pour la France à lui tout seul, avec un Djamel Debbouze ou une Marion Cotillard dans son sillon. Au temps du professeur Nimbus, d'Akim et de Marco Polo, le mécanisme était déjà en route et tous les producteurs de lait avarié déjà plus au moins aux commandes, certes. Mais il y avait encore un certain sens de la hiérarchie de l'esprit, autrement dit un reliquat de culture chez les faiseurs d'opinion publique de tous crins.  Et c'est au fond cela que je regrette le plus : pas ces histoires, que je ne relirai jamais, bien que je reconnaisse les avoir lues avec ce plaisir ambigu dont je parlais plus haut; mais la hiérarchie à laquelle Nimbus et Akim m'initiaient à leur façon. Nimbus et Akim qui, au contraire de Dany Boom ou Djamel Debbouze, n'ont jamais pété plus haut que leur cul.

06:17 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (37) | Tags : littérature, actualité, professeur nimbus, bernard pivot | | |