jeudi, 15 octobre 2015
Thérèse ni de son temps ni du notre
Aujourd’hui, sainte Thérèse d’Avila. Ses œuvres complètes non loin de moi, acquises chez un bouquiniste pour la moitié de son prix initial. Quel prix, les écrits d’une sainte, dans la société du smartphone, pourrait-on en conclure ? Mais le mépris de la sainteté a toujours été présent, de nos jours comme dans les jours les plus anciens : « Pourquoi donc certaines personnes passent-elles si tranquillement les jours à bien manger et dormir, à s’amuser et se divertir, autant qu’elles le peuvent ? J’avoue que je n’en reviens pas », s’étonnait Thérèse en ses cahiers, au XVIe siècle.
Ainsi, la carmélite dans ses écrits – vers ou prose – revient sans cesse sur la nécessité vitale de l’humilité, évoquant à maints endroits « ceux qui après être montés très haut sont tombés dans de grands abimes ». Il n’y a pas, dit-elle, « de sécurité pour nous ici-bas. » Elle se saisit de l’exemple dont le monde a traité le Christ, « après l’avoir tant exalté le jour des Rameaux ». Le monde, écrit-elle, « ne loue jamais que pour rabaisser, quand ceux qu’il loue sont les enfants de Dieu. »
A saisir la contemporanéité de ses pages, je me dis que la quête de la sainteté, qu’on pourrait croire d’un autre siècle, n’est pas un sentiment aussi perdu que ça. Car en aucun temps, elle ne fut, somme toute, facile à appréhender et à comprendre. Mais de nos jours, elle est tue, cachée, pudique, discrète et comme voilée par d’autres quêtes plus avouables et mieux tolérées par le vocabulaire, les mœurs et l'idéologie de l’époque. Lire Thérèse d'Avila, entendre et goûter ce qui demeure bel et bien sur la table de Béthanie, ni de son temps ni du nôtre.
07:27 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : therese d'avila |
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