lundi, 28 septembre 2015
L'ordre mondial et autres calamités
« J’ai le plus grand respect pour mes homologues américains et français, mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas être impliqués dans le choix des dirigeants d’un autre pays ». En une phrase, Vladimir Poutine résume la position la plus sage, la plus rationnelle et la plus juste. Messieurs Obama et Hollande ne l’entendent pas de cette oreille. Élus par la moitié de leur population [et encore, si l’on considère les abstentions], mais serviteurs zélés des intérêts qui les ont portés là, ils entendent gouverner le monde : « C’est en Syrie qu’est testée notre croyance en l’ordre mondial », proclame de son côté le très lyrique chantre des démocrates américains, play-boy noir et malencontreux prix Nobel de la Paix de surcroît. Voilà qui en dit long sur la perversion du système démocratique occidental qui, tout en donnant à penser à l’électeur-consommateur lambda qui porte au pouvoir ce genre d’énergumènes que son modèle politique est un modèle universel, ne cesse de déréguler les équilibres planétaires pour mieux servir la soupe aux intérêts des puissants planqués derrière cette politique-spectacle lamentable et à l’électeur ivre de slogans dont procède son élection. Quant à notre caniche présidentiel, qu’un tel système a propulsé soudainement (croit-il) de la grassouillette présidence de la Corrèze à celle, historique, du monde, il éructe derrière Obama. Avec son sens du devoir quasi-religieux, digne tout au plus d’une copie de 5ème, et un génie rhétorique qui le fait passer tout soudain de l’anaphore à l’antithèse, il lance, tout rougeaud : « On ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau (…) Assad est à l’origine du problème et il ne peut pas faire partie de la solution ».
Cela réjouit ceux qui de gauche comme de droite s’autoproclament, à force de ne le voir qu’à la télévision, « citoyens du monde », et renoncent d’année en année à l’exercice de leur souveraineté pour s’adonner à celui plus pépère du lieu commun politique. Sur ces derniers, comme le rappelait malicieusement Michel Onfray l’autre jour, « s’exercent le pouvoir », mais ils ne s’en rendent même plus compte, tant ils sont devenus les agents de propagande consentants de ce même pouvoir. Ils sont libres et égaux, disent-ils en grignotant devant leurs écrans les miettes de la grande orgie libérale qui les maintient dans la misère et la servitude. De bonne cause en juste cause, ils se sont tellement persuadés de construire le monde de demain qu’ils ne comprennent plus qui ose résister à une si mirobolante entreprise et, dans leur extrême tolérance, n’accordent d’ailleurs plus ce droit à personne. Ces fous furieux des droits de l’homme et de la mondialisation financière et touristique ne voient pas que les débris qu’ils commencent à recevoir sur la figure sont les débris de ce monde d’hier qu’ils ont contribué, par leur incessante sujétion à l’ordre qui le détruisait, à faire voler en éclat. Et dans leur autosuffisance, ils n’imaginent certes pas à quel point ils ne font que commencer à les recevoir. Fuite des capitaux, attentats terroristes, dérégulation des frontières, migrations incontrôlables, métissages culturels, confusions idéologiques et approximations religieuses, ils exigent les solutions miracles auxquelles l’ordre mondial les a habitué : devant l’inévitable rupture de stocks qui se profile à l’horizon, il sera alors toujours temps pour eux de comprendre à quel point les dirigeants qui les auront patiemment dépouillés de tous leurs droits se seront foutus de leur gueule.
21:19 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poutine, onu, bachar el assad, syrie, daesh, onfray |
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