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samedi, 28 mars 2015

La mort de la Croix

Nous sommes entrés dans la  Semaine Sainte. Le curé de la Croix-Rousse, tout à l’heure, s’étonnait du peu de fidèles à la messe, presque moins qu’un samedi ordinaire, en attendant davantage pour demain.

En écoutant la Passion selon Marc, je ne pouvais m’empêcher d’être triste de cette désaffection de la France pour sa religion historique.. Songeant à tous ces Français qui se rassemblent sur les plages ou au pied des montagnes, pour, nous dit-on, accomplir « le travail du deuil » dans une sorte de solidarité uniquement humaine, loin de l’autel et loin de la Croix, je ne pouvais m’empêcher d’être triste. Il n’y a rien dans la montagne. Rien non plus sur ces plages bientôt peuplées de touristes enduits de crèmes solaires. Absolument rien.

Y-a-t-il quelque chose de plus dans les églises, me diront les sceptiques et les athées ? Au moins y-a-t-il des siècles de célébrations de l'hostie et de récitations de la Passion, qui donnent au cœur ce sentiment aussi  implacable que sacré de l’absence de Dieu, partout ailleurs, dans le monde que les hommes se sont fabriqués dans un saisissant détournement de toutes leurs traditions.

Mourir de la croix, c'est-à-dire par la croix et non pas sur la croix comme des traductions modernes le laissent entendre. La mort de la croix, qui est encore un instrument de torture au c minuscule, du temps de Ponce-Pilate. Plus que jamais, la Semaine Sainte donne à entendre l’absence de Dieu dans nos villes où la plainte du Crucifié résonne comme en vain parmi des cœurs fermés.  De nombreux chefs d’Etat, dont le lamentable nôtre, vont marcher demain « contre le terrorisme », initiant ces marches aveugles, ces processions vaines partout reproduites dans un stupéfiant mimétisme des foules, loin de la Croix. C’est affligeant. Ces cortèges me glacent le sang. Ils signent à la fois la mort du politique et une tentative obscène pour récupérer un certain sens du religieux encore vaguement survivant dans les peuples, malgré tout ce que les politiques entreprennent pour en écarter ceux qu’ils appellent des citoyens. En France, par exemple, les vacances de la première zone scolaire à débaucher débuteront le 10 avril au soir, quand seront passées les Pâques chrétiennes. Et si on nous parle de Pâques à la télé, ce sera pour des histoires sans intérêt d’œufs au chocolat : j’appelle cela un processus depuis longtemps entamé et dorénavant presque mené  à terme d’acculturation.

 

Je manque de charité devant le spectacle de mes contemporains, c’est certain. La souffrance du Christ pour nous tous me dépasse absolument, totalement, intégralement. Son Amour tout autant. Et ce que je constate de l’entreprise de démolition du catholicisme  partout en cours – dans et hors de l’Eglise –, la complaisance des dirigeants  français, au nom d’un œcuménisme  qui n’a aucun sens, pour l’hébraïsme et  l’Islam  me laisse sans voix. Chaque année, on annonce sur toutes les chaînes le début du ramadan, le voile et les caricatures du Prophète créent un incessant et stérile débat dans les medias... Et l’entrée dans la semaine sainte passe pendant ce temps presque inaperçue…   Et l’on s’étonne que la France parte, comme le dirait un certain  Huysmans, à vau l’eau. Mérite-t-elle mieux que cette mélasse mortifère dans laquelle elle s'enfonce inexorablement ? 

Ecce_Homo.jpg

Adam Chmielowski, Ecce Homo

21:45 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (2) | | |

Commentaires

"Mélasse mortifère" oui c'est cela !

Écrit par : Sophie | dimanche, 29 mars 2015

Les marches en hommage à tout et n'importe quoi m'agacent passablement. Les déplacements (à grands frais) des présidents et ministres pour toutes les circonstances sont des postures et rien d'autre. Que les vacances de printemps soient déconnectées de Pâques, pour le plus grand bonheur des marchands de neige m'exaspère. J'ai perdu la foi de ma jeunesse, ce qui ne m'empêche pas de penser avec nostalgie aux trois jours pendant lesquels les cloches ne sonnaient pas, et étaient remplacées dans mon village par les crécelles des enfants de chœur annonçant les offices. Je me souviens de ma tristesse le jour du vendredi saint, quand à quinze heures j'avais l'impression que le ciel s'obscurcissait. Les annonces pour les événements de la religion musulmane, alors qu'on ne parle pas des autres me gênent. Si on est laïque on ne parle d'aucune religion, sinon, on parle de toutes.

Écrit par : Julie | mardi, 31 mars 2015

Les commentaires sont fermés.