mercredi, 25 mars 2015
Le sacerdoce de l'information
On ne voit pas ce qui est le plus impressionnant : la catastrophe elle-même ou son immédiat traitement politique. Il n’y a pas de survivants, mais les secours sont héllitreuillés sur place en grand nombre. Tout le monde est déjà mort, mais les recherches s’organisent. L’avion et tous ses passagers se sont désintégrés contre la paroi rocheuse, mais on fouille encore la « scène du crime », à la recherche de ce qui permettrait de « comprendre », et donc pour tout dire à la pêche à l’information, la chair de notre société. Pendant ce temps, à flux tendu, les experts, les professionnels, formateurs ou pilotes de lignes commentent sur les plateaux la moindre image, et les déclarations s’enchaînent, quand bien même il n’y a rien à commenter, rien à déclarer. Mais qu’importe : puisque c’est l’information, et non plus la critique ou la pensée, qui fabrique et entretient autour des puissants l’émotion collective, le politique ne dépend plus aujourd’hui que du traitement de l’information simultanée.
Son déroulement ne souffre pas le moindre faux pas dans cet univers où se construit l’image de chacun. Après les ministres, les chefs d’Etat viendront aujourd’hui se recueillir. Est-ce la fonction d’un chef d’Etat ? C’est en tout cas celle que la très officielle gestion de crise assigne, à ces fantoches, comme dans la mise en scène d’une messe irréelle et sans Dieu. Se recueillir, présenter ses condoléances, témoigner de la solidarité envers les uns et les autres. C’est ainsi que l’Etat pastiche sans trop de vergogne le rituel du deuil qui, jadis, revenait à l’Eglise. De provisoires « Grands de ce monde », onctueux comme des cardinaux, se targuent ainsi d’une étrange fonction, entre le médiatique et le sacerdotal. Ils témoignent devant des amas de fidèles « communiant », ainsi que ces Niçois sur une plage, réunis parmi des roses et des bougies dans le souvenir de Camille Muffat. Qu’espèrent-ils de ces rassemblements ? Je ne sais. Faute de faire sens, ils font image, errant après le crash du politique avec au cœur ce qui leur reste de religieux
06:31 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : france, société, politique, religion, a320, trois évéchés, merkel, hollande |
Commentaires
Poudre aux yeux... poudre aux yeux...
Mais il ne faut surtout pas dire que c'est un produit - un de plus - de la culture de gauche !
BonBenOuiBenQuoi, c'est juste une poudre aux yeux.
Écrit par : tamet de bayle | mercredi, 25 mars 2015
La gauche, ou ce qui en tient lieu, n'a pas inventé le sensationnalisme, la recherche du "coup" médiatique, c'est bien plus vieux que ça
Écrit par : Julie | mardi, 31 mars 2015
Donc la gauche aurait besoin d'en référer à bien plus vieux que ça ?
c'est vrai que le bibendum et son matamore en habits de matador ont constamment besoin de revenir à Sarkozy.
Mais c'était pareil avant...
Mais Sarko l'a bien fait...
Lui aussi... lui aussi...
Effectivement : manie de la gauche d'en référer en permanence à ce qu'elle combat.
Grand merci de nous faire toucher cette ignominie de plus.
Écrit par : tamet de bayle | mardi, 31 mars 2015
La poudre aux yeux n'est pas une invention de la gauche, de la droite non plus, d'ailleurs. C'est peut-être ce que notre société a produit de plus bête.
Écrit par : Julie | mardi, 31 mars 2015
Parole d'or, ô combien !
Les balayeurs ont disparu, les agents de surface sont arrivés.
Paris ne s'éveille plus.
J'ai même cru comprendre qu'il n'y a plus d'institutrices.
Des machins-trucs des écoles à la place...
Des professeuses, je crois...
Écrit par : tamet de bayle | mardi, 31 mars 2015
http://npa2009.org/actualite/crash-de-lairbus-ce-que-les-medias-ne-disent-pas
Propagande ou sale évidence?
Écrit par : Stounette du net | jeudi, 02 avril 2015
Un article éclairant.
Écrit par : solko | vendredi, 03 avril 2015
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