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mercredi, 18 mars 2015

L'homme aux bijoux

Un homme vivait avec des bijoux soigneusement planqués dans les tiroirs de sa commode, par-dessous ses pantalons, ses chemises et ses caleçons. Chaque soir, avant de s’étendre pour la nuit, il les contemplait avec une joie qui le réconfortait des déconvenues de ses mornes journées perdues au bureau, à effectuer ce que ses collègues appelaient comme lui des tâches ingrates.

Au fur et à mesure que s’écoulaient les années, leur éclat perdait en luminosité. Il ne s’en rendait pas vraiment compte, tant son plaisir de les retrouver de retour chez lui était grand. Il se saisissait alors d’une bague ou d’un collier, souriant de contentement à cette vue, avant de reposer délicatement sous une pile de vêtements son trésor.

La sagesse eût voulu qu’il assurât ces merveilles auprès d’une compagnie de bon renom. N’habitait-il pas un modeste deux-pièces, au neuvième étage d’une tour des plus ordinaires des quartiers  périphériques, là où les vols étaient fréquents et les policiers depuis longtemps démissionnaires ? Il n’avait même pas pris soin, comme le couple de retraités qui logeait au-dessus, et dont il entendait certains soirs les pas furtifs au-dessus de sa tête, de se munir d’une porte blindée...

Littérature,poésie

 

Quiconque eût imaginé que dans le tiroir branlant de cette commode en pin, à l’intérieur de ce vulgaire logis de banlieue, se trouvait une fortune aussi abondante que peu protégée l’eût traité  de fou, assurément !  Pas même une carabine au-dessus de son lit, pour le cas où un intrus...???   Mais lui souriait, assuré de ne courir aucun risque. Il connaissait le pouvoir tout particulier de ces bijoux-là, de n'être visibles que des morts…

06:09 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, poésie | | |

Commentaires

Joli texte ! qui me fait penser, dans sa facture, au travail de Daniil Harms (Le tombement). Mais chez Harms, aucune tendresse. Seule la cruauté, corrélée à l'absurdité.

Écrit par : Michèle | mercredi, 18 mars 2015

Ce texte n'est pas joli, à mon avis, il est bien plus que ça. La fin m'a donné un choc. Superbe.

Écrit par : Julie | vendredi, 20 mars 2015

Chère Julie, il faut croire que j'ai manqué mon but : dire le saisissement à la lecture de ce texte. "Joli" s'entendait avec le point d'exclamation et la référence à Harms :) et non dans le registre de la joliesse.
Avec "l'homme" aux bijoux et ces bijoux soigneusement "planqués", le ton est donné. Et vous avez raison de parler de choc. C'est aussi ce que produisent les textes de Daniil Harms.
Comme le dit Alexipharmaque, Solko (Roland en l'occurence) sait voir le monde.

Écrit par : Michèle | samedi, 21 mars 2015

Merci Michelle, il me manque en effet cette référence à Harms, ce qui m'aurait évité d'écrire une ânerie.

Écrit par : Julie | samedi, 21 mars 2015

Ce n'était pas une ânerie. Vous avez exprimé ce que vous ressentiez. Mon commentaire était lapidaire et pas très clair.

Écrit par : Michèle | samedi, 21 mars 2015

Votre commentaire n'était pas lapidaire pour une personne ayant les mêmes références que vous, ce qui n'est hélas pas mon cas.

Bonne fêtes de Pâques

Écrit par : Julie | mardi, 31 mars 2015

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