lundi, 26 mai 2014
Le bruit et la durée
On a du mal à comprendre -et on comprend aussi fort bien-, à quelle nécessité politicienne obéit – en attendant la Coupe au Brésil – le bruit médiatique qui entoure les résultats des élections européennes en France. Un président archi-minoritaire et désavoué (au point qu’à Stains, par exemple, son électorat a chuté de 44,67% à 8,92% en deux ans ) n’a plus grand-chose à dire ni à faire à la tête de l’Etat, sinon y faire du bruit, en espérant durer ainsi jusqu’en 2017. C’est à cela que sert le petit communicant Valls : faire du bruit. Il faudrait cependant lui apprendre à moins froncer les sourcils ni hausser le menton, s’il veut être un tant soit peu entendu.
Le bruit consiste donc à transformer le score du FN en événement dramatique, en prenant des postures d’indignés, de désolés, de dégoûtés, ou de fatalistes : On a dans la République toute la gamme Pantone. Alors que chacun sait que cela ne représente en rien un danger : le centre droit est au pouvoir à la Commission européenne, les fédéralistes sont toujours majoritaires et pourront même durcir le ton pour mener leurs guerres ou signer leurs traités scélérats dans le dos des électeurs.
Chacun feint de ne pas comprendre le séisme en perpétuant des analyses bidonnées, à partir d’une grille d’analyse et de lecture vieillie parce que datant de la Seconde Guerre Mondiale et de la Shoah. C’est évidemment oublier Maastricht, la réunification de l’Allemagne sous la botte libérale américaine, et le déni par Sarkozy et Hollande du référendum sur le traité européen. Car c’est Maastricht, Merkel et le déni du référendum par des prétendus démocrates qui ont placé le FN où il se trouve. Et l’on sait depuis longtemps que l’électorat du FN se constitue à partir d’un mariage de raison, inévitable face aux fédéralistes français, entre identitaires et souverainistes. C’est pourquoi, à 88 ans, le fondateur du FN obtient à Vénissieux 27,06 % des voix quand, dans le très sélect 6ème arrondissement à Lyon, il n’arrive qu’en quatrième position avec 11,91% et en cinquième position dans Lyon/Croix-Rousse, paradis du bobo écolo, avec seulement 9, 87%. Regardez les scores de sa fille dans le Nord, le constat est le même.
Alors les dirigeants nationaux n’ont plus le choix s’ils veulent éviter l’inexorable progression de cette dernière : pour réduire le vote identitaire, réduire le chômage et réguler l'immigration; pour réduire le vote souverainiste, renégocier les traités. Mais au lieu de cela, Hollande, pingouin, de plus en plus isolé sur sa banquise, premier notable arrogant d'un parti en déroute, ne peut que choisir de faire du bruit pour durer. Et du bruit bien médiocre,est-il capable d'en produire un autre ? Plus encore que Mitterrand son mentor, il sera comptable devant l’histoire de tous les troubles, de tous les drames qu’une telle posture ne manquera pas d’engendrer. Cela s'appelle la responsabilité.Les dénoncer d’un air contrit la main sur la couture ne suffira pas à s’en dédouaner.
Décidément, il est bien le pire des présidents que la Cinquième République aura produite. Un nain au volant d’un Airbus, qu’il est en train de projeter dans le décor, tout le pays et sa souveraineté dans sa suite. Une politique maladroite,conduite par un amateur,diront certains. La politique de ses maîtres, plus vraisemblablement, visant au fédéralisme européen le plus totalitaire, à l'image - en pire même - de celui, américain.
13:07 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : fn, euro2014, hollande, europe, france, maastricht, merkel, politique, bruit médiatique |
Commentaires
D'autre part,peut-être que, comme vous dites, c'est Merkel qui a mis le FN là où il se trouve...mais c'est aussi ceux qui ont mis le bulletin dans l'urne et ceux qui depuis des mois, comme vous Solko, ont fait obstinémen la propagande du FN.
Quant à la "grille d'analyse vieillie", quelle contradiction de votre part ! Faudrait-il que cette grille d'analyse soit "moderne"? Fasse fi du passé?
Oui une partie de la classe ouvrière vote maintenant pour le FN. Il n'empêche qu'il y a peu, certains manifestants, ceux que Le Pen cache maintenant, faisaient le salut nazi.
Bref, vous devriez être joyeux: vous appeliez à voter FN, c'est fait. Car comme vous dites, "il ne représente en rien un danger".
Chapeau !
Écrit par : Sophie | lundi, 26 mai 2014
Écrit par : solko | mardi, 27 mai 2014
Je me l'étais déjà dit au moment de la mémorable (dans le mauvais sens du terme) tirade "Moi président...", que j'avais trouvée aussi épouvantable qu'éprouvante. Physiquement, je m'en souviens encore, j'avais les doigts de pieds recroquevillés dans mes chaussures. Je n'arrivais pas à croire ce que j'entendais : un mauvais acteur surjouant sur la sensibilité de midinettes de certains de ses électeurs en déroulant une tirade digne d'un mauvais soap, avec ce regard tellement hypocrite... Après, c'est devenu viscéral. Impossible de voter pour un homme pareil, si peu digne de la charge présidentielle, si foncièrement manipulateur (mais pas au sens machiavélique et érudit de Mitterrand), si rempli de mensonges, si imbu de lui-même (dire "Moi", quand un peuple attend "Nous", quelle erreur !), si "visible", au final (pas de risques, pas de vagues, pas d'idées neuves).
Un "amateur", tu as trouvé le mot juste. Mais un amateur néfaste comme la gale.
Sinon, Jorion et pas mal d'autres critiques sont parfaitement en ligne avec ton analyse. :)
Écrit par : Sophie K. | mardi, 27 mai 2014
"Europe de la paix"? Mais quelle Europe de la paix ?! Sur le dos de qui ? Vous ne répondez jamais en ce qui concerne les choix économiques du Front National et ses mensonges quand il dit défendre les ouvriers. Vous qui parlez souvent du réél, vous évoquez "la paix" et "l'entente des cultures", mais sortir de l'Europe - et pourquoi y mettez-vous des guillements? L'Europe est ce qu'elle est, ne parlons pas d'idée de l'Europe!- par ces voies là, ce n'est ni ce que le Front National défend, ni ce que vous défendez habituellement. Votre billet sur Soral illustre tellement vos propos. Faut-il pour que vous vous sentiez vivre avoir autant envie de flirter avec le nauséabond ? Pourquoi cherchez-vous vers ces gens-là des camarades? Comment ne voyez-vous pas (ou bien vous faites semblant)que le réel ne permet pas d'appeler une conférence "les juifs et les autres"? et que l'antisionisme "violent" -vous le reconnaissez- , a à voir avec l'antisémitisme? Ce n'est pas entendable !
Écrit par : Sophie | mercredi, 28 mai 2014
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