mercredi, 25 septembre 2013
En sursis
Le plan social des librairies Chapitre qui prévoyait la suppression de 271 postes en France, et la liquidation du magasin de Bellecour (l’ancien Flammarion) a été suspendue. La librairie lyonnaise est donc en sursis.
En sursis également le petit théâtre d’André Sanfratello où nous jouâmes notre Colline aux canuts il y a déjà longtemps. Une subvention en moins (22 000 euros) de la DRAC, et l’Espace 44 joue sa survie. Une pétition adressée à la ministre de la culture peut être signée ICI.
En sursis, on le sent par ailleurs dans l'air de cette époque, tant de choses. Le durcissement de la société en général, les difficultés croissantes des gens, l'absence de visée, l'implantation du technologique en tous lieux, l'effacement d'une culture plurielle au profit de cet usage du divertissement de masse dont les pouvoirs aussi bien politiques qu'économiques usent et abusent ; tout cela fait que des habitudes s'estompent, des usages s'effacent, des lieux disparaissent. En sursis, par exemple, après celui de Lyon et celui de Marseille, le Grand Hôtel-Dieu de Paris.
On pourrait, mais je n'en ai pas le cœur, dresser un inventaire à la Prévert assez facilement en faisant une petite veille sur le web de tout ce qui, encore vivant, demeure en réalité en sursis. A commencer, dirait le philosophe, par soi-même. Mais justement. La tradition voulait que, face à nous qui passons, se dressât le monde, qui reste. Les dominants politiques de la planète ont, depuis un certain temps, programmé la disparition du monde traditionnel derrière ce qu'ils appellent le changement. Le monde, comme entité culturelle stable, est donc en train de s'émietter doucement. Et tous les individus sont sommés, dans cette évaporation, de positiver. Car leur dit-on, à eux qui ne sont que de passage, et alors qu'on a déjà programmé leur remplacement : "vous êtes la valeur étalon, vous êtes le citoyen référent, vous êtes le centre stable de toute cette agitation". C'est un monde inversé, comme en Iowa où l'on apprend que, par souci de non discrimination, les aveugles ont désormais le droit de porter une arme comme les voyants. Un de nos brillants politiques, n'en doutons pas, nous dira bientôt que l'Iowa est à la pointe du progrès. Au nom de la déraison des Droits de l'Homme, les droits de l'homme aussi, partout, sont en sursis.
05:15 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : espace44, librairie chapitre, bellecour, lyon, théâtre |
Commentaires
Monde inverse, oui... Il est certain que dans le film "Seule dans la nuit", Audrey Hepburn avait besoin d'une arme pour se défendre. Aujourd'hui, tout le monde est seul dans un long crépuscule, et les jeux les plus courus sont des jeux de survie dans lesquels on doit tirer sur les morts-vivants. A peine allégorique, hahaha !
(A propose d'inventaire à la Prévert, il paraît que Laurent Gerra a énoncé, il y a qq jours sur RTL, la liste longue comme un jour sans pain des diverses taxes française. Ceux qui l'ont entendu m'ont dit que c'était surréaliste. :)
Écrit par : Sophie K. | mercredi, 25 septembre 2013
* A propos et francaiseS, scusi.
Écrit par : Sophie K. | mercredi, 25 septembre 2013
Pourquoi vous insurgez vous contre cette décision de donner une arme aux aveugles....Les fous , en liberté, tirent à l'aveugle, ceux qui sont enrôlés sous un uniforme tirent à l'aveuglette. Comme prédit dans la bible "l’œil du drone sera ta tombe , il tire Caïn caha.....
Écrit par : patrick verroust | mercredi, 25 septembre 2013
Les autodafés modernes prennent des voies plus douces, les livres ne sont plus brulés, ils ne sont plus diffusés avec une obsolescence programmée et les diffuseurs ferment...rentabilité rime avec imbécillité!
Écrit par : patrick verroust | jeudi, 26 septembre 2013
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