Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 14 septembre 2012

A nul autre objet que celui-ci

Cela faisait longtemps qu’il n’en avait pas tenu un entre les mains, ni que son regard n’avait glissé dessus. Il en avait cherché un specimen heureux dans tous les magasins de la ville, avec tout d’abord une avidité de bonne augure, laquelle s’était muée lentement en une sorte de désarroi fatigué, trop long, trop dur, trop nombreux à se ressembler, à lui masquer la pièce unique. Il crut qu’il avait paumé le flair de chien qui le tenait des heures entières à la chasse jadis, jusqu’à la débusquer, la rareté, sans même avoir à trop tripoter ces piles ni croiser ces rayons uniformes Peut-être aussi l’usure du désir, de la connaissance, de la volonté, de la vie…

L’objet n'était-il par ailleurs en train de se métamorphoser sous leurs yeux à tous, tout comme la cire aurait dit Descartes dénonçant les pièges de la sensation ? Changeant de forme, l’objet changeait de rythme : Et si, se disait-il comme une excuse à sa paresse, tout n’était que affaire de pulsations ?  On avait beaucoup annoncé la fin, prédit ce qui arriverait, et qu’un silence opaque finirait par recouvrir la lande déconfite ; l’objet en question, n'était-il pas plus adéquat de lui refuser pour quelque temps encore son attention, son regard, son esprit ?

Il rentra chez lui les mains vides.

 

littérature,poésie

Sébastien Stoskopff, Nature morte

20:58 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, poésie | | |

Commentaires

ENTRE LES CILS

La métamorphose du regard
Fait trembler les mondes
Comme autant de seins
Palpitant sous la caresse

L'eau se trouble
Au point de devenir
Ruisselante de l'arôme
Des silences du cristal

Quand le temps s'y prête
Fleurit un arc-en-ciel
Ou un Pont des Soupirs
Suivant le bon vouloir des saisons

Écrit par : gmc | samedi, 15 septembre 2012

Très joli texte dédié à la recherche du livre unique : ils sont de plus en plus rares en effet... On est écoeuré par toutes ces nouveautés qui sortent dans les soi-disant librairies en septembre et en octobre. En lisant votre dernier paragraphe, je pense à l'avènement de ces liseuses numériques qu'utilisent, avec un air un peu hautain, certains passagers des TCL.

Pour ma part, je recherche encore parmi ceux qui paraissent aujourd'hui des romans susceptibles de m'émouvoir comme ceux d'"autrefois"... La Semaine Sainte d'Aragon, Les Mémoires d'Hadrien de Yourcenar, A l'Ombre des jeunes filles en fleurs de Proust, Les Racines du Ciel de Romain Gary, Le Roi des Aulnes de Michel Tournier, Les Grands cimetières sous la Lune de Bernanos...

Ces vingt dernières années je suis tombé sur quelques perles rares : La Malédiction d'Edgar de Marc Dugain, Un Long dimanche de fiançailles de Sébastien Japrisot, Les Bienveillantes de Jonathan Littell, Libra de Don DeLillo, American Psycho de Easton Ellis...

Aujourd'hui, il suffit d'un simple blog pseudo-littéraire pour s’autoproclamer écrivain, poète ou pamphlétaire patenté !

Écrit par : Jérémie S. | samedi, 15 septembre 2012

Tant et tant de livres qui vous tombent des mains dès la page cinquante ! Tant de ces si célèbres auto-fictions qui ne sont que des façons de se regarder le nombril, tant et tant de ces pages érotico pornographiques, destinées à allècher le lecteur endormi......

Je ne les achète pas, je les emprunte à la bibliothèque municipale de ma ville qui est bien pourvue, mais que de déceptions !

Écrit par : Julie des Hauts | dimanche, 16 septembre 2012

Oui, il vaut mieux lire l'Anthologie des lectures érotiques de Pauvert !

Écrit par : Jérémie S. | dimanche, 16 septembre 2012

En tout cas, je n'arrive pas à m'intéresser à ce qu'on appelle"la rentrée littéraire"

Écrit par : solko | dimanche, 16 septembre 2012

Et cette dernière tendance minable qui fait rajouter des scènes "érotiques" dans des grands classiques de la littérature! Une merveille comme Jane Eyre a récemment fait les frais de ce déplorable "mommy-porn"... Triste époque, éditeurs criminels, médiocres lecteurs...

Écrit par : Sarah. S. | dimanche, 16 septembre 2012

Les commentaires sont fermés.