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dimanche, 10 juin 2012

Le vrai crâne de Gnafron

J’avais écrit en 2009 un billet sur le personnage du Père Thomas, dont Laurent Mourguet se serait inspiré pour créer son personnage de Gnafron. Je viens de recevoir de la part de JC Neidhardt, conservateur du musée d’anatomie de Lyon à l’Université Lyon I ces quelques compléments d’informations sur le sort réservé par la postérité au squelette du père Thomas, ainsi que quatre documents iconographiques susceptibles d’intéresser le lecteur :

musée d'anatomie.jpg

musée d'anatomie, Université Lyon I, Lyon

« J'ai été très intéressé par votre article sur cette figure lyonnaise que fut le père Thomas. Je voulais revenir sur la fin de votre texte dans lequel vous parlez de son corps qui aurait été disséqué et dont le squelette aurait été préparé en vue de servir à la formation des étudiants en médecine. Je souhaitais préciser que c'était le sort habituel réservé aux malades décédés à l'hôtel-Dieu de Lyon ou à la Charité. Les familles, sans grands moyens, abandonnaient en général les corps des défunts à l'hôpital pour ne pas avoir à supporter les frais d'inhumation. Ces corps servaient ensuite à la dissection et à la répétition d'opérations, ce qui était très utile à une époque ou la rapidité et la précision du geste étaient primordiaux en raison de l'absence d'anesthésie (avant 1846). Pour ce qui est du corps du père Thomas, celui-ci a en effet été livré au scalpel mais de toute évidence le squelette entier n'a pas été traité et monté.

A mon avis, seul le crâne a été récupéré, non pas en raison de l'identité du propriétaire mais en raison d'une pathologie bien particulière observée lors de la dissection.

Pour être plus précis, nous avons entrepris cette année d'inventorier et de restaurer les crânes inscrits dans l'inventaire des collections de la Société de Médecine de Lyon, en les nettoyant tout d'abord et en retraçant à la plume les inscriptions parfois altérées figurant sur un certain nombre d'entre eux. Nous disposons d'une série de 6 crânes inventoriés E1 à E6 et catalogués comme présentant une persistance de la suture frontale moyenne. Le crâne inventorié sous le N E3 portait des inscriptions à la plume à savoir père Thomas sur l'os frontal , Père Thomas - mime, conteur populaire sur le pariétal droit et à nouveau Père Thomas sur le temporal droit. Il s'agit très probablement du crâne de Gnafron ! 

L'inventaire des collections de la Société de Médecine de Lyon a été édité en 1863 et correspond au dépôt des pièces réalisées en 1854 par ladite Société à l'école préparatoire de médecine de Lyon. Avant 1854 ces pièces étaient rassemblées au siège de la société qui se trouvait au Palais de Arts, actuellement musée des beaux arts de Lyon.

Lorsque je disais que le squelette n'avait pas été remonté après traitement, c'est parce qu'il existe une constante dans ce genre d'opération. Lorsqu'un squelette est préparé il faut pouvoir le fixer sur une potence et ils présentent donc tous un orifice sur le sommet du crâne. Celui-ci n'a pas cette marque.

Nous avons aussi entre autres curiosités les deux masques mortuaires originaux de Jacquard (l'un avec la marque d'une paralysie faciale et l'autre avec les traits reposés) et un squelette présentant un rachitisme majeur qui me cause quelques soucis dans la mesure ou je n'arrive pas à trouver de renseignements le concernant... celui d'Eugène Hullin mort à Lyon le 13 décembre 1904 à 44 ans qui exerçait la profession de chanteur des rues »

 

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photo du musée d'Anatomie, Université Lyon I

00:05 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : gnafron, père thomas, musée d'anatomie, lyon, marionnettes, théâtre | | |

Commentaires

Passionnant, merci... (La particularité observée est donc "une persistance de la suture frontale moyenne" ? Qu'est-ce que cela signifie en langue profane, en fait ?)

Écrit par : Sophie K. | lundi, 11 juin 2012

En langue profane, je comprends que ça signifie qu'il n'y a pas d'orifice au milieu pour le fixer à une potence, non ?

Écrit par : solko | lundi, 11 juin 2012

Je pense qu'il s'agit de deux choses différentes, car cette "persistance de la suture frontale moyenne" semble plutôt être la "pathologie" citée plus haut et qui était la raison de la conservation de ce crâne. Certaines sutures de l'os du crâne fusionnent pendant la croissance et ne sont plus sont normalement plus visibles à l'age adulte.

Écrit par : Sarah. S. | lundi, 11 juin 2012

Ce sont les fameuses fontanelles, il me semble !

Écrit par : Jérémie S. | mardi, 12 juin 2012

Bravo Sarah, ça doit être ça. (Peut-être que ça fragilise ledit crâne, justement...)

Roland, tu es aussi doué en médecine que moi, alors, haha !

Écrit par : Sophie K. | lundi, 11 juin 2012

Connais ren de ren en médecine, c'est exact. Ce qui me condamne à faire confiance aux médecins ce qui, comme diraient Molière et Louis Jouvet réunis est une folie. Mais bon !
De toute façon, Gnafron (le vrai) n'a pas un crâne en os mais un crâne en bois ! M'en sort honorablement de cette façon...

Écrit par : solko | lundi, 11 juin 2012

:) c'est bien d'avoir une tête de bois, ces temps-ci...

Écrit par : Sophie K. | mardi, 12 juin 2012

... et justement Gnafron est un éminent spécialiste de la gueule de bois !

Écrit par : Benoit | mercredi, 13 juin 2012

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