mercredi, 21 mars 2012
Bringing war home
La France vit dans son pré carré télévisuel. Quand y bat la campagne électorale, elle se replie, frileuse dans ses débats surannés comme en un champ que n'auraient le droit de labourer seulement les tribuns rococos de ses partis. On y parle de Jeanne d’Arc ou de Jules Valles, de la Commune de Paris et du clocher de mon village, comme si le monde alentours n’existait plus. La crise financière, la crise de l’euro se règlent d’un revers de manche, y’a qu’à faire payer les riches et tout ira mieux. Les tensions internationales, éclipsées ! Les guerres, niées, les conflits religieux, envolés ! Qu’un salafiste armé passe à l’acte, ça n’est qu’un de ses enfants qui a mal tourné, un échec de l’intégration républicaine, un produit made in banlieue de la fameuse discrimination. Bref, rien n’existe en France hormis de douillets problèmes franco-français gravitant autour du nombril bleu blanc rouge de Mariane, laïque et enturbannée.
La parlotte électorale va recommencer, chaque bateleur dans son temps de paroles, à la seconde près. Dormez, dormez en paix, braves gens : tout ça n'était qu'une mauvaise séquence médiatique, consacrée à l'oeuvre d'un dément. Je pense à Martha Rosler et à sa série Bringing war home, dont les collages mettaient en scène ce contraste toujours saisissant entre l’univers douillet de la société qui est la nôtre et celui de la guerre. «On n’est pas programmé pour ça », déclarait tout à l’heure le père d’Abel Chenouf, le parachutiste abattu à Montauban. C’est bien le moins qu’on puisse dire.
Martha Rosler, Bringing war home
21:03 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : martha rosler, terrorisme, politique, société, toulouse |
Commentaires
Les délires interprétatifs, tout le lundi, de certains qui ont la prétention de gouverner le pays (Bayrou, Mélenchon,...) sont à la mesure de ce que vous mettez en lumière. Ramener toutes les tensions sociales, économiques ET culturelles de la France à la figure de Marion Le Pen, c'est un peu court. Et devant la réalité d'une violence jihadiste avérée (pour laquelle les médias ont une complaisance ahurissante. Eût-il été un facho classique, qu'on ne passerait pas autant de temps à cerner la personnalité du salaud. Le "facho" est par essence une figure simplifiée. Le jihadiste, qui plus est lorsqu'il est du territoire, pose un problème : il est la négation d'une doxa de gauche qui pose la culture européenne comme origine de tous les maux), devant cette réalité donc, certains ont projeté leurs fantasmes nationaux, SANS SAVOIR, SANS PENSER, SANS ANALYSER. Même Sarkozy n'est pas tombé dans le panneau : c'est dire à quel point la bêtise dans la classe politique a gagné du terrain...
Écrit par : nauher | jeudi, 22 mars 2012
Sarkozy n'est pas tombé dans le panneau... Effectivement, si j'en crois la veulerie des sondages.
Écrit par : Bertrand | jeudi, 22 mars 2012
Je crois que le truc le plus difficile à accepter, quand on a un peu vécu et qu'on s'est désillusionné, c'est le degré de connerie de l'humanité. C'est peut-être trop désespérant, finalement, de voir ça en face. J'ai déjà entendu des types trouver des raisons à l'acte de ce ratiboisé des neurones, genre "il n'avait pas de père/de repères", et ce sont les mêmes "penseurs" qui condamneront un prof pour avoir baffé un jeune crétin mal élevé et violent un mois plus tôt.
Mérah est un abject con devenu une ordure après avoir été manipulé par des ordures, et les fondamentalistes sont des fascistes, point.
Je n'arrête pas non plus d'entendre certains journalistes chouiner en demandant pourquoi on ne l'a pas arrêté plus tôt, en oubliant complètement qu'on ne peut pas foutre sous les verrous des gens qui ne sont pas passés à l'acte. Les mêmes, bien sûr, poussent des hauts cris quand on décide de ficher une population entière, ou de la filmer en permanence. C'est fascinant de bêtise, tout ça, décidément.
Écrit par : Sophie K. | jeudi, 22 mars 2012
franchement, mourir en sautant du premier étage, c'est d'un banal^^, on n'a même pas d'images du truc, c'est désolant, non?
Écrit par : gmc | jeudi, 22 mars 2012
"Mérah est un abject con devenu une ordure après avoir été manipulé par des ordures"
Oui, Sophie K . Entièrement d'accord. Sauf que les ordures en question, les manipulateurss, qui sont-elles réellement ?
Écrit par : Bertrand | vendredi, 23 mars 2012
Les imams salafistes jihadistes
Écrit par : solko | dimanche, 25 mars 2012
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