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jeudi, 25 août 2011

Les priorités de l'écrivain

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 Les séances permirent à Joyce de reposer ses yeux et il se soumit le 11 juin 1924 à une troisième opération : la seconde iridectomie de l’œil gauche ; la première avait eu lieu à Zurich en 1917. Etendu ensuite dans une chambre obscure avec un bandeau, il voyait défiler en esprit les éléments désagréables du passé.

Myron Nutting alla le voir dans sa clinique, « le château de madame de Lavallière rue du Cherche-Midi », comme l’appelait Joyce par dérision. « Hello Joyce, cria-t-il gaiement. Joyce demeura silencieux quelques secondes, puis tira de dessous l’oreiller un carnet et un crayon. Lentement, il nota quelque chose, replaça carnet et crayon sous l’oreiller, puis tendit la main : « Hello, Nutting ». Celui-ci était stupéfait.

Richard Ellmann, Joyce II, p 204, Gallimard, Tel 

18:32 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, james joyce, iridectomie, zurich | | |

Commentaires

Suis en train de lire "îles à la dérive", Hemingway, où, dans Bimini, il est question, dans la bouche d'un enfant d'un certain " Monsieur Joyce".

Écrit par : Bertrand | vendredi, 26 août 2011

J'aime beaucoup cette idée d'inspiration qui vient (ou revient) quand on se trouve privé d'images,(au delà de la maladie, c'est bien sûr préférable). Rien à voir, oserai-je dire, cela me fait penser à ce disciple de Pythagore qui enseignait à ses élèves la perception sans rien avoir à regarder, afin de les convier à une attention au pur sens et purs sons qui ne soit pas "dispersée" par l'image ni influencée par la richesse des expressions d'un visage, il donnait ses cours derrière un rideau... Dans certains autres cas on parle de "réalisme magique" au sujet de J.L Borges ou de E.Sabato,(atteints tous 2 du même "mal" comme vous savez), voilà pour quelques digressions à propos d'artistes "paradoxalement" qualifiés de "visionnaires". Ce court billet est encore un ensemble très harmonieux. Ca nous donnerait envie (en plus de relire Joyce), que vous les croquiez tous, avec votre ogre d'Illustrator, (Hemingway, Beckett et les autres)... Merci à vous.

Écrit par : Frasby | vendredi, 26 août 2011

"il donnait ses cours derrière un rideau.."
Me demande ce qu'on ferait à un prof qui déciderait de faire la même chose. Une psychologue scolaire viendrait sans doute faire un rapport qui serait transmis à l’administration. Les parents d'élèves s'alarmeraient à propos de l'état psychique de leurs chérubins. Quant au prof, il aurait sans doute son ticket pour la Verrière.
Pour la galerie d'écrivains, "les Illustres d'Illustrator", oui, au fil du temps elle se composera sans doute.

Écrit par : solko | samedi, 27 août 2011

Oui, le disciple de Pythagore, comme je l'avais lu, j'ai eu un gros doute aujourd'hui, en revérifiant dans mes vieilles notes, il semblerait plus sûrement,(je corrige) que c'est Pythagore lui même qui donnait son cours derrière un rideau, ou/ et même dans le noir, et à l'époque tout était oral (pas de craie, pas d'ardoise, pas de picots pour le prof), le philosophe, (Pythagore donc), qui échappa en son temps à la psychologue est quand même à l'origine (dit-on) de la situation "acousmatique", la musique du même nom arrivant un peu plus tard, à ce propos, j'ai croisé un ou deux professeurs, qui s'ils n'étaient pas derrière un rideau, enseignaient magnifiquement cette discipline, d'une façon beaucoup plus artistique que scolaire et cela, pas vraiment du goût de l'institution. Cette classe mémorable, n'existe plus aujourd'hui. Enfin, elle existe peut-être mais elle aura été "recadrée" avec d'autres professeurs disons plus "conciliants". C'est bien dommage mais ça confirme votre réflexion.

Les "illustres d'illustrator" on guettera ça, déjà vous tenez un bon titre.

Écrit par : Frasby | dimanche, 28 août 2011

Les commentaires sont fermés.