vendredi, 25 février 2011
Les rues trépassantes
Dans toutes les villes d’Europe, il y a des rues trépassantes
Dont les façades pleurent tous ceux qu’elles ont vécus :
Vieux moines emplis de componction, aux mains jointes sur l’estomac,
Marchandes de légumes, aux fesses rondes sous des jupes longues,
Vieux célibataires secs à l’épaule qui tombe, sous le frac sombre,
Ecoliers vifs, maîtres sévères,
Et mendiants quémandant, disant à chaque pièce qui tombe : « joie et bonheur sur votre famille »
Et polissons, polissonnes, gueux, gueuses, vaillants, vaillantes,
Tels,
Sur les vitraux emplis de suie des chapelles pleines de suif de l’église du quartier
Les sujets chrétiens, presque effacés par la pénombre ou le vacarme.
C’est triste et fade,
Un bâtiment replâtré, une rue restaurée, ravalée
Et ces arêtes désolées, aux angles des murs qui demeurent,
D’avoir été séparées d’autres, abattues,
Je salue, de ces rues très passantes
Les fantômes épiphaniques,
L’immense foule de ceux qui ont vécu.
Gravure : Le tournant Saint-Côme à Lyon, Drevet.
19:43 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, poésie, lyon, quartier grolée |
Commentaires
C'est très beau, c'est Solko. Merci. Et pour cette gravure aussi; déjà rien que pour la jeune fille qui à l'ombre de la cathédrale retrousse sa jupe, à cause de la pluie sur le pavé.
Écrit par : Sophie | vendredi, 25 février 2011
Connais tu
La rue "esquiche coude"
les harenguières
la verte langue
des poissonnières,
Les marlous,
Le filles tenant
le haut du trottoir.
Connais tu
les stands floralies
Mimosas ,
en bottes,en tas
les fleurs du pays
A l'étal
pour faire joli.
Connais tu
les marchandages
pour le plaisir des mots
Catch impro
pour un foulard
ou pour un pot.
connais tu
Ces lieux
de vie et de mort
Putain de vie
A affronter
fier, en citoyen
romain.
Même, les poissons y sont tout ouïes!
Un femme d'amiral , préfet maritime, qui se croyait,importante, par son statut d 'épouse, faisait son choix de poisson avec un jeune officier d'ordonnance. Bégueule de circonstance, elle interrogea « Sont ils frais, ces poissons? » La réponse fut vive et verte. La Dame outragée, menaca « Méfiez vous, j'ai le bras long! » « Té! Çà doit être commode pour vous gratter le cul.»
L'amiral avait de l'humour , lui. A sa prise de poste, furent édités des chéquiers au nom de animal..B. .Il envoya un mot : « animal, dans la marine s'écrit avec un r, d'usage on met le m à la place du n »
Écrit par : patrick verroust | vendredi, 25 février 2011
Paroles à mettre en musique, pour chanter sous la pluie.
Écrit par : solko | samedi, 26 février 2011
Merci pour ce poème, Solko.
En écho, ces extraits :
"Nous devenons les contemporains des morts - car, pour être contemporain, il ne faut pas nécessairement vivre dans le même temps, il faut savoir lire dans le temps de l'autre la conséquence de mes actions, et dans mon propre temps l'anticipation d'autres métamorphoses."
(Le Don des morts, Danièle Sallenave)
"Ce n'est donc pas une absence,
l'ouverture de la fenêtre ou de la fosse devant le ciel. Ce n'est
pas une absence, le galop du cheval,
le remplacement des fleurs fanées par des fleurs fraîches
dans le verre,
avec de l'eau fraîche, le lavage du verre et le geste qui suc-
cède à un autre - quel péché ? -
tout va d'une certaine manière cyclique, toutes les choses
reviennent,
à un niveau plus élevé, nous les retrouvons."
(Quand vient l'Étranger, Ritsos) cité dans "Le Don des morts".
Écrit par : Michèle | samedi, 26 février 2011
De Sallenave, également, "à quoi sert la littérature" chez Textuels."
Le don des morts : Une façon de mettre en perspective le réel et le littéraire très précieuse, autant qu'oubliée par la plupart des vivants.
Écrit par : solko | samedi, 26 février 2011
svp la date de la gravure de Drevet ?
Écrit par : Fosse-aux-Ours | lundi, 28 février 2011
Elle fait partie des dessins à la plume que Joannes Drevet fit pour "Lyon pittoresque" de Auguste Bleton, publié en 1896 chez Bernoux & Cumin.
Écrit par : solko | lundi, 28 février 2011
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