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mardi, 20 avril 2010

Dans les cendres du volcan

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« Qu’on ne me refasse plus le tableau séduisant des voyages poétiques et sauveurs, avec leurs fonds marins, leurs monceaux de pays et leurs personnages étrangement vêtus devant des forêts, des montagnes, des cimes couvertes de neiges éternelles, et des maisons de trente étages… »

Paul Nizan – Aden Arabie, ch. XIII

 

A l'heure où l'on parle d'image de soi, quelque chose d’irritant, quand même, à entendre sur toutes les radios du monde des touristes français incessamment bêler contre les ambassades, geindre devant les sièges de compagnies aériennes et de tour-operators « qu’on ne les prend pas en charge, qu’on ne s’occupe pas d’eux, qu’on ne leur dit rien, qu’ils doivent se débrouiller tout seuls, qu’ils sont laissés pour compte… ». Mais qu’est-donc devenu le voyage ? A faire se retourner dans leurs tombes tous les grands arpenteurs de planète du passé, non ?

 

14:32 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : actualité, société, eyjafjöll, volcan islandais, tourisme de masse | | |

Commentaires

Aujourd'hui on veut l'aventure et l'exotisme sans dangers ni étrangers, en formule all-included.

Écrit par : romain blachier | mardi, 20 avril 2010

Les voyageurs modernistes sont aussi des victimes en puissance. Ne pas vivre son voyage mais le subir bien sûr que ça énerve, surtout quand l'engrenage grippe lui aussi. En fait ce n'est dans ce cas pas ou plus voyager mais se déporter, à la manière d'un sport, et pas drôle en sus. Tout ça all-included! Yes. Le vrai voyage aussi est devenu secret.

Écrit par : Marie-Hélène | mardi, 20 avril 2010

Je vous rejoins sur toute la ligne (et sur toutes les lignes) Solko. Comme si, aujourd'hui, le voyage n'était plus qu'un grand détour pour rentrer chez soi, indemne et intact.

Écrit par : Chr. Borhen | mardi, 20 avril 2010

C'est étrange comme nous nous rejoignons. J'ai moi aussi écrit un billet absolument dans le même sens.

Écrit par : calystee | mardi, 20 avril 2010

@ Romain. Vous savez bien qui est ce "on"...

@ Marie-Hélène : Des victimes consentantes, surtout. Et des victimes nécessaires au système.

@ Christophe : Grande illusion de voyage, nous sommes d'accord.

@ Calystee : Preuve que les grands esprits (les grandes nostalgies ?) se rencontrent. Preuve aussi que les mêmes images nous sont infligées, qu'on n'y échappe plus. Vous avez raison d'insister sur les victimes de Haïti. Votre billet est plus critique que le mien

Écrit par : solko | mercredi, 21 avril 2010

Ce qui me fait sourire surtout, c'est que ces pauvres qui attendent désespérément de se faire "rapatrier" appartiennent tous à la même petite classe sociale, moyenne bourgeoisie de mes deux. Une mère en larmes avec ses trois ou quatre mômes, elle n'est pas du même genre (humain) que la dame qui a aidé à ranger la maison dans le texte de Calystee d'aujourd'hui, si vous voyez ce que je veux dire.
Bref est-il vraiment utile de s'interroger sur ce qu'est le voyage pour ces gens-là ?

Écrit par : Michèle | jeudi, 22 avril 2010

@ Michèle : Il me semble, si j'ai bien lu le texte de Calystee, que c'est bien davantage une question de génération que de classe sociale...

Écrit par : solko | jeudi, 22 avril 2010

Pensez-vous Solko qu'il y ait des générations qui aient échappé aux classes sociales ?
La dame du texte de Calystee, Maria, reste pour moi une femme qui n'a pas la morgue des bourgeois. Elle donne son temps, son amitié, son aide, et sans doute même ce qu'elle n'a pas.

Écrit par : Michèle | jeudi, 22 avril 2010

Cher Solko,
pour introduire une note légèrement discordante, puisque j'étais à New York (mais parti avant et revenu après le blocus aérien : ce qui s'appellerait logiquement "passer entre les gouttes", quoique ce soit fort inapproprié), je signalerai simplement :
1-qu'effectivement ceux qui voyagent ont les moyens de le faire et qu'ils sont, moi le premier, de cette petite bourgeoisie sur laquelle on peut aisément tirer. Et je vous accorde que comparer le désarroi des vacanciers à la misère du monde, bien réelle, est pour le moins déplacé.
2-mais qu'ayant eu pour quelques instants (juste une histoire de papier) le "plaisir" de "fréquenter" le consulat français de New York, j'y ai rencontré des gens d'une grande légèreté (à l'inverse visiblement des Anglais) devant quelques cas compliqués. Or, cette représentation française, sise sur la 5e Avenue, et quand je considère le prix du mètre carré new yorkais il y a de quoi être agacé, a montré de façon assez éclatante son incompétence et son inutilité. A l'heure des tours de vis budgétaires et des appels à la rigueur, il serait bon que l'on s'interroge aussi sur ce corps diplomatique auquel on accorde des rentes fort agréables pour n'avoir visiblement rien d'autre à faire que de profiter d'une villégiature en pays tempéré (mais je ne doute pas qu'il en soit ainsi sous d'autres latitudes). Les vacanciers sont peut-être de nos jours facilement perdus, je le concède, mais il n'est pas non plus utile de conserver des organes qui se noient dans un verre d'eau et qui affichent, contrairement aux discours officiels, une indifférence scandaleuse.

Écrit par : nauher | jeudi, 22 avril 2010

@ Michèle : Non bien sûr. mais je pense aussi que pas une classe sociale n'échappe au consumérisme. Le tourisme de masse en est un, et de taille...

Écrit par : solko | jeudi, 22 avril 2010

@ Nauher :
Content de vous savoir à nouveau sur le Vieux Continent, sain et sauf. A vous lire je découvre que les employés d'ambassades ne sont pas d'une autre nature que les touristes bloqués par le volcan. Remarquez, si ça se trouve, il avait même des employés d'ambassades (d'autres ambassades ) parmi eux.
Le consumérisme ambiant se manifeste autant dans la façon de s'en tenir au boulot à son seuil de compétence minimal, que de se plaindre aux micros des radios dès que quelque chose dans le système se grippe. Serions-nous si majoritairement devenus des consommateurs ? C'est terrible !

Écrit par : solko | jeudi, 22 avril 2010

La question est de savoir s'il nous faut être consommateur de l'Etat ou pas. Ce n'est pas ma philosophie. Encore faudrait-il que l'Etat lui-même ne se comporte pas comme un fossoyeur du bien commun et qu'il ne tienne pas pour quantité négligeable ceux à qui il demande (et de plus en plus dans une société policée et policière comme la nôtre) des comptes.
Pour en rajouter une couche : voir le Monde et le Figaro, entre autres, relayer les discours gouvernementaux d'une retour à la normale en 48 heures (c'est-à-dire demain), je peux vous garantir, pour avoir croisé quelques français à qui on proposait un retour (je ne parle pas de rapatriement) pour le 3 mai !, qu'il y a de quoi se dire que vraiment la presse est à la botte.
Encore une couche : vous et moi renflouerons les pertes d'Air France et de KLM. Pour cela, ils sauront trouver des solutions.
Bien à vous.

Écrit par : nauher | jeudi, 22 avril 2010

@ Nauher : Encore, s'il n'y avait que les caisses d'Air France et de KLM à renflouer : nous serions riches !

Écrit par : solko | jeudi, 22 avril 2010

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