samedi, 20 mars 2010
Les paradoxes de Jean-Jacques
« Le goût des lettres et des arts naît chez un peuple d'un vice intérieur qu'il augmente; et s'il est vrai que tous les progrès humains sont pernicieux à l'espèce, ceux de l'esprit et des connaissances qui augmentent notre orgueil et multiplient nos égarements, accélèrent bientôt nos malheurs. Mais il vient un temps où le mal est tel que les causes mêmes qui l'ont fait naître sont nécessaires pour l'empêcher d'augmenter; c'est le fer qu'il faut laisser dans la plaie, de peur que le blessé n'expire en l'arrachant. Quant à moi si j'avais suivi ma première vocation et que je n'eusse ni lu ni écrit, j'en aurais sans doute été plus heureux. Cependant, si les lettres étaient maintenant anéanties, je serais privé du seul plaisir qui me reste. C'est dans leur sein que je me console de tous mes maux : c'est parmi ceux qui les cultivent que je goûte les douceurs de l'amitié et que j'apprends à jouir de la vie sans craindre la mort. Je leur dois le peu que je suis. Je leur dois même l’honneur d’être connu de vous. »
(Rousseau à Voltaire, 10 septembre 1855)
09:36 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : rousseau, littérature, lettres, lecture |
Commentaires
Tiens j'aime beaucoup ce paradoxe, Solko. Merci.
(pour Quiroga je verrai dans le WE si j'ai ça dans mes archives)
Écrit par : tanguy | samedi, 20 mars 2010
Moi aussi, Tanguy. Et j'aime bien le piaf, qui attend de patte ferme.
Pour Quiroga, s'il y avait aussi la version espagnole, ce serait bien.
Bonne nuit à tous deux.
Écrit par : Michèle | samedi, 20 mars 2010
@ Tanguy : C'est le paradoxe de l'impossible retour.
@ Michèle : De patte ferme, vous l'avez dit...
Écrit par : solko | samedi, 20 mars 2010
"J'ai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain (le "Discours sur l'origine"), je vous en remercie.
On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes : il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage.
Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi. "
(Voltaire à Rousseau, 30 août 1755)
Écrit par : Caffet | samedi, 20 mars 2010
Bonjour,
L’intérêt que vous portez à Voltaire m’incite à vous indiquer ceci :
Il y a deux ans une lecture attentive de sa Correspondance (treize volumes à la Pléiade) m’a conduit à publier un livre dont le contenu ne cesse de me surprendre, dans la mesure où la mise en relation de 1500 extraits environ de cette même Correspondance et des événements historiques sous-jacents ne paraît pas pouvoir laisser place au moindre doute sur le caractère délibérément faussé de l’image qui nous a été donnée de ce personnage.
Je souhaiterais vivement que vous puissiez partager mon extrême surprise en consultant, si vous le voulez bien, la rubrique "livres" du site : www.cunypetitdemange.sitew.com
Tout à la fin de cette rubrique, là où apparaît une reproduction de la couverture de "Voltaire – L’or au prix du sang", un clic sur le mot "Voltaire" (à gauche, en bleu) vous permet d’accéder aux quarante premières pages du livre lui-même.
Cette façon quelque peu abrupte de venir vers vous ne fait sans doute que rendre compte de mon propre désarroi, car, si je ne me trompe pas, un énorme travail de réinterprétation reste à faire, et non sans conséquences diverses…
Très cordialement à vous,
Michel J. Cuny
Écrit par : Michel J. Cuny | dimanche, 15 avril 2012
Voltaire est un penseur à baccalauréat.Songer au nombre de Français qui n'ont lui que Candide...
S'attaquer à ce bourgeois, c'est s'attaquer à un Panthéon. Mais pourquoi pas ! Merci de votre visite.
Écrit par : solko | lundi, 16 avril 2012
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