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mercredi, 10 mars 2010

Pour saluer Paul Virilio

« La nature de l’échange change, aussi bien dans sa dimension interpersonnelle que dans celles des moyens de diffusion de masse. L’informatique (au sens de stockage instantané des divers types d’informations) a fondamentalement modifié la signification de l’information. Aucune, désormais, ne peut être neutre ou sans valeur dans une époque systémique où le fragment prend son sens de l’ensemble. Puisque la nouvelle la plus banale est indispensable à la perfection structurale du système, il faudra désormais exploiter la banalité comme on exploitait l’originalité, l’exceptionnel, le bizarre… Nous serons donc inévitablement épiés, testés, écoutés, soupesés, reniflés, sondés… et ce sera moins notre personnalité qui intéressera l’interlocuteur que le détail sans importance que nous lui apporterons, fragment qui en prenant place dans l’ensemble systémique, le complètera comme un puzzle, un puzzle jamais terminé d’ailleurs. Un peu comme ce collectionneur qui possède toutes les pièces d’une collection à l’exception d’une seule, et ressent ce manque comme une imperfection, l’Etat recherchera auprès de nous avec une fébrilité toujours plus grande la pièce manquante que nous pourrions lui refuser, sans même le savoir le plus souvent. Voilà la dernière conversation, la vérité n’est plus qu’un piège. Comme l’excès modifie le sens des actions, celui de l’Etat moderne pervertit la vérité des rapports sociaux. L’excès est désormais dans les gestes les plus ordinaires, dans la quotidienneté le plus simple, il nous faut maintenant nous méfier de ce qui n’était rien. En période d’outrance, d’excès généralisé et totalisé, il n’y a plus de vices ou de vertus, tout est foncièrement vicié, la disparition même de la guerre comme de la paix au profit de la crise est bien significative, ici, d’un bouleversement dans le statut social. »

Paul Virilio. La délation de masse, U.G.E. 10/18 cause commune, n° 1, 1975, p 38-40

 

 

Ces lignes furent écrites en 1975... Il y a quelque chose de la lucidité de cet homme avec quoi je me sens en réelle empathie.  Autre chose devant lequel j'éprouve une certaine réserve. Comme si cet optimisme qu'il évoque à la fin de cette video ne me paraissait  que rhétorique. Mais qu'importe.  Pour saluer Paul Virilio, 9 minutes et quelques d’intelligence avec lui, évoquant « l’université du désastre » :

 


Interview de Paul Virilio
envoyé par obole_le_nain_malin. Enregistrement de janvier 2009

20:06 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : paul virilio, l'université du désastre, société, philosophie | | |

Commentaires

1975, incroyable !
J'écouterai la vidéo ce soir. J'ai lu deux ou trois livres de Paul Virilio, (dont "L'art du moteur") ; un urbaniste-philosophe, dont la critique de la "vitesse" m'a toujours intéressée. Il a forgé le néologisme de "dromologie" (du grec dromos, la course, la route ; et en français la "rue", la "ruée")

http://multitudes.samizdat.net/Dromologie-logique-de-la-course

Écrit par : Michèle | mercredi, 10 mars 2010

Merci, intéressant en effet. Une question me trotte dans la tête...: peut-on se passer de maîtres??? (Nous ne sommes poas obligés d'en chercher et d'en trouver UN à la manière d'une idole d'ailleurs). Je ne pense pas que la seule visée horizontale suffise: il faut des deux, horizontalité et verticalité. Enfin, je n'arrive pas à penser autrement.

Écrit par : Marie-Hélène | mercredi, 10 mars 2010

PANDEMIE

Les vents n'ont aucune prise
Au pied de l'éolienne
Dont la girouette
Enivre d'énergie
Les yeux de l'omission

Le désastre est un sourire
Sur fond d'apocalypse
Lucy danse sur la foudre
Des radiations nucléaires
Missiles balistiques haute densité

Et le language s'émerveille
Des tours de Bab-El-oued
Sur lesquelles l'eau de pluie
Scintille telle une acrobate
Qu'un feu d'artifice enchante
De ses plumes multicolores

Écrit par : gmc | jeudi, 11 mars 2010

Bel hommage ! Sans vouloir chipoter, peut être y a t-il un petit paradoxe à poser une vidéo à propos de quelqu'un qui déplore que nous ayons une forte tendance à ne nous fier qu'aux images. Peut être Paul Virilio aurait il mérité un traitement tel celui qu'infligea le disciple de Pythagore à son public : hop ! derrière un rideau. Juste la voix, écoute pure sans nulle autre attraction. La présence insidieuse du col roulé beige de Paul Virilio peut elle altérer notre méditation ? Serait il vraiment possible de lire votre blog en fermant les yeux ? Que de questions, que de questions... Quoiqu'on en dise votre billet entier est une très vive invitation à relire Paul Virilio. Merci Solko !

Écrit par : Frasby | mardi, 16 mars 2010

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