jeudi, 09 avril 2009
Le lavement des pieds
Autre tableau du musée de Dijon (au passage, je vous signale que l’entrée en est gratuite – c’est suffisamment rare pour être salué), ce Lavement de pieds de Peter-Paul Rubens. Au début, je ne voulais pas croire que la toile était de Rubens : Le livre ouverts entre deux torches allumées, les poses des personnages, leurs mains surtout, un petit côté Frédérick Lemaître chez certains (la pose de l’apôtre au-dessus de Pierre…) , bref, cela me semblait un peu trop romantique. Et puis après je me suis dit que Rubens ou pas, y’avait qu’à ignorer ce que disait le carton... Je suis si peu spécialiste en la matière. Et donc j’ai regardé. Et la scène s’est animée. Les trois bougies se sont mises à vaciller, à se répondre. Comme les disciples. En fait, c’est fou le vacarme qu’il y a dans ce tableau quand on le regarde de près. Il y a autant de bruit qu’il y avait de silence dans celui qui précède (Le Glas). Oui, les couleurs de Rubens font du boucan. Et l’espace est petit. Un faux geste, et on se retrouve hors du tableau. Judas, évidemment, l’a quitté déjà. Danger que signale le vent. Car cela a beau être un intérieur, la scène (Cène) pascale est traversée de vent. Regardez les torches. Sur la nappe blanche va se répandre du sang. Du moins est-ce ce qu’annonce le Livre ouvert, là-haut. Et au-delà du sang, de l'huile, le génie du christianisme.
00:11 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : rubens, musée de dijon, peinture, lavement des pieds, religion, paques, semaine pascale |
Commentaires
Magnifique.
Écrit par : Sophie L.L | jeudi, 09 avril 2009
Je trouve Solko très difficile de juger ce tableau à partir de sa reproduction, sincèrement... Mais votre texte est superbe, et je crois savoir d'où lui vint l'inspiration...
Le tableau est tronqué chez moi je n'ai qu'une bougie. Mon écran emploie une résolution peu courante (1600x1200 sur un 15"), ceci doit expliquer cela.
Écrit par : tanguy | jeudi, 09 avril 2009
Belle Cène !
Et bon Triduum à vous même si votre texte annonce déjà un Souffle pentecostal qui arrivera selon les prévisions météoliturgiques dans un poil plus de cinquante jours.
En attendant, oui, du blanc, puis du rouge, beaucop, pour traverser la nuit noire vers la blanche aurore.
Écrit par : Zabou | jeudi, 09 avril 2009
Oui, le vent qui sort la scène (la cène) de l'immobilité, préfigurant l'action qui ne va pas tarder à se mettre en branle. C'est le vent de l'Histoire qui souffle là (ou un simple courant d’air?), nous faisant comprendre que quelque chose va se passer. Belle manière, pour un peintre, de gérer la notion du temps.
A la simple bougie qui est sur la table et qui éclaire les convives correspond les deux flambeaux tournés vers l'immensité du ciel et qui viennent faire comprendre qu'on passera bientôt d'une scène humaine à une scène mystique, la Pentecôte (on notera d'ailleurs que ces deux flammes sont déjà au dessus de la tête d'un des disciples, autre manière de symboliser l'avenir).
Bel emploi des couleurs par ailleurs. Le blanc de la nappe symbolisant la pureté, le rouge préfigurant le sang qui va être versé. Quant au Christ en bleu sombre… je ne sais pas. Le bleu clair symbolise souvent la virginité, mais ici le bleu sombre ? On remarquera que le Christ n’est pas le personnage le plus voyant, ce qui correspond bien à son rôle modeste de laveurs de pieds.
Écrit par : Feuilly | jeudi, 09 avril 2009
Merci de ce partage Solko. C'est précieux vous n'imaginez pas à quel point. Je trouve anormal que les petites villes soient privées de musées et que des centaines de milliers de gens dont je fais partie ne puissent avoir une fréquentation régulière des oeuvres.
J'ai lu votre texte avec intérêt et le commentaire de Feuilly. C'est une éducation pour moi, je ne connais grand-chose ni en peinture ni en histoire religieuse. Or cela devrait faire partie de la formation d'une personne, la connaissance du monde dans lequel elle passe. Comment se faire des idées justes sinon?
Écrit par : michèle pambrun | jeudi, 09 avril 2009
Comme Tanguy le dit, on voit mal à l'écran, mais il n'empêche. L'essentiel est là. Et ce serait formidable si ça continuait, ce partage sur nos écrans...
Écrit par : michèle pambrun | jeudi, 09 avril 2009
C'est vrai, que je préfère votre texte à cette reproduction difficile à apprécier sur écran peut être à cause de l'éclat inhabituel des couleurs ? Je ne sais pas quelle est la résolution de mon écran mais j'ai dû relire au moins dix fois qu'il s'agissait d'un Rubens, ma version étant un peu "Rubens Psychédelique". Merci pour le boucan, C'est cela. Et l'oeil en souffre un peu aussi mais c'est bien.
Bizarrement, pour "le glas", tous ces problèmes de résolutions d'écran me passaient bien au dessus... Par contre j'ai des blancs fabuleux. Mais ce que je préfère ici c'est l'organisation de la toile enfin bon, cet équilibre (faire rentrer tout ce petit monde ceboucan, ce chaos dans ce cadre avec autant d'élégance, sans qu'il y ait un doigt qui jure (si j'ose dire), une tête qui dépasse. C'est pure folie , quelle maîtrise , que cette composition, on peut dire "géniale" .
Merci pour Le musée de Dijon (forcément c'est une tentation) Et votre texte bien sûr...
Écrit par : Frasby | jeudi, 09 avril 2009
Une autre image du même tableau, où les couleurs sont moins vives:
http://www.linternaute.com/musee/diaporama/1/7279/musee-des-beaux-arts-de-dijon/5/34154/le-lavement-des-pieds/
Écrit par : Feuilly | jeudi, 09 avril 2009
Sur mon ordi perso (ce matin j'étais sur un autre ordi) je vois beaucoup mieux les nuances de bleu, en tout cas comment la lumière joue sur ces bleus et le bleu sombre dont parle Feuilly, est plus marqué dans le drapé au-dessus de la Cène.
Et du coup sur mon ordi, je vois mieux celui publié par Solko que celui que nous indique Feuilly.
Écrit par : michèle pambrun | jeudi, 09 avril 2009
J'aime bien qu'on me dise que j'ai raison, surtout des femmes. N'abusons pas des bonnes choses... (ce n'est pas mon renge)
Écrit par : tanguy | jeudi, 09 avril 2009
Merci à tous les commentateurs d'avoir ainsi, d'ordi en ordi, décliné les nuances et les couleurs de ce tableau. De toute façon, rien ne vaut, en effet, une visite en vrai et un moment passé devant l'original. Le musée de Dijon, situé dans le Palais des Ducs de Bourgogne (où se loge aussi la mairie) vaut vraiment le déplacement.
Écrit par : solko | jeudi, 09 avril 2009
Bonjour, je découvre ce tableau et votre magnifique commentaire ( j'irai le voir lors d'un de mes passages à DIjon).
J'ai écrit aussi aujourd'hui une note sur cette scène dans la cène.
http://solombre.hautetfort.com/
Écrit par : Solombre | jeudi, 09 avril 2009
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