samedi, 31 janvier 2009
L'Eglise renoue avec ses démons
L’évêque intégriste anglais Richard Williamson, qui avait nié l'existence des chambres à gaz, a exprimé hier vendredi des "regrets sincères" pour les "souffrances" causées au pape Benoît XVI par ses "remarques imprudentes". Cela après que le pape a réaffirmé auprès des juifs « sa solidarité »
Le négationnisme des intégristes, au sein-même de l’Eglise, est une chose blessante, inacceptable, abjecte, comme l’a souligné Gilles Bernheim, le nouveau grand rabbin de France. C’est aussi l’expression minoritaire et accablante pour elle d’une sorte de tradition initiée par Drumont dans la France Juive, combattue à l’époque par Léon Bloy dans Le Salut par les Juifs. Dans un tel contexte, alors que l’Eglise semble retrouver ses vieux démons – comme d’ailleurs beaucoup d’institutions en cette période de régression intellectuelle mondiale & généralisée - on ne peut que soutenir dans sa démarche le cardinal Philippe Barbarin qui déclarait ce matin, sur RTL, à propos des excuses de circonstances présentées hier par l'intégriste Williamson: «Ce sont des excuses tout à fait insuffisantes qui ne correspondent pas à celles qu'avait exprimé son supérieur qui avait dit "je demande pardon au pape et à tous ceux que ces propos ont blessés", il n'a eu aucune rétractation ». Les déclarations négationnistes "sont des propos lamentables, scandaleux, révoltants, pour les juifs comme pour les catholiques, c'est ce que le Pape a dit", a ajouté l’archevêque, précisant qu'il ignorait si ces "excuses" de Williamson étaient spontanées ou sollicitées par le Vatican. Depuis le début de la polémique provoquée par la décision de Benoit XVI, le primat des Gaules tente de trouver une voie au juste milieu : « Il faudrait aussi oser leur parler et ne pas les traiter directement comme le diable, leur dire : Pourquoi affirmez-vous des choses objectivement fausses ? Vous rendez-vous compte de la blessure que vous infligez à des millions de personnes.» Cette démarche est-elle initiée par le Vatican, est-elle une prise de position personnelle ? Les évêques de France doivent se rendre à Rome la semaine prochaine afin de faire le point avec Benoit XVI sur les tensions multiples suscitées par sa décision. D'ici là, la polémique a encore le temps de grandir dans les medias. Affaire à suivre...
19:43 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : christianisme, barbarin, bernheim, williamson, pape, benoit xvi |
Commentaires
Ah vous êtes arrivé à bout des problèmes de publication... Je me demande pour quelle raison l'Eglise s'empresse presque de prêter le flanc aux critiques. Comme si l'opinion et les medias ne lui étaient pas suffisamment défavorables.
Écrit par : Tang | samedi, 31 janvier 2009
Vaste problème et les propos de Mgr Barbarin sonnent bien juste dans une mêlée inextricable de passions et de médias mal-informés (et souvent incompétents en la matière) : merci de nous les partager.
Car oui, la polémique n’est pas close, et, même si l’on a ressorti à l’occasion de la levée de ces excommunications des paroles datant d’il y a plusieurs mois, ces propos n’en demeurent pas moins inacceptables.
Pas parce qu’ils viennent s’accoler à une décision de levée de sanction auprès d’une certaine mouvance, comme on cherche trop à le faire croire pour discréditer certaines « âmes de bonne volonté » (je précise que je n’ai aucun lien de près ou de loin avec cette fraternité, bien au contraire, mais j’y connais quelques belles âmes), mais bien parce qu’ils existent tout simplement. Et qu’ils peuvent hélas être emblématiques d’une frange des intégristes et non pas du seul Williamson.
Le catholique est un pécheur toujours relevé… mais encore faut-il qu’il s’agenouille avant, repentant.
@ Tang : je pense surtout que le pape souhaite vraiment une réconciliation -ce qui est beau en soi !- mais je crains qu’il ne se rende pas compte de ce que j’appellerais les « réalités du terrain des p’tits cathos de base qui pataugent dans la boue ». Alors, c'est chouette pour eux...
Écrit par : Zabou | samedi, 31 janvier 2009
@Zabou: J'ai du mal à voir le pape en naïf tout de même... Enfin ce sont là des questions qui nous dépassent.
Écrit par : Tang | dimanche, 01 février 2009
@ Tang. Jamais aucune question ne doit nous dépasser car elles nous concernent tous. Ensuite, on les perçoit avec sa croyance ou sa sensibilité mais là, c'est une autre histoire.
Écrit par : simone | dimanche, 01 février 2009
C'est vrai ce que vous dites, toutes nous concernent. Je révère la curiosité intellectuelle, mais ce n'est pas sans effroi que j'aborde quelquefois certaines questions, que je sais au coeur d'enjeux politiques sordides. idem de certaines question d'ordre religieux.
J'ai la sensation que certaines pans de la connaissance sont dangereux, qu'il vaut mieux éviter ces sombres ruelles si l'on n'a pas les mots de passe. Qu'il faut être "initié" en quelque sorte.
J'ai dû trop lire Lovecraft étant jeune... (enfin on ne le lit jamais trop, même plus vieux!)
Écrit par : Tang | dimanche, 01 février 2009
@ Tang -" Qu'il faut être inité en quelque sorte " ...
C'est ainsi que l'on entre en maçonnerie, non ? Si on n'a pas reçu la lumière, on ne peut pas comprendre ? ... La question s'est posée à une époque mais j'ai préféré rester à l'extérieur et conserver mon libre arbitre. Sinon, effectivement, il vaut mieux - peut-être - ne pas trop en savoir afin de préserver un semblant d'illusions ... Comme disait Rostand " ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul."
Écrit par : simone | dimanche, 01 février 2009
Ma préférence va à d'autres maîtres qui ne trichent plus, qui n'ont plus d'intérêt à le faire. Les morts. D'ailleurs si on dit toujours du bien des hommes quand ils ont trépassé ça doit être pour cela: ils acquièrent l'honnêteté du tombeau. Personne ne s'y trompe.
Au revoir Simone.
Écrit par : Tang | dimanche, 01 février 2009
@ Simone : Rester à l'extérieur etait, dans ce cas-là, la sagesse, effectivement. Ce que Rousseau appelle, dans ses Rêveries, "être seul" (il n'y a que l'homme seul qui soit bon).
Je comprends bien.
@ Tang : L'honneteté du tombeau, jolie formule, en effet. Qui se double de la solitude et du silence.
Écrit par : solko | dimanche, 01 février 2009
Solko, j'en ai fait un poème car je trouvais cela bien beau. J'ai changé "honnêteté" en dignité pour des raisons de sonorité, peut-être ai-je mal fait.
Écrit par : Tang | dimanche, 01 février 2009
Et si la réintégration des intégristes annonçait en fait la fin de l'excommunication ?
car c'est bien de cela qu'il s'agit.
Peut-être l'Église n'aurait-elle jamais dû excommunier,
dans le passé, excommunier signifiait condamner à l'enfer.
c'est ce principe d'excommunication qui me scandalise, plus que la réintégration qui, dans les faits, ne changera rien.
Écrit par : Rosa | dimanche, 01 février 2009
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