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lundi, 14 juillet 2008

Comme de bien entendu...

La table n'est pas complètement desservie et les adultes ont entamé une partie de cartes. C'est un Quatorze Juillet. A la télévision, on passe Circonstances atténuantes, le film de Jean Boyer. Une partie de coinche, pour être précis. Trop petit pour participer à ce jeu, le gosse révasse dans son coin. Tout à coup, il y a cette phrase qui surgit du poste : "vous en avez pas marre de jouer à la belotte ?" Une phrase qui rejoint la rêverie du petit gosse qui s'ennuie. Les hommes fument, les femmes ricanent, on boit en mijotant des coups derrière ses cartes. En arrière plan, l'accordéon et puis des volutes et des volutes de fumée dans la pièce. "On rigole pas tous les jours avec tous ces marins", balance Arletty. Qui a la main, au juste ? Tous sont assis sur des chaises en bois, exactement comme à la télé qui, décidément, se met à ressembler de plus en plus à eux tous, désormais, au monde.. quand soudain : "Elle était jeune et belle..." Et quelqu'un - un père, oncle, un cousin, un voisin ? - se met à répondre à la télé : "comme de bien entendu". Et au fur et à mesure que défilent des images et les paroles, tous s'y sont tous mis, en tapant leur carton autour de cette table pas complètement débarassée. Les femmes, aussi, d'habitude peu loquaces, les femmes aussi, qui connaissent par coeur les paroles :


La chanson parle de "se mettre en ménage", de "chômage", de "loterie", de "gagner du pèze" de "mains au cul" et de "PMU". Que des questions fort éloignées des préoccupations du petit gosse. Irruption soudaine d'un monde à venir, déferlement comme magique  d'un monde extérieur que tous connaissent, tous pratiquent, tous ces adultes, sauf lui, l'enfant :  Le petit gosse se sent presque de trop parmi eux, qui reprennent en choeur; il ne sait plus s'il est impatient de grandir ou s'il ne ferait pas mieux de disparaïtre. Ils chantent en trinquant, ils se lèvent de leurs chaises, et ronronnant au centre d'eux tous, il y a un poële, le même genre de poële que dans le film. Circonstances atténuantes. Et voilà que tous les adultes se mettent à siffloter comme des loriots sur des accords d'accordéon, comme de bien entendu...  eux qui ont rarement l'occasion de s'amuser, c'est vrai, de se détendre, comme ça, en la présence du petit gosse, en tout cas. Ils ont l'air d'être retombé dans leur enfance. Alors, en ce très vieux jour, lui, il commence à sortir de la sienne.

00:10 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, arletty, chanson, 14 juillet, michel simon, jean boyer | | |

Commentaires

Madame Arletty !!!!!!!!!!!

Écrit par : Lephauste | samedi, 22 novembre 2008

@ Lephauste :
Merci de votre visite. Oui, Mme Arletty, et tous ses acolytes. Grâce à votre passage, j'ai revisionné l'extrait. il me fait toujours le même effet, mal-être joyeux, c'est cela, à la pensée qu'ils sifflaient tous comme des joyeux lurons et qu'ils sont tous morts à présent.
Mon bon salut itou à vous.

Écrit par : solko | samedi, 22 novembre 2008

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