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samedi, 29 mars 2008

Des bêtes et des objets.

Dans les cliniques vétérinaires, on trouve la même population que dans les pharmacies, sauf que là, au lieu de se réciter leurs propres bobos, les mémères à chats new-age se récitent ceux de leurs animaux favoris. Les assistants en blouses blanches ont besoin de redoubler de patience à l'écoute de tout ce qui se raconte là. Tenir une banque de clinique vétérinaire, apparemment, c'est un peu comme tenir un comptoir, ça revient à assumer un boulot de psy. Débat animé dans l'espèce de salle d'attente de trois mètres carrés sur le confort des litières, par exemple, ou sur le rapport qualité-prix : Car les marques et leur empire ont ici aussi gravé leur empreinte. Derrière la banque, une enfilade de sachets et de boites colorées de toutes dimensions bordent de chaque côté le couloir qui conduit au cabinet du docteur. "Perlinette, donc, c'est vraiment très bien. Les grains sont gros, on n'en trouve pas partout autour  (nb : des grains hors de la caisse). Et il ( c'est le chat) aime ça !" Ensuite, la conversation tourne sur les rondeurs des petits chéris : "C'est qu'il fait huit kilos, à présent... C'est vraiment un très beau chat !" Ici, la moyenne d'âge des maîtresses dépasse largement la cinquantaine, car le sexe dominant est nettement féminin. Je ne peux pas m'empêcher de penser à des petites filles mal grandies, qui jouent encore à la marchande avec leurs animaux. Tout à l'heure, elles joueront à la poupée.

Sous la haute verrière de la salle des ventes, plusieurs maisonnées défilent chaque semaine, bribe par bribe, brin par brin, au fil des successions. Autre lieu, autre moeurs : la salle des ventes est emplie d'une population presque exclusivement masculine. Les pros ne sont jamais assis : c'est presque un signe distinctif; la mobilité, dans le métier, c'est une vertu cardinale. Debout en fond de salles ou sur les côtés, ils vont, le portable à la main, ils viennent, échangent des poignées de mains, des clins d'oeil entre eux. Et quand une affaire les intéresse, ils s'approchent de la banque du commissaire-priseur d'un pas leste, tâtent ou lorgnent de plus près l'objet, font ou non un signe de la main avant de retourner à leurs conciliabules. Sur les chaises, ceux qu'on appelle les particuliers : ni brocs ni antiquaires, souvent retraités, quelques badauds, une poignée d'amateurs specialisés qui dans les faïences, qui dans l'argent, qui dans l'étain... Arrondir ses fins de mois. Auprès du pape des lieux, chacun a son petit négoce intérieur, sa conversation particulière, son rapport intime. Avec le commissaire-priseur, c'est un peu comme avec l'instit'. D'ailleurs on lui donne du Maître. La aussi, chacun a l'air de grand enfant. Du spécialiste averti au poulet qui vient se faire plumer, chacun a au fond de lui cette passion secrète pour l'objet.  Une tisannière accidentée début XIXème part à cinq euros, un porte flacon en chagrin rouge du XVIIIème à 130, une tête de Saint-Denis du XVIème à 240... Cela monte et redescend selon un rythme très étudié, qui laisse à chacun le temps de souffler. De temps en temps, le patron des lieux annonce la pièce rare. Ses adjoints décrochent les téléhones. Dans un moment d'éblouissement, l'enchère grimpe, 3000, 7000, 150.000. Les Gueux du Marche aux Puces et d'ailleurs se donnent l'illusion d'être bardés de pognon. Un collectionneur étranger à emporté la mise. Tout retourne dans l'ordre. Un lot d'assiettes dépareillées...

14:33 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : société, chats, chiens, vétérinaires | | |

Commentaires

La description de la salle d'attente du veto, c'est pure imagination ou expérience personnelle ?...

Écrit par : Porky | samedi, 29 mars 2008

Un peu des deux, comme d'ailleurs celle de la salle des ventes

Écrit par : solko | lundi, 31 mars 2008

Les commentaires sont fermés.