mardi, 11 mars 2008
Vesoul for ever, ensemble et autrement
On prend peur, je vous assure, en parcourant du regard les feuilles consacrées aux résultats des municipales en France. Vous saute alors aux yeux le panorama sinistrée de l'ambition politique de vos contemporains. Premier constat : comme s'ils étaient saisis de honte à l'idée de prononcer leurs noms (leurs sigles plutôt, initiales obligées auxquelles les ont réduits les médias), il n'est plus un parti pour oser se déclarer ouvertement. On parle encore d'UMP, de PS, de Modem et de FN sur les ondes, certes. Mais sur les listes, si vous prenez le petit village type de Clochemerle les Oies, cela donne : En avant pour Clochemerle, Agir autrement à Clochemerle, Réussir ensemble à Clochermerle, Faire front à Clochemerle. Vivre ensemble à Clochemerle les Oies incarne donc un but, un idéal, une volonté, une ambition, un combat, c'est selon. « VESOUL FOR EVER » aurait chanté Jacques Brel. « T'as voulu le voir, t'as désormais le nez dedans ». Le nez et tout le reste.
Cette France de conseillers municipaux donne le tournis, le vomi.
Vivre ensemble est devenu le seul programme envisageable à droite. Sa variante de gauche, c'est vivre autrement. Ensemble et autrement, c'est le pari fou du centre. Voilà tout.
Deux adverbes devenus deux clichés, pour résumer la pensée politique d'un pays en état de coma cérébral avancé. Le citoyen ordinaire se pavane sur les écrans, joue son petit Nicolas ou sa mariale Ségolène, comme quoi, on est tous bien égaux, hein ! Demain Clochemerle, Clochemerle avec vous, Ma passion Clochermerle, Clochemerle mon village, Avantage Clochemerle, Grandir et aller toujours plus loin à Clochemerle, Ouvrons l'avenir à Clochemerle, Clochermerle Citoyen...
France des nains de jardins, France des mots croisés.
France de l'anniversaire des trente ans de la disparition de Claude François, France des jeux de boule sur la place du village et des mariages devant Monsieur le Maire ou Madame la Mairesse, France du vivre ensemble et de Julien Courbet, lieu commun qui étale sa vulgarité, s'affiche, s'auto congratule sans complexes aucuns.
C'est un paradis étriqué plein de vin rouge et de doux flons-flons. A peine sa puberté achevée, chacun y devient électeur - mais plus lecteur, il parait qu'un livre par mois, c'est déjà énorme! Paradis qui, en Clochemerle de Gabriel Chevallier avait trouvé dès 1934 sa profession de foi prémonitoire.
08:19 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : élections municipale, gabriel chevallier, vesoul |
Commentaires
super, avec mention pour cet excellent vesoul for ever.
Écrit par : gmc | mardi, 11 mars 2008
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