Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 27 juin 2012

Mes excuses

Après sa sortie digne d’une cour de collège, le footballeur Nasri, l'air idiot comme un sale gosse qui a dérapé, vient de présenter ses excuses sur son compte twitter. Dans le goût de ce début de siècle, les excuses. Il y a peu, Michel Platini s’était lui aussi excuser pour sa blague sur les Bleus (prémonitoire ?) :« ’il faudra compter sur les Français s'ils descendent du bus ». Ribéry et sa clique de milliardaires avaient fait de même, on s’en souvient, après leur ridicule sketch africain.

DSK avait lui aussi présenté ses excuses à TFI, dans une parodie grotesque de Clinton les présentant sur CNN. Delarue, qui ne veut pas donner le mauvais exemple, présenta aussi ses excuses en affirmant qu’il croyait à une « deuxième chance ». Pour tenter d’éviter sa démission, le président allemand Christian Wulff s’était lui aussi excusé publiquement après l’obtention d’un prêt immobilier avantageux auprès d’un couple de riches entrepreneurs. Pour ses propos d’un autre siècle sur les nègres, Jean Paul Guerlain avait dû faire de même. Partout, on s’excuse. Cela vire à la pantomime des gueux, pour paraphraser Diderot. Manière de souligner le droit généralisé à l’irresponsabilité et à l’indécence : lors de la dernière campagne, à gauche comme à droite, on exigea aussi des excuses après s’être traité de divers noms d’oiseaux. Ségolène Royal, dame patronnesse excellentissime, demanda un jour de décembre 2012, en raison du blocage de milliers de franciliens sous la neige, « des excuses publiques du gouvernement » de droite de l’époque. En 2010, Obama avait lui-même présenté les excuses des Etats-Unis à… Kadhafi. En juin 2012, c’est l’OTAN qui s’excusa à son tour pour la mort de civils afghans touchés lors d’une frappe aérienne. 

Ce qu’on appelle « la culture de la repentance » (mon Dieu, qu’est-ce que la culture vient faire là-dedans ?), on passe au stade supérieur : Guillaume Pépy, président de la SNCF, a présenté ses excuses pour la participation de l’entreprise à la déportation des juifs. Chirac, champion hors catégories de la repentance, avait présenté au nom de la République ses excuses en 1995 pour le gouvernement de Vichy. Il faut aussi se souvenir de Taubira et de la traite négrière en 2001 (qui fit, au passage, l’impasse sur la traite négrière arabo-musulmane), de Sarkozy et le génocide arménien cet été, pour lequel la Turquie a demandé… des excuses.

A la fin, on finit par se demander ce qui horripile le plus, du crachat ou de l’excuse : 

Et l’on s’interroge. On se demande à l’occasion de quel événement ce cortège cynique et baroque d’opportunistes faussement repentis, d’indécents publics, d’adeptes du contrat éternellement reconduit finira par lasser l’homme de la rue. Combien faudra-t-il de gosses flingués pour un mauvais regard, pour que commence à être remise en cause cette mièvrerie ambiante qui, à l’extrême pointe de son ombilic rhétorique, nie le crime aussi vertement que le châtiment, dans un monde du trop grand nombre où triomphe toujours le plus fort. 


12:44 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : samir nasri, excuses, repentance | | |