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vendredi, 29 juin 2012

La typographie moderne par Robin Kinross

 Publié en 1992, l’ouvrage de Robert Kinross, Modern Typography, connait enfin une version française accessible grâce à Amarante Szidon et aux éditions B42 qui viennent de la publier ; La typographie moderne a intéressé le lecteur intrigué que je suis pour plusieurs raisons :

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La qualité de l’essai, tout d’abord. Du classicisme de l’abbé Jaugeon au radicalisme de Jan Tschichold, de l’aventure du romain du roi à celle de la Kelmscott Press, de l’âge d’or des imprimeurs à celui du do it yourself et des fontes numériques, j’ai suivi avec intérêt la naissance successive de tous ces caractères dans lesquels s’énoncèrent au fil des siècles les textes sacrés et les horaires des trains, la littérature et le commerce. Robert Kinross parvient à nous faire comprendre par quels cheminements qui engagent aussi bien l’attachement à la tradition que la volonté de progrès, le collectif que l’individu, la création typographique s’est développée de génération en génération. Il montre aussi comment, via la division du travail intrinsèque aux ateliers comme via les rêves artisanaux de retour à l’âge d’or des écrivains et des poètes, la typographie a toujours été au cœur  du développement du monde occidental, tant dans son pragmatisme que dans ses utopies.

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Les exemples iconographiques que propose l’ouvrage constituent un deuxième intérêt, avec 25 planches suivies d’un commentaire des sources  La treizième ici reproduite est consacrée à Dwiggins et à son manuel de dessin graphique paru en 1928, et dans lequel il résume 20 ans de labeur. Pour Kinross, Dwiggins représente un exemple significatif et l’application des valeurs traditionnelles à de nouveaux travaux issus de la vie moderne. « Le modernisme est une réaction naturelle et saine devant une surenchère de traditionalisme » déclare-t-il à propos de la création de son caractère Métro. C’est ce lien subtil entre chaque dessinateur et chaque caractère, à travers un contexte historique à chaque fois brièvement replacé, que Kinross parvient bien à expliquer. Je voudrais citer aussi ce qu’il dit d’Eric Gill (‘Solko s’écrit en Gill  sans depuis quelques mois)  « il fut un ouvrier avec les droits d’un ouvrier,  le droit de concevoir ce que je réalise, et les devoirs d’un ouvrier, le devoir de réaliser ce que j’ai conçu. ».

Le dernier intérêt de ce livre de 279 pages, spécialement pour des étudiants, c’est enfin la trentaine qu’il consacre à une bibliographie riche et sélective. Pour ces trois raisons, quel que soit l'intérêt qu'on porte à la typo, une vraie originalité serait de faire de cet essai vieux déjà de vingt ans un livre de plage, le succès de l'été...

 

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Robin Kinross

La typographie Moderne, un essai d'histoire critique, Ed B 42, 22 euros