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mercredi, 26 mars 2008

Un regard sur le théâtre du monde

Sur son blog "théatrum mundi", Pascal Adam a écrit un très beau texte, diaboliquement lucide : "une clope de Paques". Et comme il n'est pas possible de lui laisser de commentaires, je dirai ici à quel point j'ai trouvé ce texte juste. Oui, au coeur de la "modernité" et de ses pseudo-créateurs", c'est trop souvent le mépris pour ne pas dire la haine de "l'ancien monde" et de la vieille Chrétienté qui s'exprime. Pascal Adam s'en prend à tous ces "artistes", qui furent à la culture ce que les concepteurs de mobilier urbain sont au paysage. Ah, ces lampadaires en bordures de chemins vicinaux... Nous habitions un monde dont la scène, les paysages, les vallées, les collines, les rivières  et les cieux étaient chrétiens : le monde de nos pères dont la brutalité, au contraire de la nôtre, était moins massive, et l'arrogance moins destructrice... La machine, le système, l'entreprise, c'est vrai, applatissent, cloisonnent, juxtaposent, et livrent en spectacles, c'est à dire hors de toute signification, tout ce qui était, jadis, utile, juste et beau. "Petits sabotages internes à cette machine de mort", pas seulement mort du paysage, mort de l'être, aussi, qui le regarde. Car comment ne pas être triste jusqu'à la mort devant les dégats déjà occasionnés ?  Flânant un jour dans le Brionnais (une région pourtant préservée - pour combien de temps encore ?), j'entendis quelqu'un jurer contre ces maires dociles et incultes qui délivrent des permis de construire n'importe comment, et qu'il faudrait "bâtonner à mort et laisser sans sépulture"... De même, vous trouverez toujours, parmi cette foule d'élus municipaux, des imbéciles préposés à la culture pour vous lâcher à l'oreille d'un air sentencieux que c'est génial de rendre l'église au théâtre, puisque hein, comme ça, voilà, elle retourne à ses origines...

C'est Bernanos qui rappelait souvent que, pour aimer sa patrie, il fallait aimer ses paysages; et pour aimer ses paysages, il fallait les avoir lus d'abord, avant de les avoir regardés. C'est bien l'allée de peupliers de Proust qui, en effet, a planté en moi un germe d'admiration pour toute  allée de peupliers. A Chateaubriand, je dois le presbytère abandonné, le cimetière recouvert de mousses et de lierres, où qu'ils se trouvent, et quels qu'ils soient. A Nerval, la haie verdoyante en bordure d'un pré. A Barbey, la poésie primitive des landes... Que nous ont-ils fait, ces paysages "d'Ardennes ou du Jura, des Vosges ou de Haute-Marne" pour que nous persistions indéfiniment à les détruire ? Rien. Mais nous sommes devenus un peuple profondément illétré. Trop de gens, qui n'ont jamais fait que lire des BD, aller au ciné ou regarder la télé ne les ont jamais lus, ces paysages. Sont-ils pour autant morts ( les paysages, pas les gens ) ? Allez sur le blog de Pascal Adam lire son très beau texte, vous comprendez que non.

 

 

 

14:57 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : théâtre, christianisme, littérature, paysage | | |