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dimanche, 08 février 2009

Saint-Bonaventure et le magasin Zilli à Lyon

Les retables des chapelles de la Vierge et de Saint-Joseph de l’église Saint-Bonaventure sont sales,

Sales autant que sont miséreux  les roumains mendiant devant l’église du bon docteur séraphique,

Sales autant que sont désertés les offices quotidiens de 16 heures,

Sales autant qu’obscène est à deux pas le magasin Zilli,

Un intrus récent dans ce très vieux quartier.

Benoît de Valicourt est fier de ses manteaux en agneaux ou crocos, de ses costumes à 3000 euros, de ses cravates en soie-duchesse.

Une statue du patron de Saint-Bonaventure trône encore dans la pénombre de l'église, juste au-dessus de la sacristie.

Elle est en carton. On la sortait encore en 1905 pour des processions dans les rues :

Que dirait le pauvre docteur séraphique devant ce faux luxe qui pue l’aéroport de Dubaï ?

Sauvegardé dans la fraîcheur d'un silence vaste et dallé que surplombe une série de lustres, 

Le sanctuaire impose à grand peine dans ce quartier dévasté un espace vide et magnifique où prier.

Ici, on trouve encore des cierges à 0,40 euros pour allumer à ses mortes,

Et à ses morts bien-aimés.

La première église du couvent des Cordeliers date de 1232 :

Elle est la mémoire de ce quartier des bords du Rhône où jadis le quai s’appelait Bon Rencontre.

Lorsque se tint en 1274 à Lyon le Concile convoqué par le pape Grégoire X, ancien chanoine de cette ville,

Jean de Fidenza vint, là, mourir à l’âge de cinquante-trois  ans.

Qu’ils dorment en paix, les bons morts, qui ne connurent jamais le magasin Zilli, sa clientèle vulgaire internationalement, niché

Juste en face de l’église du bon saint.

Autour de la nef jadis,

Chaque confrérie de métiers accumula au fil des siècles sa propre chapelle de guingois :

Corroyeurs, confituriers, tissutiers, taverniers, fondeurs et bouchers,

Tondeurs de draps, tailleurs d’habits.

Pendant la guerre, la plupart des  vitraux sont tombés

Lors de l’explosion du pont Lafayette en 1944.

Elle a fait du bon travail, Mme Lamy-Paillet ;

Merci à Mme Lamy-Paillet, et au dessinateur Louis Charrat

Qui les ont restaurés : ils illuminent de bleu roi, orange, vert lumineux, pourpre.

J’aime tout particulièrement le petit personnage de Saint-Louis, agenouillé en bas du dernier vitrail de gauche dans la chapelle Saint-Antoine de Padoue,

Erigée en 1567 par les pigniers, puis attribuée aux hôteliers et taverniers.
On y voit Saint-Louis passer un habit franciscain par-dessus sa robe toute bleue parsemée de lys dorés :

L’habit franciscain par-dessus l’habit doré :

Une parabole, pour Benoît de Valicourt.

Planet Saturn & le nouveau Monoprix pour les pauvres, l’intrus Zilli pour les riches, le Palais du Commerce juste en face :

Symboles outrageux cernant le coeur sanctuarisé de la défunte paroisse,

Lorsque retentissent les orgues de Saint-Bonaventure, dans les cieux d’hiver comme dans ceux d’été,

Merci mon Dieu que demeure encore l’ancienne église, sa marche usée et son portique masqué,

Surmonté de paroles latines  :

« Erunt oculi mei aperti et aures meae erectae ad orationem ejus qui oraverit in loco isto, dicit Dominus » 

« Mes yeux seront ouverts et mes oreilles attentives à la voix de celui qui priera en ce lieu, dit le Seigneur. »

 

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Le quartier Grolée vers 1890

23:37 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : zilli, saint-bonaventure, grolée, lamy-paillet | | |