mardi, 05 octobre 2010
Démultiplicateur de progrès
On sait que la couleur n’est qu’une illusion d’optique. Que chaque couleur n’est qu’un amalgame d’intensités et de fréquences lumineuses captées par la fovéa et recomposées par le cerveau. On a beau se dire que la plupart des surfaces absorbent certaines longueurs d’ondes et ne réfléchissent que les autres, l’impression spontanée de couleurs posées vraiment là, sur chaque forme, cependant, demeure. Et cela, tout particulièrement l’automne. Car les couleurs, l’automne plus que toute autre, est leur saison.
Cela fait des années, pareillement, que je vois (contre ce que je sais) le soleil se lever, parvenir au zénith à midi « dans son char de feu » (de plus en plus pollué), puis le soir se glisser sous l’édredon tel un roi dans son Versailles vaporeux. A midi, il n’y a pas de réveil à cela, puisque mes yeux l’ont vu tourner. Mais revenons aux couleurs.
Cette impression, donc, que la couleur est sur les objets comme une couche indélébile, impression confortée par des siècles d’illusion figurative, les impressionnistes l’ont, à leur façon, fait voler en éclat, le temps d’une création. Je regarde ainsi ce paysage automnal d’Auguste Ravier, une huile sur panneau, coucher de soleil sur l'étang, une œuvre modeste, comme on dit, et je songe qu’elle est néanmoins plus juste que ce que vit –ou crut voir – le peintre, qu’elle est certes comme un balbutiement de la rétine jetée sur le carton par un pinceau qui, du monde, ne sut guère plus que je n’en saurai jamais, mais que pourtant, de cet homme mort à moi qui le serai bientôt, elle transmet quelque chose de ce que nous étions, sommes, serons : et si modeste soit-elle, elle multiplie à l’infini sa valeur.
Il est donc très clair que le peintre, comme le poète, s'il est démultiplicateur de progrès, ne l'est pour lui-même et quelques-uns, et par instants fugaces, par fragments, et jamais de manière acquise. Révélateur d'illusions, faudrait-il dire, et à ce titre seulement, démultiplicateur de progrès.
Progrès : terme que j'abhorre de plus en plus.
19:17 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : auguste ravier, peinture, morestel, art, poésie, littérature, progrès |
dimanche, 03 octobre 2010
Au secours, la gauche revient
Quand je surprends Fabius à la télé, disant qu’il ne comprend pas pourquoi les gens ne se révoltent pas davantage…
Ou Carole Bouquet, qui va réciter du Antonin Artaud sur une scène parisienne, avant de rejoindre ses vignes et ses tableaux, en Italie, faire des leçons de citoyenneté …
Je me dis : « au secours, la gauche revient… »
En même temps, que la droite passe m'indiffère complètement : comme s'il n'y avait plus rien dans le politique, qu'un spectacle sans piment aucun. Plus même un sujet de conversation : simplement, de promotion.
Sur tous ces clowns, ministres, présidentiables, patrons des syndicats, « artistes engagés », il faudrait pouvoir définitivement fermer les yeux, tirer la chasse…
Tout redeviendrait affaire de sommeil…
C'est l'automne non loin d'ici, partout ailleurs. Saison de feu : une toile de Ravier, où plonger le regard.
14:13 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auguste ravier, politique, automne, laurent fabius, carole bouquet |