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mardi, 26 mai 2009

Assises internationales du roman

Connaissez-vous Les Subsistances ?

Les Subsistances, c’est un fort que l’armée française fit construire au XIXème siècle, à l’emplacement du couvent des Visitandines à Lyon, un couvent établi en ce lieu depuis 1640.

Le XIXème siècle fut ce siècle de fer, où l’on tenta de faire croire à de pauvres gens naïfs qu’en mettant des forts militaires à la place des couvents de religieuses, on réglerait leur schmilblick.

Mais à Lyon les canuts savaient bien que tous ces forts étaient en fait dirigés contre eux et contre leur persistance chronique à se révolter contre le bourgeois pour de sordides questions de tarifs.

Par la grâce de Raymond Barre, cet ancien fort se transforma à la fin du siècle dernier en un lieu culturel sur lequel l’ombre toujours pesante de la DRAC plane de toute sa bienveillante autorité.

 

Les Subsistances sont situées en un lieu fort joli,

Un goulot d’étranglement entre deux rocs,

Un défilé étroit que la Saône emprunte avant d’entrer dans la ville.

L’ombre fantastique des archevêques qui habitèrent l’endroit durant le Saint Empire Germanique y plane

Et chaque remou est semble-t-il encore hanté du cri d’un noyé

Ou du rire d’une jolie fille.

 

Du monde entier, depuis hier lundi et jusqu’à dimanche soir, des écrivains du monde entier vont débarquer à Lyon-Saint-Exupéry

Le nombril gros comme un soleil éteint

Pour venir colloquer, conférencer et table-ronder à propos de leur art.

On appelle cela la troisième édition des Assises Internationales du Roman.

Et la Villa Gillet, et France Inter

Sont de la partie, oui, oui

Jadis, Lyon avait ses foires et ses expositions universelles

Maintenant elle possède ça, d’international.

Je suis certain que de nombreux collègues, en activité ou à la retraite, vont s’y précipiter

Des étudiants aussi, pour y paraître.

 

De 10 heures à minuit, durant toute la semaine, les entrées se suivront et c’est à chaque fois cinq euros.

Faites le compte.

 

Mais comme c’est étrange, ces gens assis sur des bancs durs

Ecoutant d’autres, assis dans des fauteuils mous,

Leur parler de ce qu’ils ont ou vont écrire.

 

Lyon est une ville qui a toujours maltraité ses écrivains.

Il en surent quelque chose, Léon Boitel le noyé, et Puitspelu le provincial, et Beraud le bagnard, et Reverzy le médecin des pauvres.

Comme le disait Hannah Arendt, quand une société s’est transformée en une société de masse, elle est condamnée à transformer sa culture en culture de masse, tant le rapport entre culture et société est lié.

Et c’est le boulot de ces écrivains, de ces professeurs, chacun assis, se regardant, de faire cela.

De la faune internationale et médiatisée.

Pivotisée

 

Sur le programme, chaque écrivain (e) a mis sa photo,

Comme en classe le trombinoscope,

Hommes, femmes, jeunes, vieux, blancs, noirs,

Aucun(e)  n’a refusé et certains (es) mêmes

Tels stars et starlettes

Ont pris la pose, eh oui,

La pose d’écrivains comme sur le quatrième de couverture,

Tous en carrés

Quelle époque !

Dimanche soir, (« la veille ») Lanzmann, espèce d’invité d’honneur pour ses Mémoires qui viennent de sortir et que Josyane Savignot a trouvé magnifiquement écrits

A parait-il déclaré, le gros con :

« Le cinéma est le septième art, et Shoah le huitième… »

 

Renversant, non ?

 

Nancy Huston, dont je n’ai jamais pu lire un seul livre tant l’aphonie y est de mise,

Sera l’un des clous du spectacle,

Mais moins cependant que la Dombasle lisant la Duras…

 

 

Comme je n’ai reçu aucune invitation,

Et qu’avec cinq euros, je préfère boire un petit quart de blanc en bordure de Saône

Plutôt que d’écouter des fadaises ou des choses que je sais déjà,

Dans les remous lascifs et presque gourmands de l’ondoyante rivière,

Je guetterai l’ombre des archevêques ironiques

Ainsi que le rire des baigneuses qui venaient y laver,

Sous leurs regards faussement courroucés,

Leur blanche et délicate peau.

 

Il y a quand même un avantage des Assises Internationales du Roman sur les Nuits Sonores,

C’est leur discrétion.

Privilège du tittytainment culturel...

 

Santé !