dimanche, 12 novembre 2017
Jericho, le Précurseur, Zachée, la Tentation
Jericho, la ville des palmiers, passe, aux dires des Palestiniens, pour la plus ancienne du monde, à 258 mètres en dessous du niveau de la mer. Si les touristes que nous sommes ne rencontrent pas la moindre difficulté pour passer le poste frontière qui se trouve à quelques kilomètres, l'affaire se complique évidemment pour les Palestiniens qui ne peuvent entrer ni sortir librement des territoires sans permission. Il existe différents permis et laissez-passer temporaires, pour des raisons de travail ou d’hospitalisation notamment, mais la majorité des Palestiniens n’a évidemment pas le droit de circuler librement en Israël ni de se rendre à Jérusalem. C'est le cas le notre guide en Jordanie, qui a dû rester en arrière, et qu'un autre remplace à la frontière.
poste de contrôle à l'entrée de Jéricho
Non loin de là, la Jordanie et Israël se disputent le lieu avéré du baptême du Christ. Les évangélistes l'ayant situé dans le Jourdain, il est certain que l'une et l'autre rive peut légitimiment accueillir les renouvellements de baptême des pélerins qui se massent de chaque côté de la rivière boueuse. Ce qui est en jeu de part et d'autre, c'est plutôt l'ancienneté des lieux de pélérinages et des sanctuaires. Tout au long de Wadi Kharrar (côté jordanien), les archéologues ont récemment exhumé pas moins de neuf églises de l’époque byzantine, ainsi qu'une petite chapelle qui daterait de la fin de l’époque romaine. Ce qui en ferait l’un des lieux de culte chrétiens les plus anciens découverts à ce jour. La concentration exceptionnelle de bâtiments religieux sur une superficie aussi faible témoigne de la dévotion dont Jean Baptiste le Précurseur fut l’objet dès les premières heures du christianisme.
Saint Luc situe à Jéricho la rencontre du collecteur d'impôts Zachée avec le Christ (Lc. 19, 1-10). Un sycomore commémore aujourd'hui l'endroit présumé où s'enracinait celui au sommet duquel Zachée grimpa pour mieux voir le Christ. Il est sans doute l'arbre le plus photographié de toute la Cisjordanie.
Nous faisons une halte dans l'école Santa Maria, dirigée par des soeurs franciscaines.
L'autre "attraction" de Jéricho est le mont de la tentation, et son monastère auquel on accède par un périphérique. Je confesse ma perplexité devant cette mise en spectacle juxaposée des épisodes de l'Evangile. Il faudrait bien sûr s'arrêter plus longtemps et méditer plus profondément sur chacun, tant ce qui se joua là compta et compte encore dans le sort de l'humanité toute entière : c'est à la fois un émoi superficiel et une grâce inestimable d'être là, selon que l'être tout entier participe ou non à ce qu'il reçoit et ressent. Le salut du monde s'est joué sur ce mont où Satan fut vaincu, le salut du monde c'est à dire le salut de ce car et mon propre salut, et votre propre salut tout autant.
Tel est le paradoxe de ce pélerinage qui ira croissant : Ici comme partout ailleurs en cette terre aussi sainte d'avoir accueilli le Seigneur que maudite de l'avoir sauvagement crucifié, à quelques pas des lieux saints, le commerce perdure et les incantations des musulmans ronronnent, qui persistent contre toute raison à ne voir en Lui qu'un simple prophète...
17:36 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jericho, école santa maria, zachée, sycomore, wadi kharrar |