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mercredi, 29 janvier 2014

Lieux lus, traversés, habités...

Tours, dans laquelle je n’ai jamais mis les pieds autrement qu’en suivant la phrase de Balzac, et ainsi Guérande, et ainsi Saumur.  Dublin, que ne connais que par Joyce, et New York, par Dos Passos ou Kerouac. Je me souviens de ma déception à Illiers ou Venise, oui, même Venise. Ne m’y attendaient ni Rousseau, ni Byron, ni Chateaubriand, ni Proust mais juste la police italienne qui empêchait les jeunes routards de dormir dans les parcs. Par bonheur il y eut Wien, que j’écris à l’autrichienne parce que ces linéales rouges sur la pancarte beige des wagons verts sombres d’autrefois faisaient bouger je ne sais quoi dans mon rêve, et puis je n’avais pas encore lu Zweig et Vienne demeurait une page entièrement blanche. Lorsque j’y débarquais, je n’avais rien à y faire – dépenser un maigre pécule accumulé en travaillant comme garçon de bureau en France – je respirais ma solitude et goûtais les charmes de ma naissance trop tardive dans ces rues comme hantées par des dimensions déjà perdues. Il y eut le parc de Schönbrunn. Ceux qui s’inquiétaient pour moi alors sur Terre sont partis un à un, depuis. Je leur dois quelques grains d’un chapelet qu’ils m’ont laissé à dire pour leur repos devant leurs tombes, avant de larguer à mon tour les amarres en partance pour le grand voyage. Car je faisais semblant alors avec mon sac en toile. D’Amsterdam, de Copenhague, d’Istanbul, de toutes ces destinations pointées sur mes cartes d’alors, je suis revenu. Eux qui sans me juger haussaient les épaules, et qui étaient de rudes terriens n’ayant jamais trop quitté leur pré, eux, sont partis pour de bon.

 

A présent, ils se confondent dans mon esprit, ces lieux lus et ces lieux visités, formant ensemble comme des espace indéterminés, qui dans ma mémoire, qui dans mon imaginaire, et différents des lieux dont j’ai perdu le rêve pour les avoir vraiment habités, et marqués de toute ma lourdeur, du sceau du toujours décevant Réel.

00:34 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : saumur, tours, venise, wien, lieux, littérature, habitat | | |

Commentaires

Les deux seules villes qui ont ressemblé à mes rêves sont Florence et Chicago. Là-bas, le réel rejoint la légende, quand même...

Écrit par : Sophie K. | mercredi, 29 janvier 2014

"Décevant Réel", il n'y a certes pas de meilleure formule!

Écrit par : Sarah S. | mercredi, 29 janvier 2014

C'est qu'il faut marcher sur les feuilles mortes à Combourg avant de lire Chateaubriand,débarquer à Vienne sans connaître Freud,se promener à Tanger sans avoir lu Bowles, puis revenir, en vrai ou en pensées, comme à Lutèce ou sur les bords de la Loire ou à Quimper, à Delphes,à Venise avec l'affreux Musset !à Paris avec Henry Miller, avec Georges Brassens, à Bobino avec Barbara....etc. J'embrasse le Réel, et vous, Roland !

Écrit par : Sophie | mercredi, 29 janvier 2014

Un très beau texte, Solko. Dont certains passages marquent au fer rouge.

Écrit par : Michèle | jeudi, 30 janvier 2014

Pour ce qui me concerne, que je visite une ville, que je voie un spectacle et tout ce genre de choses, je m'efforce de faire abstraction des personnalités qui y vinrent sauf si elles font partie intrinsèque et essentielle du lieu et de l'histoire, je me fous de savoir si tel personnage posa son cul à telle terrasse de café....J'essaie de vivre ma propre aventure, si modeste, médiocre soit elle.
c'est peut être pour cela que je n'ai , jamais, voulu être publié tant le magistère des Sartre m'indisposait....

Écrit par : patrick verroust | jeudi, 30 janvier 2014

« Les idées fictives naissent des erreurs suscitées par les apparences. Ces idées sont donc le réel puisque les apparences ne sont pas des idées".

(soûtra de l'entrée à lanka, albin michel, collection trésors du bouddhisme, traduction patrick carré)

Écrit par : gmc | samedi, 01 février 2014

Les commentaires sont fermés.