lundi, 03 décembre 2012
Les passagers du pont
C’est à la fois court et long, une existence. Régulièrement, tout s’y dérobe. On ne peut y demeurer vif sans les ponts. Eux seuls permettent le passage d’un âge à l’autre, sans faillir à la vue du précipice qui se prolonge.
Passer le pont, c’est durer. Activité banale et simple, que tout un chacun traduit chaque matin en lançant, l’esprit embrumé, des « ça va ? » à la cantonade.
Au début de son voyage, l’homme croit volontiers que le pont n’est pas le but en soi. Il s’imagine qu’en en passant quelques-uns, il atteindra toutes sortes de destinations, par ci, par là, qu’importe. Il sera quelque part. Là où conduisent ces foutus ponts doit bien avoir un foutu nom.
Au centre de sa vie, il comprend que les seuls lieux qui donnent sens à sa route sont les ponts eux-mêmes. Sur quelque pont qu’il s’achemine, ce sera toujours le pont du doute. Il creuse alors ses premières rides. Et prend ses premières précautions.
Tenir bon. Quelle que soit sa ténacité, un pont plus retors à passer rompra un jour ses planches sous le fil de ses pas. Ce bel équilibre de vivre dont il ne doute plus faillira à son tour.
Lequel et pourquoi ?
Questions trop ardues, pour de simples passagers de ponts.
00:05 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie |
Commentaires
Au delà de chaque instant se prépare un nouvel au delà jusqu'à l'au delà définitif, celui que nul n'a jamais connu. Le pont est la symbolique de la passerelle qui relie un instant à l'autre. Le chemin est semé d'embuches ou de félicités, il est étranger au présent mais peut être ,d'aventure, amical. Chacun a son pont -Euxin particulier. Les religions exploitent les vertiges des doutes existentielles en bâtissant d'illusoires ponts tocsins . Les cloches me donnent le bourdon en général mais j'apprécie les cloches des marins voguant sur les mers et les appels des cornes de brume. La vie passe, sans crier gare, et quelque soit la voie, il n'y aura pas de passage à nouveau....
Écrit par : patrick verroust | lundi, 03 décembre 2012
J'aime votre texte Solko. Infiniment.
Écrit par : Michèle | mercredi, 19 décembre 2012
Les commentaires sont fermés.