samedi, 18 décembre 2010
Une histoire de gros sous et de petits bouts de bois
Couleur du temps : Il y a, dans le monde qui existe lorsque je sors de chez moi, quelqu’un qui est capable de débourser 87.468 dollars pour acquérir un cercueil en bois de pin. Voilà qui laisse songeur. Nate D. Sanders, la maison d’enchères qui a réalisé cette vente, a refusé de communiquer le nom de l’acquéreur.
Le cercueil avait abrité l’assassin de JFK, Lee Harvey Oswald.
C’est en quelque sorte le cercueil d’un assassin de VIP, et donc un cercueil VIP soi-même puisque assassiner un président des USA fait instantanément de vous un VIP dans le monde actuel.
Je me demande combien Lee Harvey Oswald aurait négocié la vente de ses mémoires s’il n’avait été dézingué par Jack Ruby en novembre 63. Des mémoires qui auraient été forcément bidonnés, on l’imagine. Mais qu’importe.
Faute de mémoires en bonne et due forme, donc, le cercueil. 87.468 dollars : cela signifie que non seulement quelqu'un l'a, au final, emporté pour cette somme là, mais qu'il y a eu une lutte, un combat, que plusieurs se sont battus pour posséder de simples bouts de bois ayant abrité un jour le corps en putréfaction de l'assassin d'un président. Shakespearien au possible ! On peut imaginer à souhait, devant des bouts de planches moisies, la relativité des grandeurs de ce monde et tout le dérisoire des actions humaines, et comme on s’entre-tue dans la Cour des Grands. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, regardez bien la photo ci-dessous : Vous avez sous les yeux, pour méditer sur votre triste condition de consommateur, mieux encore que, pour méditer sur celle de mortel, le crâne de Yorick : un cadavre d'assassin de président sans domicile fixe.
La veuve d’Oswald, une dénommée Marina, avait, après un test ADN effectué en 1981 ré-inhumé le corps de son époux dans un nouveau cercueil et celui-ci, conservé par l’entreprise de Pompes Funèbres qui avait pris en charge le second enterrement, vient donc de remporter cette espèce de record, bien qu’il soit, d’après le site internet du Dallas News, en très mauvais état.
Moi qui possède un œil de collectionneur toujours aux aguets, je me demande si je ne vais pas commencer une collection.
Le cercueil de Claude François, celui de Diana, et, pour intellectualiser un peu la chose, celui de Michel Foucault, tiens, ce serait un joli commencement...
17:56 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : lee oswald, société, actualité, dallas, vente aux enchères |
Commentaires
Écrit par : Natacha S. | samedi, 18 décembre 2010
Écrit par : solko | samedi, 18 décembre 2010
Écrit par : Frasby | dimanche, 19 décembre 2010
Il faudrait un volontaire pour ouvrir un magasin.
Écrit par : solko | dimanche, 19 décembre 2010
Solko, je pense que c'est une collection de portefeuilles vidés pour raison démesurément pitoyable qu'il faudrait initier ! Aie, là, je sens que j'ouvre une porte...
Écrit par : thomas p | dimanche, 19 décembre 2010
Ah bonjour Thomas. Une affaire de planches, même disjointes, ça ne pouvait que vous faire sortir du bois...Le cercueil est bien, vous m'y faites penser, une sorte de porte.
C'est vrai que le mot "celui-ci" à la 3ème ligne du dernier § est très ambigu car on dirait en effet qu'on a vendu le second cercueil alors que c'est bien du premier qu'il s'agit. Les perspectives insensées sont donc bien présentes (Lee Oswald le retour ?), porte ouverte à un écrivain de science-fiction.
Le portefeuille dont vous parlez étant un autre genre de cercueil, pour fortunes défuntes, une collection de portefeuilles, pourquoi pas ? Il faut demander conseil auprès des Eric Woerth et autre Pierre Bergé.
Écrit par : solko | lundi, 20 décembre 2010
"La veuve d’Oswald, une dénommée Marina, avait, après un test ADN effectué en 1981 ré-inhumé le corps de son époux dans un nouveau cercueil et celui-ci, conservé par l’entreprise de Pompes Funèbres qui avait pris en charge le second enterrement, vient donc, etc."
C'est étrange, parce que un "celui-là" plus juste grammaticalement eût peut-être fonctionné dans l'autre sens.
Ce billet me laissant estourbie, je n'avais pas fait de commentaire, le ton que vous avez adopté (dont je suis incapable) restant seul supportable.
Écrit par : Michèle | lundi, 20 décembre 2010
Une maison d'enchères (virtuelles) ma chère.
Écrit par : Michèle | lundi, 20 décembre 2010
Il se peut qu'elle puisse intéresser la littérature, je ne sais encore comment. Mais entre le président des Etats Unis et ce commerce de planches pourries, ce tabou qu'est la mort et cet interdit qu'est le crime, quand s'y mêlent l'argent, le virtuel... Voilà qui fait beaucoup de sèmes diraient un sémioticien...
Écrit par : solko | lundi, 20 décembre 2010
Écrit par : thomas p | lundi, 20 décembre 2010
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