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mardi, 27 juillet 2010

La Table de Claude (11)

C'est toujours un été que les enfants commencent à fumer. Un été, quand la lumière est trop vive : la mémoire des hommes n’aborde plus les monuments, il leur faut commencer à frimer. Certes,  le travail de l’écrivain pourrait se contraindre à ignorer celui des saisons. Mais il ne serait pas mortel. Qu'aurait-il à nous avouer ?

Je fus enfant, c'est bien fini et un de ces jours je serai mort. L’été, il faut trop tard attendre ce peu de fraîcheur qui trop souvent ne survient que par miettes sur la peau moite, comme si la vanité du jour futile faisait de lui un dérobeur insurmontable, et de soi un piètre idiot. Chaque pierre d'un temple, que rembrunirait la pluie  afin de rendre au regard qui se poserait sur lui sa profondeur, chaque pierre se dérobe au monument, et la pluie, chienne, se cabre : comment même songer à l'insolence d'un ailleurs-souvenir ? L’épaisse chaleur ne convient pas à l’humidité de la langue. 

N'allons pas nous imaginer cependant que ce vide de l’esprit ait la carrure du silence. Car au bout du silence hivernal rôde toujours un spectre bienveillant, telle la lueur, au seuil de l'écrin répandue.

Ici, rien.

Seule cette promesse du sec instant, sans fondation aucune. L’été, la table de Claude se maintient à l’état d’une pure et presque brutale énigme, qui sue.

stlouis,missouri1910.jpg

02:24 Publié dans La table de Claude | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature, été | | |

Commentaires

Comment dire ? Vous avez réchauffé le tabac froid, Solko. Aussi bien, je loue votre prouesse, et une prouesse somptueuse qui, me semble-t-il, a réussi un tour de force : celui de demander aux volutes de suspendre leur vole ascensionnel - les cieux sont si voraces !

Voyez-vous, je crois que l'on court tous après notre enfance, et que l'on crève de ça.

Enfin bref, merci.

Écrit par : Chr. Borhen | mardi, 27 juillet 2010

Mais quand l'enfance a été saccagée, on court aussi, non pour la retrouver, mais toujours s'en enfuir...

Écrit par : Natacha S. | mercredi, 28 juillet 2010

@ Natacha S. : oui, vous avez raison. Par conséquent, j'ajoute l'adverbe "presque" avant "tous" dans mon commentaire. Merci.

Écrit par : Chr. Borhen | mercredi, 28 juillet 2010

L'enfance, quelle qu'elle ait été, reste toujours un motif d'écriture. Innombrables, les récits d'enfance, publiés ou non. Là se trouve dans tous les cas le creuset des premières fois, des pires comme des meilleures.

Écrit par : solko | jeudi, 29 juillet 2010

On mange bien chez Claude.
L'enfance, la jeunesse partie - souvent dans pas grand chose -, entre autres. Sans doute.

A bientôt Solko, et très bon mois d'Août loin d'internet.

Tanguy

Écrit par : Tanguy | dimanche, 01 août 2010

Ce week end,au coin de chez moi, il y a une dégustation de vins avec des amis et tous mes petits enfants seront la, vous etes le bienvenue.

A bientot

Écrit par : Voyageuse | vendredi, 13 août 2010

C'est une table exigente est belle que celle de Claude. Merci Solko pour ce n°11 que j'ai lu à plusieurs reprises.
L'enfance reste le temps des premiers éprouvés et de la coloration de notre énigme à l'intime de l'intime. Comment ne pas la retrouver chaque fois? Et ce sont joies et douleurs, parfois un vide aussi duquel nous accrochons les bords et l'écriture en est un chemin privilégié.

Écrit par : Marie-Hélène | samedi, 14 août 2010

C'est une table exigeante et belle que celle de Claude. (Je corrige, et cela me permet de le dire à nouveau!).

Écrit par : Marie-Hélène | samedi, 14 août 2010

Les commentaires sont fermés.