lundi, 25 janvier 2010
A dormir pour dormir
Aux dernières nouvelles, les Français, qui furent 53 % à voter pour Sarkozy en mai 2007 ne seraient plus que 38 % à être satisfaits de son action en janvier 2010. Où sont passés tous les autres ? Eh bien, ils ont appris à se contenter désormais de son ombre, semble-t-il, puisque (toujours selon le même sondage) c’est François Fillon qui recueille à présent 53 % de satisfaits pour son action à Matignon. Ce qui doit faire de lui l’un des Premiers Ministres les plus populaires de la Cinquième, après plus de deux ans et demi passés à ce poste qu'on dit pourtant à haut risque.
Comme quoi les Français apprécient toujours autant les fils de notaires provinciaux, discrets et bien vêtus, à qui on confierait son patrimoine et la virginité de sa fille sans confession. Il faut avouer qu’ils ont eu le temps de s’habituer à sa gueule de gendre idéal, pas aussi inactif, il faut le souligner, que son emploi de majordome du grand petit Nicolas le laisse supposer. Se souvient-on qu’il fit même partie des hyperactifs du gouvernement Raffarin, lors de la réforme des retraites de 2003 (laquelle, d’ailleurs porte son nom) en tant que ministre du Travail, des Affaires Sociales et de la Solidarité ?
En un autre siècle, François Fillon appela à voter non à Maastricht, au nom du « gaullisme debout ». Fichtre ! Puis il se rangea dans le camp du oui au référendum sur le traité constitutionnel de 2005, au nom du réalisme partisan. Refichtre ! Comme tous ses collègues de gauche ou de droite, le sieur dû avaler le nombre certain de couleuvres nécessaire à l’accession à la responsabilité. La « grandeur de la France » se mesurant à présent à la taille de ses deux principaux dirigeants, si Matignon ressemble à présent à une sous-préfecture, ce n’est pas parce que l’Elysée serait tout puissant, mais bien parce que l’Elysée n’est plus lui-même qu’une préfecture.
Ce soir, justement, une dizaine de sondés sont invités par TF1 à discutailler des problèmes de leur vie quotidienne avec le fade préfet de l’Elysée dans une émission au titre ridicule, « Parole de Français ». Quel présupposé loufoque est à l'origine du choix d'un pareil titre? La France sarkozienne, il semble qu’il suffise au fond de s’adresser à son préfetsident, pour en être membre à part entière ! C’est peut-être même cela, être Français aujourd’hui, de cœur, d’identité, de souche et de parole : pouvoir docilement poser sa question à Sarkozy entre deux matons de TF1, pendant que la famille entière enregistre le passage à la télé. Et peu importe ce qu'on dit. Et qui on est. Et d’où on vient. Pourvu qu'on fasse partie du show politicien. Dégoût.
Ce sera donc, sans aucun doute, un privilège sans pareil que d’écouter ce président et ses multiples faire-valoir de toute sorte parler français comme on entend qu’ils le parlent tous désormais. Un privilège et un plaisir, en un mot un spectacle à la hauteur de ce que nous sommes devenus. Mauvais citoyen que je suis, ce spectacle, je le laisserai avec délectation au reste de la nation. A dormir pour dormir, il se peut que, ce soir, je préfère dormir pour de bon.
07:12 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : société, actualité |
Commentaires
Ah, me trouver gtand, rien qu'un soir, en serrant la main du petit Nicolas...
Écrit par : Feuilly | lundi, 25 janvier 2010
Ce soir, comme tous les soirs d'ailleurs, la télé restera éteinte et ce sera très bien ainsi.
Je préférerai à la sombre lucarne, le pâle mais si bel écran des livres.
Écrit par : Zabou | lundi, 25 janvier 2010
Il y a beau temps que j'ai laissé la télé, cet instrument de décervelage, au rancard pour ne pas tire à la décharge, où je m'en suis débarrassé un certain jour de 93... Hors fier au soir, me trouvant dans une brasserie, j'eus droit au reality-show que vous évoquez, qui me fit penser, allez savoir pourquoi au tableau de Géricault, le " Radeau de la Méduse", sauf que là, dans un décor de chiots de supermarché, le Grand Timonier était présent parmi les naufragés. Tout ça sentait l'arnaque, évidemment, le composé, le travaillé, le trafiqué. Du bla-bla-bla, ni plus ni moins entre gens qui s'en foutent plein les fouilles et plus ou moins pauvres types pour meubler la scène. Il n'y a rien à dire sur le contenu, rien à retenir, il ne s'est rien passé. Un vide sidéral qui nous porte allez savoir où, vers des profondeurs qu'on n'imagine pas !
Écrit par : agaric | mardi, 26 janvier 2010
@ Feuilly : Voilà qui me rappelle "Jackie", la chanson de Brel. J'ai tenu parole et me suis couché à 20h3O hier soir.
@ Agaric : Dans une brasserie ? Toile de fond présidentielle. Discours d'ascenseur... Du vent, en effet.
Écrit par : solko | mardi, 26 janvier 2010
Sur une chaîne concurrente, il y avait Star Wars. Que la Force soit avec toi, chevalier Jedi.
Écrit par : pier paolo | jeudi, 28 janvier 2010
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