jeudi, 03 septembre 2009
Nous rentrons
On parle de rentrée un peu partout, on parle de la Rentrée, comme si un grand corps indéterminé composé d’une multitude de cellules plus ou moins interchangeables avait regagné depuis peu ses bancs, ses classes, ses bureaux, accomplissant un acte quasi liturgique commandé par un calendrier auquel nous sommes désormais tous rodés.
Ce singulier, encore un effet linguistique de notre façon aveugle et conditionnée d’appréhender le monde. Les journaux ne disent jamais le réel.
Car la rentrée, cela n’existe pas.
En revanche, il y a des rentrées.
Une multitude de rentrées. Un sacré paquet.
Autant de rentrées qu’il y a d’individus. C’est dire.
Hier, j’ai «fait » (abus, partout, du verbe faire : faire un tour, faire la cuisine, faire l’amour, faire des manières, faire la cour, faire semblant, faire peur, faire le ménage, faire la gueule, faire des courses, faire des crasses, faire un cours, faire la rentrée…) mon premier cours de la « nouvelle » année.
Curieuse sensation.
Hésitation entre deux impressions :
La première, comme si monsieur Toto, professeur, qui l’avait mise en veilleuse (sa langue) pendant quelques semaines, la laissait soudain tel un organe indépendant, se remettre en route, et refaire son cirque. Pilotage automatique qui effacerait d’un trait les vacances et leur bénéfice, dans le décor à la fois neutre et si connoté d’une salle de cours… On reprend.
La seconde, comme si cette année était bien une nouvelle année. Dans une situation où la parole est à ce point instrumentalisée, la parole a-t-elle une chance d’être, ne serait-ce qu’un tout petit peu, neuve ? Ne pas rentrer, renaître, dirait Novarina, expert en matière de théâtre de paroles… ou, sans lyrisme excessif, entrer en cours, commencer.
Plus difficile.
Plus souhaitable aussi.
Ce qui est vrai de la parole du professeur l’est aussi de l’écoute des étudiants. Comment écoutent-ils ?
Je le dis souvent, il n’y a pas de bons profs, il n’y a pas de bons élèves, il n’y a que de bonnes rencontres.
Mais c’est de plus en plus difficile, justement, de se rencontrer, dans le magma sociétal où périssent les individus.
Hier, avec le soleil déclinant, je me suis laissé glisser dans le sommeil, comme un enfant. Comme pour rompre avec cette idée de Rentrée qui m'entoure. Ce matin, le jour m’a réveillé.
Individualisme absolu.
Ma façon de rentrer.
09:00 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : valère novarina, littérature, rentrée des classes, politique, société, individualisme |
Commentaires
Écrit par : Nénette | jeudi, 03 septembre 2009
La question telle qu'elle est posée là, si elle ne se pose pas dans notre vie personnelle (qui intègre bien évidemment cette vie avec les blogues que l'on tient et pour moi qui n'en tiens pas, avec ceux que je choisis de fréquenter), cela signifie, je l'espère, que nous trouvons, que je trouve, chaque jour le moyen d'écouter et de parler vrai.
Écrit par : Michèle | jeudi, 03 septembre 2009
Écrit par : Sophie L.L | jeudi, 03 septembre 2009
Écrit par : Rodrigue | jeudi, 03 septembre 2009
La littérature était-elle sortie ?
Où ? Quand ? Comment ? pourquoi ? Avec qui ? Dans quelle direction ? Sur quel cheval ? A quelle vitesse ? Pour combien de temps ? Était-elle, bien couverte au moins ?
Pauvres mots, galvaudés comme les plages du mois d'août sur lesquelles on vautre ses endormissements digestifs et réduits à l'état de galets roulant sous toutes les formes, tous les arguments, au gré d'un seul vent : la bêtise !
Si le langage est la conscience parlée, nous en avons assez dit alors sur la conscience !
Faire l'amour....Ouais...sans défaire le lit, alors...C'est sans doute ce que ça veut précisément signifier.
Amitié
Écrit par : Bertrand | jeudi, 03 septembre 2009
Écrit par : solko | vendredi, 04 septembre 2009
Écrit par : solko | vendredi, 04 septembre 2009
Écrit par : solko | vendredi, 04 septembre 2009
... ?
Écrit par : solko | vendredi, 04 septembre 2009
Écrit par : solko | vendredi, 04 septembre 2009
PS: Bonjour particulier à Michèle qui n'a pas de blogue (ah bon? ah ah...) Parodiant Tchekhov (merci Henri Automne pour la citation): "Il y a pire que de ne pas avoir de blogue, c’est de ne pas savoir cacher qu’on en a un."*)
* La citation d'origine en exergue d'une ébauche manuscrite envoyée par un ami:
« Il y a pire que de ne pas savoir écrire de nouvelles, c’est de ne pas savoir cacher qu’on en écrit. » Tchekhov
Bon ce n'est pas pour briller mais parce que je trouvais ça amusant.
Écrit par : tanguy | vendredi, 04 septembre 2009
Le temps, sur l'agglomération lyonnaise s'y prête bien
Écrit par : S.Jobert | vendredi, 04 septembre 2009
???
Écrit par : Michèle | samedi, 05 septembre 2009
Oh pardon je me rends compte que cela pouvait être mal compris. Vous sembliez vous excuser de n'avoir pas de blogue, j'ironisais sur le fait qu'il vaudrait presque mieux s'excuser d'en avoir un.
L'essentiel était au début du commentaire: "Bonjour Michèle, et très bonne rentrée!"
Écrit par : tanguy | dimanche, 06 septembre 2009
Écrit par : Michèle | dimanche, 06 septembre 2009
C'est la particularité de notre métier, de recommencer complètement, de repartir à zéro, ce qu'on ne retrouve dans aucun autre métier, d'où son intérêt.
Chaque fois cette page blanche qu'on va écrire, ces attentes et ces espoirs.
Les rites et les rythmes de la vie d'une école c'est peut-être quand on les a quittés qu'on se rend compte de leur importance.
Bonne année donc.
Écrit par : Rosa | mardi, 08 septembre 2009
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