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mercredi, 01 avril 2009

Avec un cri sauvage

Vous aimez vous, les gens qui font des farces un premier avril ? Ils sont un peu comme ceux qui font des cadeaux à Noël, hein, ou qui éteignent leur chez-soi quand tout le monde le fait à l’heure du passage à l’heure d’été, « pour la planète », comme ils disent. Bref. Cette habitude de se comporter en troupeau, après tout, rien ni personne ne nous y contraint et donc, pas de farces sur Solko aujourd’hui.  Pas de farces. Mais comme le premier avril est malgré tout un petit événement, j’invite tous les visiteurs à le saluer en se recueillant pieusement  la croisée de ces quatre chemins  orientés en direction de ces quatre points bloguesques & cardinaux que voici, vers lesquels très souvent j’aime à me lancer. Et pour commencer, le Vaste Blogue du sieur Tanguy, à qui sont dédiées avec beaucoup de reconnaissance ces quelques lignes du caustique, fort nuancé et si délicat Alexandre Vialatte : « Il pleut, il neige, il fait soleil, l’agneau bondit à côté de sa mère, la poule pond déjà des œufs de pâques, les épinards sont magnifiques ; c’est le mois d’avril. Il surexcite l’esprit humain.  C’est en avril que l’homme inventa La Marseillaise, le pôle Nord, le système métrique, l’hélicoptère et la Légion d’honneur. Le merle et le corbeau couvent leurs œufs verts. Jamais les prés n’ont entendu tant de chants d’oiseaux : l’aigle glatit, l’alouette turlute, le merle siffle et le pinson lance des fanfares, l’auvergnat appelle d’une voix rauque, le coucou coucoule et le ramier roucoule au loin. » (1) Un autre avril, bien plus ancien dans le siècle, et comme flottant en apnée au-dessus de tous les autres (à tel point qu’il n’est pas daté) est celui des Petits poèmes en prose de Léon Bloy.  Je ne peux le dédier, celui-ci, qu’à l’un de ces esprits que j’ai rencontré par sa grâce (celle de Léon), par la vertu incomparable de la jouissive et spirituelle copie, j’ai cité Monsieur Pascal Adam de Theatrum Mundi :  « C’est le mois de Pâques, le mois des arbres en fleurs, le mois des renoncules et des pamoisons de l’adolescence.  Autrefois, il y a trente ou quarante ans, je me roulais sur l’herbe tendre en bramant vers l’Infini. Depuis, je n’ai rien trouvé dans le plat monde extérieur qui valût cela. Le Mont-Blanc m’a paru un trou et je me suis dégoûté des océans que tout imbécile peut franchir. Le Paradis Terrestre, l’Eden perdu, dont la récupération est l’effort de tout être humain, je ne puis le concevoir autrement qu’ainsi : une prairie de l’Annonciation pleine de pissenlits et de boutons d’or, sous de très humbles pommiers qui ressemblent à des confesseurs, et dont les rameaux chargés de calice ont l’air de baiser la terre ».(2)

Un troisième avril, situationniste, celui-ci, fut celui de 1951 ; à l’occasion du 4ème festival international du film à Cannes, Guy Ernest Debord taguait les murs de la ville du nom d’Isidore Isou, le réalisateur du Traité de bave et d’éternité présenté hors programme et soutenu par Jean Cocteau. Voici donc un extrait d’une lettre de Guy Debord de ce mois d’avril-là, dédié évidemment – comment pourrait-il en être autrement - à la dame agile et toujours décalée de Certains Jours, aussi intriguée par le nouveau monde que non-oublieuse de l’ancien, j’ai nommé Frasby  : « J’ai appris qu’Isidore Isou bataillait pour faire passer un film lettriste (durée de projection : 5heures) qui doit révolutionner le cinéma, et que le Festival refuse. Il s’intitule : Traité de bave et d’éternité. Isou en a été réduit à faire appel à Maurois. Il y a quelque espoir.  Hier au soir, Fillon et moi sommes repassés à l’offensive – avec de la chaux – inscrivant ISOU en de nombreux points de la ville et sur quatre bancs de la Croisette ». Albert Thibaudet (vous me voyez venir ?) signe ses articles pour la NRF le 1er de chaque mois. Il est donc relativement aisé de repérer ceux du 1er avril dans le gros volume in quarto dans lequel il réside. A la dame dont les mots sont tombés de l’éventail, et  elle seule, je ne peux que dédier – car c’est justice - ces quelques considérations d’Albert sur le style, datée du 1er avril 1923, et tirées d’une réflexion sur Renan et Taine: « Mais un homme comme Renan n’est pas seulement attaché à son temps. Il faut aussi qu’il se détache sur son temps et qu’il se détache de son temps. L’originalité de l’homme, la valeur unique de l’artiste sont à ce prix. Cette originalité et cette valeur, elles se définissent  par le style. Style personnel, cela constitue presque un pléonasme ; là où il n’y a pas personnalité irréductible  un temps et, par un certain côté, étrangère à un temps, il n’y a pas de style. »

Il se trouve que depuis le début de l’année (scolaire s’entend), de ces quatre points, bloguesques et cardinaux comme en leur direction, Vaste Blogue, Theatrum Mundi, Certains Jours, Tombés de l’éventail, un vent amical et complice a souvent soufflé. Mais comment cette chronique sans évoquer les cochons mélomanes et devins de l’ami Porky qui, du fond de son tiroir, obstinément,  revisite les opéras du temps jadis, les éclats de dire, coups de gueule et critiques théâtrales de Simone Alexandre, le lointain exil polonais des mots toujours justes de Bertrand Redonnet, les poèmes à la fixité vertigineuse de GMC, les billets à rebrousse poil de Lephauste sur Humeur Noirte, les analyses  généreuses de Feuilly sur Marche Romane et les voyages historiques de Marcel Rivière dans les rues de Lyon. Bon je sens que si je continue, ça va finir par faire soirée protocolaire et on va croire pour le coup que c’est un poisson d’avril.  Je n’oublie pas non plus Zabou, Rosa, la Zélie, Michèle Pambrun, tous ceux, toutes celles dont les commentaires tissent des liens, nouveaux ou anciens, réguliers, passagers ou épisodiques, Le Photon, Marc, Christophe, Antoine, Nénette… A tous je souhaite donc bonne pêche, bonne friture…  Et bonne lecture par tous les chemins croisés qu’avril sèmera à foisons.

21:46 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : tadeusz kantor, théâtre, dada, kurt schwitters | | |

Commentaires

Il ne faut pas mélanger: la communication et les moyens de communication.

Dans notre époque, il y a beaucoup de moyens et de moins en moins de vrai communication.

Je me souviens : des dimanches après-midi où les gens se réunissaient, certains lisaient, d'autres discutaient, d'autres écoutaient; des veillées( j'en ai fait plein en colonie de vacances) où on chantait, racontait la journée,contait des histoires, des jeux etc...; des après-midi où nous ,les gamins du quartier,nous discutions pour la distribution des rôles dans le jeu qui durait des fois plusieurs semaines.

Solko, il y a beaucoup de gens qui ont une vie silencieuse mais entourée de bruits et ça leur suffit.

Écrit par : La Zélie | jeudi, 02 avril 2009

Schwitters (mon idole) Kantor (ah la la) une petite résonance Cendrars (vinzou!) un billet magnifique et votre titre (alors là, je suis muette ;-)

Un petit reproche cependant = manque cruellement LE SON à votre titre.
`
Je vous souhaite une excellente nuit.

Écrit par : frasby | vendredi, 03 avril 2009

Quel joli premier avril vous nous faites.

J'ai commencé à me promener sur ce chemin de blog quand je vous ai découvert et c'est très très ...!!je ne sais le qualifier.

Je visite Porky dans ces jours.

Comme je ne sais pas bien m'exprimer , comme ma pensée est bien plus rapide que mes doigts sur le clavier, j'en profite pour leur dire merci à tous ici.

Bonne journée

Écrit par : La Zélie | vendredi, 03 avril 2009

Quelle belle pêche miraculeuse vous nous ramenez ici ! Merci pour ces si beaux poissons pas simplement d'avril !

Écrit par : Zabou | vendredi, 03 avril 2009

Merci pour l'allusion, Solko, et aussi pour Guy Debord...
" Ceci n'est pas une image juste, c'est juste une image"
Critique situ du cinéma..
A plus

Écrit par : B. Redonnet | vendredi, 03 avril 2009

Ben dis donc ! quelle pêche ! je reviens par tous ces chemins figurez vous (vous nous faites une carte du tendre on dirait ?)
Je voulais vous remercier pour la dédicace à Debord , c'est un sacré cadeau. (c'est hénaurme) vraiment touchant. Solko, Vous êtes un père Noël pour nous, et tous les domaines (je ne cite pas le mien) que vous nommez, sont effectivement de beaux points lumineux sur la blogo .
Si je savais où vous habitiez, aujourd'hui, au lieu de vous accrocher un ridicule poisson dans le dos, j'irai planter un arbre devant votre maison. (un tout petit, hein !)
Je suis sûre qu'au fil des ans entre vos délicates attentions, et les mains vertes d'Alceste, il deviendrait majestueux...
Je vous souhaite une journée radieuse.

Écrit par : Frasby | vendredi, 03 avril 2009

Merci Solko

Écrit par : Nénette | vendredi, 03 avril 2009

J'ai rêvé de vous cette nuit ; je me promenais en fiacre sur votre blog avec Léon bloy à mes côté et on croise Béraud (avec son I.Pod) qui sortait de la cloche, Béraud il grimpe sur le blog, nous dit, "puisqu'on est dans le blog de Solko ,je vais vous montrer un truc très marrant",nous vlà tous les 3 dans le fiacre et pis on traverse les jours sur un tapis liasses de voltaires psychédéliques et là Béraud y dit au postillon "c'est là, arrêtez vous !", on se retrouve dans le premier Avril et pis Béraud y dit à Léon Bloy "Dis moi Léon ? tu vois le titre du billet? tu lis quoi ? Alors Léon y r'garde Béraud pas content (furieux même) pis il empoigne Béraud par le col il crie, il hurle il vocifère
"Henri ! tu me prends pour un gros con ou quoi ? je lis "AVEC UN CRI SAUVAGE" j'sais lire quand même, bigre de rat !" Béraud sourit et me regarde, (tendrement ;-) -et toi Brysfa ? tu lis quoi, toi ? alors, moi et ben euh (je me sentais toute bête) ... je regarde l'enseigne pis je dis à Béraud sans hésiter, "moi je lis :"CECI N'EST PAS UN 1er AVRIL". Et là BERAUD il nous regarde très fier et il nous dit: "quand je vous disais que je voulais vous montrer un truc très
marrant !" là je me suis réveillée et depuis, je vous avoue, solko que ça ne tourne plus très rond dans ma petite tête... et surtout mes liens vous comprenez ? Je n'ai plus de liens ! Allo ? Solko ici la terre ! Pourriez vous me dire ? où est la vérité Solko ? Vous qui savez...Où puis je trouver la vérité ?

Écrit par : Brysfa | vendredi, 10 avril 2009

@ Frasby : Vous êtes avec Béraud, & moi aussi car je prépare cette "conférence". En fait il y a eu un bug et depuis le blog est hanté. Le blog est tenté, vous dis-je. Ou en T a rajouté le professeur Tanguy/ Du coup ( mais je crois que c'est expliqué dans un billet "de troublants trous blancs), le texte du premier avril est passé sous le titre "Avec un cri sauvage".
Voilà.
Il ne faut surtout pas qu'Henri et Léon se toufe rus al legueu ropu ça !

Écrit par : solko | vendredi, 10 avril 2009

Toutes chanbles ? nos nuits avec Beraud ... c'est encore assez antrège ça...
Si je vous ai raconté mon rêve c'est bien parce qu'en lisant "de troublants trous blancs" à l'équope de sa torsie (dont il me semble avoir compris le thème;-) Je n'avais pas, suite à ma lecture remarqué la doimre amonalie chez moi...tout éto beni beni et je me demandais de mon ordi-nanti, rimaceulusement éprégna, pourquoi tous ces gens et vous mêmes se plaignaient de trous blancs pour rien. rien chez moi . Sinon qu'il n'y avait pas de premier avril chez moi et c'était écrit noir sur blanc le jour même où toute la naplète etendiat un" crage sauvi "... Ainsi seria je mictive de calimieux bloutrancs redartadiares ? qui auraient crapiqué à broures le craspotiniatot du bloutranc ? Ne voutrez vous pas ça bazir en révité ?

ps : ne vous intiéquez pas, Rubade et Byol se sont toufus rus al
legueu, mais ce t'énait que dans mon vêre ...
Nonne roujène à vuso et bonne parpétarion de froncénerce, (resa -ce Hiren Rubade en charmillon ?)

Écrit par : frasby | vendredi, 10 avril 2009

@ Frasby : Si je pouvais, je la ferais bien en charmillon. Mais vous imaginez l'effet ? Comme dit Tanguy, à haute fois, on ne ferait que rire, c'est insoutenable.

Écrit par : solko | samedi, 11 avril 2009

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